Lenny Martinez ouvre son tableau de chasse… sur le Ventoux !
Difficile de trouver lieu plus iconique pour rafler son tout premier succès chez les grands. Ce mardi, en début d’après-midi, c’est bien au sommet du Géant de Provence que Lenny Martinez, encore 19 ans, a levé les bras. À l’occasion d’un CIC-Mont Ventoux amputé de sa seconde ascension du Mont Chauve, l’ancien de la Conti a d’abord pu compter sur ses équipiers pour contrôler et durcir l’épreuve. Il s’est ensuite attaché à suivre les attaques dans les cinq derniers kilomètres, tout en se préservant pour le sprint final. Et dans un ultime effort, tonique, le grimpeur de poche n’a laissé aucune chance à ses ultimes rivaux pour décrocher une première victoire détonante au plus haut-niveau. Le compteur est ouvert.
Ce mardi, c’était double ration du Mont Ventoux ! C’est du moins avec cette idée que les coureurs ont pris la direction du départ, situé à Vaison-la-Romaine. La réalité a finalement été toute autre. En raison des conditions climatiques menaçantes, les organisateurs ont largement revu le parcours. Des 154 kilomètres initialement au programme, ils n’en demeuraient que 98, et seule la première ascension du Géant de Provence, par Sault, était donc maintenue pour la sécurité des coureurs. « On a appris la nouvelle quarante-cinq minutes avant le départ, indiquait Franck Pineau. On a dû faire preuve d’adaptation, notamment pour les ravitaillements, mais on s’est tout de suite dit que c’était pour tout le monde pareil et que les meilleurs grimpeurs auraient été là au sommet, que ce soit après une ou deux montées ». Du côté de la Groupama-FDJ, il y avait un leader unique et bien identifié ce mardi : Lenny Martinez, tout juste 18e du Critérium du Dauphiné. « Pour moi, il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il serait de devant, ajoutait Franck Pineau. Il ne connaissait pas la montée, mais il en connait la réputation, et il sait qu’un grimpeur se doit d’être devant ici. On a donc fait le maximum pour lui, on est parti du principe qu’il serait devant. C’est notamment pourquoi on a pris la course en main très tôt, en faisant rouler Clément [Davy], qui a fait du très bon travail dans la première partie de course ». Derrière Valentin Retailleau, Asier Etxeberria, Pablo Castrillo, Jose Marcia Garcia et Leo Danés, le Mayennais a longtemps maintenu l’écart entre deux et trois minutes.
« L’important est qu’il soit resté calme », Franck Pineau
Il ne s’est finalement écarté qu’au moment d’aborder les premières pentes du Mont Ventoux (24,5 km à 5%), d’abord roulant depuis Sault avant le final traditionnel et plus ardu à partir du Chalet Reynard. « Le relais a ensuite été pris par quasiment toute l’équipe, insistait Franck. On a su se mettre en évidence. Les équipes Movistar et Israel ont accéléré un peu, mais on était présents dans les roues, et quand ils se sont écartés, on a continué à bien accélérer, notamment avec Lars ou Enzo ». Si le peloton était encore relativement épais à la mi-pente, il a en revanche explosé à cinq bornes du sommet, lorsque Lars van den Berg s’est flanqué d’un gros relais. Les premières attaques sont intervenues dans la foulée, le dernier échappé a été repris, et Lenny Martinez s’est très vite joint à la bagarre avec les meilleurs. Le jeune homme a accompagné les accélérations de Cristian Rodriguez et Michael Woods, tout en voyant le retour d’autres concurrents tels Simon Carr et Ivan Sosa. Attentif mais prudent, le grimpeur de la Groupama-FDJ a répondu à toutes les attaques sans se dévoiler pour autant. « Quand Woods t’attaque et que tu vas le chercher à chaque fois, tu y réfléchis quand même à deux fois avant de contrer, expliquait Franck. Dans 2-3 ans, ça se passera peut-être différemment, mais l’important aujourd’hui est qu’il soit resté calme ». « J’ai peut-être manqué un peu de confiance en moi pour attaquer, mais quand les autres attaquaient, ça faisait quand même vraiment mal, confirmait Lenny. Il ne fallait pas non plus faire n’importe quoi. Il fallait bien gérer ses forces jusqu’au bout et en garder le plus possible. Je me suis dit : de toute façon ça va se faire à la pédale au sommet ».
« C’est un beau symbole », Lenny Martinez
À l’approche du dernier kilomètre, deux-trois hommes sont encore revenus de l’arrière, profitant du marquage dans le groupe de tête, mais Lenny Martinez est resté concentré sur son sujet. Il s’est même replacé avant les derniers hectomètres pour surveiller Woods et pouvoir se dégager sur la gauche. Les cinq derniers prétendants à la victoire ont abordé les 200 derniers mètres roue dans roue, et quelques secondes plus tard, Lenny Martinez s’est dressé sur les pédales. « J’ai vu le panneau 100 mètres, je me suis dit il faut y aller maintenant, racontait-il. Il y a eu le virage serré, puis ça s’est fait sur la giclette ». Encore fringuant, le jeune homme a laissé sur place Michael Woods, son ultime rival dans la ligne droite d’arrivée, et s’est alors envolé vers une victoire de prestige. Sa première en tant que coureur WorldTour. « J’ai eu des sensations incroyables en franchissant la ligne, confiait-il quelques minutes plus tard dans un large sourire. Je me suis même dit, ‘il y a un mec devant, ce n’est pas possible’. Je suis super content. C’est ma première victoire, et en plus, elle est en haut du Mont Ventoux, qui est une montée historique. C’est un beau symbole de gagner là-haut, et je n’aurais pas pu le faire sans tous mes équipiers qui ont fait un super boulot avant et pendant la bosse. C’est fou. À l’arrivée, j’ai pensé à toute ma famille, qui était forcément devant la télé aujourd’hui. Cette victoire tombe vraiment au bon moment après un bon bloc de course et un bon Dauphiné. C’est un beau point final ».
Après trois top-10, un top-5 et un podium cette saison, Lenny Martinez a donc ouvert son compteur, un petit mois avant son 20ème anniversaire. Il a par la même occasion signé le neuvième succès de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ cette saison. « On était sereins car Lenny était très bien, il avait bien récupéré du Dauphiné, et c’est à préciser, soulignait Franck Pineau. Il avait la patte pour gagner, et il l’a fait, en sachant attendre le moment opportun. De manière générale, les gars étaient vraiment présents physiquement et nous avions aussi un bon capitaine de route aujourd’hui en la personne de Rudy, qui a très bien dirigé tout ça. C’est le genre de journée qui donne vraiment du baume à cœur ! »
Source: Groupama-FDJ