L’écrivain américain Cormac McCarthy est mort

June 13, 2023
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Cormac McCarthy à New York, en 2009. Mark Von Holden/Getty Images for Dimension Films/AFP MARK VON HOLDEN / AFP

Cormac McCarthy est mort mardi 13 juin à l’âge de 89 ans dans sa propriété de Santa Fe (Nouveau Mexique), a annoncé son éditeur. Avec ce géant des lettres américaines disparaît l’un des écrivains les plus influents de son époque, cité comme modèle par des romanciers aussi divers que Daniel Kehlmann, Junot Diaz, David Vann ou encore Marcus Malte.

Auteur d’une dizaine de romans, ainsi que de scénarios de films et de séries, il ne courait pas après la notoriété, lui qui détestait plus que tout l’exposition médiatique et les cercles littéraires. Il préférait à ceux-ci la compagnie des scientifiques du Santa Fe Institute, un centre de recherche indépendant situé au Nouveau-Mexique, près duquel il vivait depuis 1999, et dont il était un membre de plein droit.

Refusant de participer aux festivals littéraires et à toute séance de signature, rechignant à expliciter le contenu de ses œuvres, au motif que tout ce qu’il y avait à comprendre y figurait déjà, il donna de rares interviews, dont une seule, télévisée, à Oprah Winfrey à l’occasion de la parution de La Route (L’Olivier, 2008) : roman post-apocalyptique autant que long poème métaphysique, inspiré de ses conversations avec son jeune fils John, et couronné du Prix Pulitzer en 2007.

A la faveur de cette émission, nombre d’Américains découvrirent cet écrivain réservé, à la voix douce et aux yeux gris-vert, reconnaissant, mal à l’aise face à la populaire animatrice, que ce récit d’une odyssée d’un père et de son fils à travers des paysages désolés, était aussi, au-delà de son message catastrophiste, une « histoire d’amour ». Le roman devint culte à travers le monde (48 traductions et 4 millions d’exemplaires vendus rien qu’aux Etats-Unis), creusant la voie d’une nouvelle veine dystopique en littérature, au cinéma, et même dans l’univers des jeux vidéo.

De même qu’il fuyait la sphère publique, McCarthy dédaignait toute activité rétribuée en dehors de l’écriture. Il refusa systématiquement toutes les propositions de collaboration des universités, se privant ainsi sciemment de relais comme de subsides. Il connut dès lors la pauvreté pendant des années, au grand dam de ses épouses (il en eut trois). On rapporte qu’il vécut dans des cabanons et des motels crasseux, se lavant dans les lacs, nettoyant son linge à la laverie automatique et se coupant lui-même les cheveux.

Longtemps, celui qu’on a souvent comparé à J. D. Salinger (1919-2010), à Thomas Pynchon ou encore à Don Delillo pour sa discrétion légendaire, dut compter sur la seule reconnaissance de quelques inconditionnels, dont le cercle s’élargissait toutefois de livre en livre, et des universitaires, qui lui consacrèrent de nombreux travaux.

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Source: Le Monde