En Thaïlande, la commission électorale ouvre une enquête sur la candidature de Pita Limjaroenrat au poste de premier ministre

June 12, 2023
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Le chef du parti Move Forward, candidat au poste de premier ministre, Pita Limjaroenrat, à Bangkok, le 18 mai 2023. MANAN VATSYAYANA / AFP

La commission électorale thaïlandaise a décidé d’ouvrir une enquête contre Pita Limjaroenrat, chef du parti prodémocratie vainqueur des législatives de mai dernier, pour des soupçons d’irrégularités, a annoncé lundi 12 juin son président, Ittiporn Boonprakong.

L’instance doit déterminer si le politicien de 42 ans du mouvement Move Forward, pressenti pour devenir cet été premier ministre, doit être disqualifié ou non, en raison des actions qu’il possède dans un média. « Il y a suffisamment d’éléments et de preuves pour approfondir l’enquête sur la qualification de Pita Limjaroenrat au scrutin », a déclaré Ittiporn Boonprakong. « La commission électorale a créé un comité d’enquête », a-t-il poursuivi.

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Le code électoral thaïlandais interdit aux candidats de posséder des parts dans un journal ou un autre type de média d’information de masse. Pita Limjaroenrat a expliqué qu’il avait hérité de son père des actions dans la chaîne de télévision iTV, qui ne diffuse plus depuis 2007. Soupçonné d’avoir dissimulé ce motif de disqualification au moment de déposer sa candidature, il se défend de toute manœuvre illégale et pointe une procédure motivée politiquement.

« Move Forward a toujours confiance dans le fait que le pouvoir du peuple gagnera en fin de compte, et que la commission électorale travaillera de manière honnête sur la base de principes constitutionnels », a annoncé lundi le secrétaire général du parti, Chaitawat Tulathon.

A la suite de l’enquête, la commission électorale décidera s’il y a matière à transmettre le dossier à la Cour constitutionnelle, qui doit trancher. M. Limjaroenrat, menacé de disqualification, s’expose à une peine d’emprisonnement allant de un à dix ans, et à la révocation de son droit de vote durant vingt ans.

Rien n’est joué avant l’élection par le Parlement

Cette annonce jette le trouble autour de Move Forward, encore loin de pouvoir accéder au pouvoir malgré une victoire éclatante dans les urnes. La formation porte-étendard des nouvelles générations d’électeurs a créé la surprise en remportant le plus grand nombre de députés au Parlement, devant l’autre poids lourd de l’opposition prodémocratie, Pheu Thai. Les deux mouvements ont joint leurs forces dans une coalition qui espère succéder aux militaires, au pouvoir depuis le coup d’Etat de 2014, sèchement battus.

Malgré les résultats sans appel, rien n’est joué avant l’élection par l’Assemblée nationale et le Sénat, attendue pour la fin de juillet, du prochain premier ministre. Pita Limjaroenrat a besoin du soutien d’une partie des 250 sénateurs, nommés par l’armée ; or certains d’entre eux ont déjà annoncé leur opposition au candidat progressiste, dont le programme remet en cause la place de certaines institutions jugées favorables aux élites conservatrices.

Move Forward a par exemple promis de réécrire la Constitution de 2017, rédigée par la junte alors au pouvoir, de mettre fin à la conscription militaire obligatoire et de légaliser le mariage homosexuel. Le parti doit également composer avec la menace de poursuites judiciaires, c’est un scénario récurrent dans l’histoire politique de la Thaïlande, parsemée de coups d’Etat et de dissolutions. La dissolution de Future Forward en 2020 a conduit à des manifestations massives à Bangkok réclamant plus de démocratie et de transparence.

Une décision similaire contre Move Forward pourrait créer de nouvelles contestations d’ampleur, selon des experts.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde