Biélorussie : Loukachenko suggère que des armes nucléaires russes ont déjà été déployées
Ces déclarations faites dans le cadre d'un accord nucléaire entre Minsk et Moscou annoncé en mars dernier contredisent celles de Vladimir Poutine vendredi 9 juin.
La Biélorussie se rapproche de plus en plus du moment où des armes nucléaires tactiques russes seront déployées sur son sol. Elle pourrait même déjà avoir franchi ce seuil. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a affirmé mardi 12 juin que son pays avait commencé à recevoir de telles armes, dont certaines, selon lui, seraient trois fois plus puissantes que les bombes atomiques larguées par les États-Unis à Hiroshima et Nagasaki en 1945. Ces déclarations contredisent celles de Vladimir Poutine vendredi 9 juin qui mentionnait la date de début juillet.
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En pleine guerre en Ukraine et en pleine confrontation avec l'Occident, il s'agit du premier déploiement annoncé d'armes nucléaire russes en dehors du territoire russe depuis la chute de l'Union soviétique en 1991. «Nous avons des missiles et des bombes que nous avons reçus de Russie», a expliqué, au présent de l'indicatif, Alexandre Loukachenko dans une interview avec la chaîne de télévision publique russe Rossiya-1 qui a été publiée sur la chaîne Telegram de l'agence de presse biélorusse Belta. «Les bombes sont trois fois plus puissantes que celles (larguées sur) Hiroshima et Nagasaki», a-t-il précisé, s'exprimant sur le long d'une route forestière, encadrée par de nombreux véhicules militaires.
Loukachenko-Poutine : déclarations contradictoires
Néanmoins, plus loin dans l'entretien, le dictateur s'exprime cette fois au futur simple : «Dès que les armes seront amenées ici, elles seront déployées dans toute la Biélorussie.Nous avons de nombreuses installations de stockage.Nous en avions beaucoup.Nous en avons déjà restauré cinq ou six.Nous allons en restaurer d'autres.Les armes seront déployées dans tout le pays.Nous n'allons pas les garder au même endroit », a-t-il ainsi précisé, ce qui pourrait laisser penser que le déploiement des armes nucléaires russes a commencé, est en cours, mais n'est pas encore achevé.
Ces nouvelles déclarations du président biélorusse contredisent celles de son homologue russe qui avait déclaré vendredi que ce déploiement aurait lieu début juillet après la fin de la restauration des installations de stockage. «Comme vous le savez, l'aménagement des installations (accueillant les armes nucléaires) sera achevé le 7 ou 8 juillet, et nous prendrons immédiatement les mesures liées au déploiement des armes en question sur votre territoire», a ainsi déclaré Vladimir Poutine lors d'un entretien avec son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko à Sotchi (sud-ouest de la Russie) le 9 juin. Fin mai, Alexandre Loukachenko avait déjà affirmé que le transfert des armes avait déjà commencé. «Le transfert des charges nucléaires a commencé, ça a déjà commencé», avait-il affirmé.
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Un autre point de friction émerge entre les deux dirigeants alliés, au sujet cette fois du contrôle russe. «Ils disent que ce sont des armes russes et que la Biélorussie ne pourra pas les utiliser sans la Russie.Écoutez, si une guerre éclate, je ne vais pas perdre de temps.Je prendrai le téléphone et l'appellerai où qu'il soit.Il peut m'appeler et je répondrai à tout moment.Ce n'est pas un problème de coordonner une grève.Il n'y a rien à dire ici.Nous avons déjà conclu les accords correspondants.Que les ennemis, Olya, frissonnent dans leurs bottes », a lâché Loukachenko mardi. Vendredi, Vladimir Poutine avait bien réaffirmé que la Russie garderait le contrôle des armes nucléaires tactiques déployées sur le sol biélorusse.
C'est le 25 mars dernier que Vladimir Poutine avait annoncé un tel déploiement, immédiatement perçu en pleine guerre en Ukraine comme un signe d'escalade entre la Russie et les Occidentaux. Le 24 février 2022, les forces russes avaient déjà envahi l'Ukraine en partant de Biélorussie, alliée de Moscou. Les armes nucléaires tactiques, moins puissantes que celles dites stratégiques, peuvent être considérées comme des armes d'emploi, et non seulement dissuasives. Elles restent malgré tout incomparablement plus puissantes que n'importe quelle arme conventionnelle utilisée sur le champ de bataille, et dépassent pour beaucoup la puissance de celles utilisées en 1945.
Source: Le Figaro
