Les écologistes Marine Tondelier et Sandrine Rousseau prises à partie et insultées par des vignerons dans l'Aude

June 13, 2023
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Certains vignerons ont lancé aux deux membres d'Europe Ecologie Les Verts, qui devaient rencontrer des militants locaux dans un domaine : "Va faire la soupe salope."

La secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), Marine Tondelier, et la députée EELV Sandrine Rousseau, ont été prises à partie et insultées, lundi 12 juin, par des vignerons en colère dans l'Aude. Sur des vidéos publiées sur leurs comptes Twitter, et comme l'ont confirmé à l'AFP les deux représentantes écologistes, elles ont dû faire face à des vignerons qui voulaient les empêcher d'accéder à un domaine viticole où elles devaient rencontrer des militants locaux dans la soirée de lundi.

Alors que l'accès routier au domaine était entravé par des tracteurs, les deux femmes ont voulu le rejoindre à pied et ont été insultées par certains vignerons. "Va faire la soupe salope, grosse salope", peut-on par exemple clairement entendre sur l'un des extraits diffusés par les deux figures d'EELV. Protégées par les gendarmes, les deux femmes ont finalement rejoint le domaine viticole en coupant à travers champs.

Un dépôt de plainte envisagé

"Je n'ai aucun problème avec le fait que cela soit parfois vif, qu'on se fasse parfois un peu secouer, on est aussi parfois amené à secouer les gens", a réagi Marine Tondelier, interrogée par l'AFP. "La différence, a-t-elle ajouté, c'est que nous, on le fait toujours avec nos valeurs, c'est-à-dire jamais d'insulte, jamais d'entrave physique et puis du respect et de l'écoute". "En tant que femme, j'encourage les femmes en permanence à porter plainte quand elles se font insulter et donc en tant que chef de parti, je ne peux pas ne pas le faire moi-même", a déclaré Marine Tondelier. Elle a aussi ajouté n'avoir pas encore pris de décision définitive à ce sujet : "Mon but c'est pas de rajouter des difficultés à ce monsieur qui en a déjà sûrement beaucoup dans la vie."

Les deux députées ont reçu le soutien du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Sur son compte Twitter, il a écrit : "Échanger toujours, confronter ses idées oui, en revanche la violence n'a pas sa place en démocratie." Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a également qualifié sur Twitter d'"inadmissibles" les "insultes sexistes" visant les deux femmes.

"Ce n'était pas le sens que l'on voulait que ça prenne"

Un des agriculteurs présent lundi soir a contacté l'AFP pour déplorer "entièrement les propos qui ont été tenus hier". "Ce n'était pas le sens que l'on voulait que ça prenne", a dit Pierre Calmettes, agriculteur à Alzonne, évoquant les insultes. "S'il y a un métier qui sait s'adapter, c'est le nôtre, on ne fait que ça, sans cesse. J'ai commencé, je faisais de la vigne, blé dur, tournesol, maintenant, sur la partie céréalière, j'ai 13 cultures, si ça c'est pas se remettre en question, je sais pas comment ça s'appelle", a-t-il expliqué.

"Tout ça pour le même salaire qu'il y a 15 ans. Mes deux salariés gagnent plus que moi, je regrette pas, c'est moi qui l'ai choisi mais on peut pas vivre ça tous les jours et allumer la TV et entendre de l'agribashing à longueur de temps, les propos qu'elles tiennent sont trop durs", a poursuivi Pierre Calmettes. Interrogé par l'AFP, le président du Syndicat des vignerons de l'Aude, Frédéric Rouanet, a déclaré : "On ne peut pas cautionner mais je ne peux que comprendre" cette action. Il a précisé qu'elle avait été "menée hors syndicat".

Source: franceinfo