Grève : les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), demandent à être reconnus

June 13, 2023
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France Bleu Saint-Etienne Loire : Vous réclamez depuis longtemps maintenant un statut de fonctionnaire de catégorie B que vous n'avez pas. Qu'est ce que ça changerait de l'obtenir ?

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Nassera Djebbar, AESH à l'école Montaud de Saint-Etienne et membre du syndicat FSU :

On aurait une meilleure professionnalisation, un statut au niveau de la fonction publique. Meilleure professionnalisation donc une meilleure formation, une meilleure rémunération et une meilleure reconnaissance.

Beaucoup d'AESH sont en CDD, à temps partiel, ce sont essentiellement des femmes qui ne touchent pas plus de 850 euros par mois. C'est ça la norme aujourd'hui?

Oui, c'est donc un salaire en dessous du seuil de pauvreté, c'est un usage. Aujourd'hui, être AESH c'est cumuler plusieurs emplois pour vivre dignement, c'est cumuler beaucoup de souffrance au travail avec des élèves en situation de handicap de plus en plus lourd à accompagner. Ils sont en attente de places en instituts spécialisés, donc on les garde et l'école est en première ligne.

Et vous n'êtes pas formés pour ça d'ailleurs ?

Non. La seule formation que nous avons, c'est la formation initiale d'adaptation à l'emploi qui est proposée la première année de la prise de poste. Si on prend mon exemple, ma prise de poste c'était en 2011. C'est bien dommage qu'il n'y ait pas une formation continue qui soit proposée pour actualiser nos connaissances, surtout avec ce nouveau profil d'élèves qui demandent beaucoup, beaucoup de formation et d'outils.

Devenir fonctionnaire vous apporterait des formations ?

Oui je pense. Enfin, c'est ce que nous proposons depuis de nombreuses années. Il n'y a pas d'attractivité du métier non plus. Vous savez, il y a beaucoup d'AESH qui se mettent en arrêt, il y a beaucoup de souffrance au travail, elles n'en peuvent plus et ont la peur au ventre de venir travailler.

Et il faut le signaler, en cas d'absence une AESH n'est pas remplacée parce qu'il n'y a pas un vivier de remplacement.

Il y a un autre projet auquel vous vous opposez : la fusion entre le métier d'AESH et d'AED, les assistants d'éducation. Pour quelles raisons vous ne le souhaitez pas ?

Parce que nous, nous revendiquons un statut pour notre métier et ce qu'on nous propose c'est encore un autre sigle, une fusion entre deux métiers qui ne sont pas les mêmes. Un assistant d'éducation surveille l'accueil des élèves, la cour de récréation et il fait un peu d'administratif au niveau des absences. Nous, on est au plus près des élèves qui en ont besoin. Ce n'est pas du tout les mêmes missions. On nous propose un contrat unique de 35h avec du périscolaire, des accompagnements à la cantine. Or quand vous commencez votre journée à 8h30, que vous accompagnez des élèves avec de gros troubles toute la journée, vous ne vous voyez pas faire une journée de 6h, physiquement et moralement c'est prenant.

Source: France Bleu