Go Sport, le pari réussi du patron d’Intersport

April 28, 2023
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Jacky Rihouet a relevé son défi. Go Sport tombe dans l’escarcelle d’Intersport, groupement de détaillants indépendants d’articles de sport, qu’il préside depuis 2011 en France. Vendredi 28 avril, après dix jours de délibéré, le tribunal de commerce de Grenoble lui a attribué la chaîne de magasins, fondée en 1977.

Placée en redressement judiciaire en janvier, à la suite de sa cessation de paiements, l’entreprise était détenue par Hermione People & Brands (HPB), filiale de la Financière immobilière bordelaise, fondée par l’homme d’affaires Michel Ohayon. Ce dernier l’avait rachetée au groupe Rallye fin 2021 pour un euro. Après Camaïeu, liquidé en octobre 2022, Go Sport est la deuxième enseigne française que détenait M. Ohayon à subir une lourde restructuration.

Cette fois, contrairement aux 2 600 salariés de Camaïeu, qui ont été licenciés, « 90 % des emplois », soit 1 663 postes, seront maintenus, se félicite Christophe Lavalle, délégué syndical Force ouvrière. Devant les juges, Intersport s’est engagé à reprendre 72 de ses 81 magasins. Et sa stratégie a séduit.

M. Rihouet a promis de consacrer une vingtaine d’entre eux à une offre d’articles de sports de plein air, sous l’enseigne Go Sport Outdoor, qui sera pilotée depuis le siège de Sassenage (Isère), dont il conserve 185 postes. « Et l’ensemble des magasins parisiens, dont ceux du Forum des Halles, de la Défense et de la place de la République, seront conservés et transformés en Intersport d’ici à 2024, date des Jeux olympiques », précise au Monde M. Rihouet.

Cette reprise va profondément redessiner le marché français des articles de sport, évalué à 17 milliards d’euros. L’enjeu est de taille : les ventes des seuls vêtements et chaussures de sport pèsent 9,8 milliards d’euros, selon le panéliste Circana. Et, contrairement au marché de l’habillement, en pleine déconfiture, c’est un segment en forte croissance (+ 9 % en 2022 par rapport à 2021 et + 18 % par rapport à 2019, d’après Circana).

La relance des magasins « prendra du temps »

Derrière Decathlon, le leader incontesté du marché, dont les ventes mondiales ont atteint 15,4 milliards en 2022, la bataille va donc redoubler. Grâce à un réseau de 325 magasins dans l’Hexagone, l’enseigne détenue par l’Association familiale Mulliez rafle 27 % des ventes d’articles de sport en France. Elle y a réalisé 4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 (+ 21 % comparé à 2019).

L’entreprise dirigée par Bastien Grandgeorge devrait, cette année encore, gagner des parts de marché, profitant de la débâcle de Go Sport. L’activité de ce dernier accuse une chute de 30 %, d’après des sources internes, et la saison de printemps est très mal engagée. La plupart de ses habitués lui ont préféré Decathlon ou l’achat en ligne auprès des sites ad hoc. Il sera compliqué de les faire revenir. La relance de ses magasins, sous l’égide d’Intersport, « prendra du temps », convient l’un de ses fournisseurs.

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Source: Le Monde