Vous aimez Rohmer, vous aimerez Jullouville
Simon de La Brosse et Amanda Langlet dans « Pauline à la plage », d’Eric Rohmer (1982). PROD DB/KCS/AURIMAGES
A l’été 1982, Eric Rohmer réalise Pauline à la plage, premier de ses « films de plage », avant Le Rayon vert (1986) et Conte d’été (1996). Son amie Marie Binet possède une maison de famille à Jullouville, longue station balnéaire de la Manche, entre Granville et Le Mont-Saint-Michel. « Il a tout de suite aimé cette ambiance de vacances, très tranquille, avec les villas disséminées entre les pins, et surtout cette plage à perte de vue », explique celle qui fut son assistante sur le tournage. Sa demeure, avec son grand jardin et ses faux colombages, devient l’un des décors du film.
Sur la plage, Marion (Arielle Dombasle) entraîne sa jeune cousine Pauline (Amanda Langlet), 15 ans à peine. Elles rencontrent le véliplanchiste Pierre (Pascal Greggory) puis son ami Henri (Féodor Atkine), ethnologue qui transpire la virilité. Celui-ci les invite à dîner dans sa maison, à l’angle de l’avenue des Corsaires et de l’avenue des Dunes.
A « Jullou » (du nom d’Armand Jullou, inventeur de la station en 1882), on reconnaît les lieux, avec cette lumière vive et l’eau turquoise de la mer. Tout près de là, il y a la cale à bateaux où Henri rencontre Louisette (Rosette), la vendeuse de chouchous. Avec le jeune Sylvain (Simon de La Brosse), un « hexagone amoureux » se met en place – il serait problématique aujourd’hui d’y inclure deux adolescents. Quarante ans plus tard, le film est gorgé de cette tension érotique que les fameux dialogues rohmériens tentent de rationaliser : on cherche sa voie, et l’on veut aimer sans trop savoir comment.
La Manche en toile de fond
Ici, les avenues sont ensablées et l’eau est moins froide qu’en Bretagne. Longue de 5 kilomètres, s’étendant jusqu’aux communes voisines de Carolles et de Saint-Pair-sur-Mer, la plage est comme un plateau de théâtre ou de cinéma, avec la Manche en toile de fond. Y pénètrent les personnages au gré du scénario. « C’était un rêve de plage, se souvient Féodor Atkine, loin de la déchirure ou de la hargne de l’océan. »
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On apprécie Jullouville en marchant sur la promenade piétonne, où une plaque commémore le film. On admire cette villa jaune, la Tarasque, au style méditerranéen, construite en 1886. En retrait du front de mer, d’autres maisons remarquables se cachent dans les jardins. Elles ont le toit en croupe (doté de quatre versants et sans surface plate). Elles arborent lambrequins (telle une bande de dentelle le long du toit), arbalétriers (arches de colombages), vérandas et bow-windows. Presque toutes portent un nom : Roxane, Les Mimosas, Lily Cottage ou Les Diaboliques.
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Source: Le Monde