L’hydrogène blanc, nouvel eldorado pour la France ?

June 12, 2023
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La Lorraine est-elle assise sur un gisement énergétique géant ? C’est en tout cas l’espoir suscité par la découverte de deux chercheurs du CNRS, à Folschviller, en Moselle. Questions autour d’une nouvelle énergie renouvelable potentielle, en pleines interrogations sur des alternatives aux énergies fossiles pour assurer la transition énergétique et la préservation du climat.

► Quelle est la nature de la découverte en Lorraine ?

Philippe de Donato et Jacques Pironon, respectivement chercheur et directeur de recherche au CNRS (1), ont détecté la présence d’hydrogène blanc – aussi appelé « natif », ou « naturel » – au cours de leur exploration destinée à vérifier la présence de méthane dans les veines de charbon du bassin houiller. Cette exploration, menée depuis 2018 à la demande de la région Lorraine (2), leur a non seulement permis de confirmer la présence du méthane en question, mais aussi de mettre au jour l’existence d’hydrogène blanc dans un des puits du bassin minier lorrain, situé à Folschviller.

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Cette découverte inattendue a été réalisée grâce à une sonde inventée par les deux scientifiques pour explorer ce puits large de seulement 6 centimètres de diamètre, en plongeant au-delà de 1 000 mètres de profondeur, une gageure. Cette sonde fabriquée avec des composants entièrement miniaturisés est unique au monde.

C’est en descendant de plus en plus bas – 100 mètres, 600 mètres, puis 800 puis 1 100 mètres de profondeur – que les chercheurs ont découvert puis mesuré des quantités croissantes de cet hydrogène blanc : de seulement 1 % à 100 mètres jusqu’à 15 % environ à 1 100 mètres. Leurs simulations donnent à penser qu’à 3 000 mètres de profondeur, la présence de l’hydrogène pourrait monter au-delà de 90 %. Si un tel niveau de concentration se confirmait, il s’agirait alors d’un eldorado, selon les deux chercheurs : à terme, la réserve pourrait alors contenir 46 millions de tonnes d’hydrogène naturel, soit plus de 50 % de la production annuelle mondiale d’hydrogène aujourd’hui.

► L’hydrogène blanc, c’est quoi ?

Élément chimique le plus abondant de l’univers, l’hydrogène est, toutefois, rarement présent à l’état pur. Il faut donc l’isoler des autres éléments auxquels il est associé et à ce jour, cela nécessite le recours à des énergies fossiles dans 95 % des cas (et à 5 % via l’électricité), d’où son nom d’hydrogène gris car sa production émet des gaz à effet de serre.

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Invité de BFM Business vendredi 9 juin, le directeur général de Plastic Omnium, Laurent Favre, qui veut développer l’activité de son groupe dans l’hydrogène, a expliqué : « Contrairement à l’hydrogène vert ou gris que l’on produit et qui est l’hydrogène utilisé en grande quantité aujourd’hui, le blanc est présent naturellement sur la planète et il y en a beaucoup de disponible. Il est utilisable tel quel, c’est peut-être le pétrole de demain. » Voire mieux, car cet hydrogène blanc serait une énergie renouvelable, contrairement à l’or noir dont les réserves ne sont pas infinies. En outre, sa présence à l’état naturel fait de lui une source d’énergie, et non un vecteur d’énergie comme les autres formes d’hydrogène qui n’existent pas en tant que telles, par elles-mêmes.

► Quelles sont les perspectives ?

D’après France 3 Lorraine, le projet de recherche de Philippe de Donato et Jacques Pironon, qui devait initialement s’achever en décembre 2023 sera prolongé. Tous les acteurs de ce projet, à savoir « le consortium université de Lorraine, La Française de l’énergie (2) et Solexperts (3) se donnent deux ans pour aboutir à une cartographie complète des ressources en hydrogène natif sur le territoire et la mise en place d’un système d’exploitation à l’échelle industrielle », écrivent nos confrères de France 3 Lorraine.

De fait, l’extraction de cette ressource ne s’annonce pas comme une mince affaire. Pour le moment, seul un autre gisement d’hydrogène naturel est connu et exploité, au Mali.

Source: La Croix