Vladimir Poutine hésitant sur les buts de guerre de la Russie : " Nos objectifs évoluent en fonction de la situation "

June 13, 2023
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Le président russe, Vladimir Poutine, lors d’une réunion avec des correspondants de guerre russes à Moscou, en Russie, le mardi 13 juin 2023. GAVRIIL GRIGOROV / AP

Il y a d’abord, les déclarations martiales et les auto-satisfecit. Selon Vladimir Poutine, la contre-offensive ukrainienne lancée début juin est un échec. Sans parvenir à percer les lignes de défense russes, Kiev aurait perdu « environ 25 %, ou peut-être 30 % de l’équipement » fourni par les Occidentaux, soit 160 chars et plus de 360 blindés, quand les pertes russes seraient « dix fois moindres ».

Le président russe a dressé ce bilan détaillé lors d’une rencontre, mardi 13 juin, avec les correspondants militaires russes qui couvrent « l’opération spéciale » en Ukraine. Des journalistes qui constituent la dernière voix critique autorisée en Russie, le plus souvent pour déplorer le manque de détermination de l’Etat dans la conduite de la guerre.

Cette assurance affichée par M. Poutine est significative, le président commentant d’ordinaire peu ou pas du tout le déroulement des opérations militaires. Pour la deuxième fois en quelques jours, le président russe affiche ainsi sa pleine confiance devant la capacité de son armée à tenir.

Un mea culpa inhabituel

Mais ce qui ressort de cette longue rencontre, en partie retransmise à la télévision, ce sont aussi et surtout les hésitations du chef du Kremlin, voire une certaine nervosité dans son expression, tantôt exagérément joyeuse, tantôt inquiète. M. Poutine a fait un mea culpa inhabituel concernant les bombardements et les incursions ukrainiennes dans la région de Belgorod, reconnaissant que « nous aurions pu être mieux préparés ». « La frontière sera renforcée, a-t-il promis, et si ces attaques continuent, il faudra se pencher sur la création d’un “tampon sanitaire” sur le territoire ukrainien. »

Cette promesse contient en elle-même un aveu de faiblesse : dans la logique de Vladimir Poutine, mais aussi selon la Constitution russe, les territoires annexés en 2022, eux aussi théâtres de combats, sont censés être tout autant russes que la région de Belgorod. Singulariser cette dernière revient à reconnaître la fragilité de ces annexions.

Le président russe a également paru peu assuré lorsqu’il a évoqué les buts de guerre de la Russie, alors que des voix encore isolées en Russie estiment que ceux exposés en février 2022 – « démilitarisation » et « dénazification » de l’Ukraine, recul de l’OTAN – sont devenus inatteignables. « Nos objectifs évoluent en fonction de la situation, mais en général, bien sûr, nous ne changerons rien, et ces objectifs ont un caractère fondamental pour nous », a exposé M. Poutine d’une manière confuse. Même l’objectif minimal de la « défense des habitants du Donbass » n’est pas encore atteint, a-t-il reconnu.

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Source: Le Monde