Elisabeth Borne confrontée à une 17ᵉ motion de censure

June 12, 2023
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Confrontée lundi 12 juin à une motion de censure dont l’adoption est peu probable, Elisabeth Borne va réaffirmer qu’il n’y a pas de majorité de rechange et s’efforcer de démontrer son utilité à Matignon, alors que les rumeurs de remaniement s’accélèrent.

Avec cette motion, la dix-septième en un an contre le gouvernement, déposée dans le prolongement de la bataille des retraites, « on verra s’il y a une majorité alternative au Parlement », a affirmé la première ministre dimanche sur France 3, en notant que « régulièrement une partie des oppositions nous amène à redémontrer qu’il n’a pas de majorité alternative ».

Au cours de cet entretien, Mme Borne n’a pas démenti qu’il puisse y avoir un changement d’équipe gouvernementale. « Ces questions s’évoquent avec le président de la République », a-t-elle dit. Elle espère avoir consolidé sa position à Matignon depuis son recours à l’article 49.3 en mars pour faire adopter la réforme des retraites, et une motion de censure passée dans la foulée à neuf voix de l’adoption.

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Possibilité d’un remaniement

Le président de Renaissance, Stéphane Séjourné, a convié des parlementaires de la majorité le 21 juin pour évoquer le « contexte politique », selon deux sources au sein du parti.

La députée socialiste Valérie Rabault défendra, à partir de 16 heures, cette nouvelle motion de censure de l’alliance de gauche Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes), riposte à l’échec, jeudi, d’une tentative d’abrogation de la retraite à 64 ans. La proposition de loi n’avait pu faire l’objet d’un vote à l’Assemblée nationale, ce qui signe un « coup de force antidémocratique », selon les tenants de la motion.

Mais faute du soutien de la droite, il est très peu probable que la censure soit votée, en ce jour anniversaire du premier tour des élections législatives il y a un an.

Pour le président de la commission des finances de l’Assemblée, Eric Coquerel (La France insoumise), il faut malgré tout « marquer le coup », des « lignes rouges » ayant été franchies, même si, « a priori, on aura un résultat un peu moins bon que la dernière fois », en mars.

« Ça sert à exprimer notre colère, notre réprobation à l’égard d’un gouvernement et d’un président de la République qui a utilisé le pire de la cinquième République (…) pour imposer une loi dont les Français ne veulent pas », a résumé sur France 2 lundi matin la députée « insoumise » Clémentine Autain.

Le camp présidentiel épingle une « forme de tragique de répétition ». « Il n’y a pas de majorité [pour voter la censure], ils le savent très bien (…) c’est un jeu de postures, un jeu de dupes », a raillé sur Public Sénat le député Renaissance Sylvain Maillard.

La donne a changé

Quand le gouvernement avait failli être renversé, le 20 mars, 19 députés Les Républicains sur 61 avaient alors voté pour une motion du groupe centriste LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer, territoires). La donne a changé, juge l’un d’eux, Aurélien Pradié, qui « ne pense pas » voter la motion lundi. « Elle est déconnectée du sujet, de la réforme des retraites. »

Dans son texte, la gauche relève que « le gouvernement et sa majorité ont à nouveau bafoué les droits du Parlement pour l’empêcher de se prononcer sur l’abrogation » du départ à la retraite à 64 ans.

La proposition d’abrogation avait entretenu la flamme de la contestation, malgré la promulgation de la réforme à la mi-avril. Mais elle a été jugée irrecevable jeudi et il n’y a pas eu de vote.

Les députés LIOT n’ont pas déposé de nouvelle motion de censure, « les conditions de succès » d’une telle initiative n’étant « pas réunies actuellement, notamment du fait de l’attitude d’une partie du groupe Les Républicains ».

Les députés Rassemblement national emmenés par Marine Le Pen voteront en revanche d’un bloc la motion Nupes, comme cela s’est déjà produit ces derniers mois : « Nous voulons que Mme Borne s’en aille avec sa réforme sous le bras. »

En retour, Aurore Bergé, cheffe de file du groupe Renaissance, brocarde « une alliance des contraires » qui veut faire tomber le gouvernement et « figer le pays ».

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde