Le sort du panda Yaya, symbole des relations tendues entre la Chine et les Etats-Unis

April 28, 2023
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Le panda géant YaYa au zoo de Memphis (Etats-Unis), le 8 avril 2023. KAREN PULFER FOCHT / AP

Soulagement en Chine : le panda Yaya, une femelle de 22 ans, est enfin rentré au pays après vingt ans d’« exil » dans un zoo américain. Depuis des mois, les internautes chinois dénonçaient des mauvais traitements subis par l’animal, amaigri et qui perdait ses poils. Jeudi 27 avril, le sujet était en tête des plus suivis sur le réseau social Weibo, similaire à Twitter. Des dizaines de fans ont même fait le déplacement à l’aéroport de Shanghaï pour accueillir Yaya, qui a atterri en fin d’après-midi après seize heures de vol dans un avion spécialement affrété. Outre la démonstration de l’amour d’une partie du public chinois pour les pandas, l’affaire Yaya illustre la détérioration des relations entre la Chine et les Etats-Unis.

En 2003, Yaya était arrivée au zoo de Memphis, accueillie par des centaines de visiteurs enchantés. La Chine était entrée dans l’Organisation mondiale du commerce deux ans plus tôt et l’heure était à l’« engagement » avec le pays communiste, dont les dirigeants montraient des signes d’ouverture.

Vingt ans plus tard, les relations sino-américaines sont au plus bas : les Etats-Unis s’inquiètent de la montée en puissance d’une Chine de plus en plus autoritaire sous le règne du président Xi Jinping, qui accuse de son côté Washington de tout faire pour « endiguer » son pays. Les tensions se manifestent notamment sur le terrain commercial, et sur le destin de Taïwan, que Pékin affirme vouloir « réunifier » à la République populaire de Chine, « par la force si nécessaire ».

« L’absurde diplomatie du panda »

Abreuvé quotidiennement de propagande antiaméricaine, le public chinois n’a pas tardé à politiser la santé de ses pandas. « Traiter ainsi nos trésors nationaux est une véritable provocation envers la Chine », écrit un internaute sur Weibo. « Ne laissez pas les pandas être à nouveau déracinés de leur pays d’origine », commente un autre. De même, plusieurs appellent à « mettre fin à cette absurde diplomatie du panda ». Des internautes avaient même financé des publicités aux Etats-Unis clamant : « Yaya, nous attendons ton retour à la maison. » Dans le même temps, des vidéos de jeux de deux pandas hébergés par le zoo de Moscou ont été largement partagées, suscitant des commentaires élogieux sur leur traitement par ce pays ami.

Les médias d’Etat, qui ont suivi l’affaire de près, ont aussi filé la métaphore politique. « Si cela ne s’était pas produit à un moment où Washington intensifie son endiguement et sa répression de la Chine, cette affaire n’aurait pas suscité un tel émoi, peut-on lire dans un éditorial du quotidien nationaliste Global Times. Qu’il s’agisse d’une usine de maïs, d’une grue ou d’un objet volant non identifié, tout ce qui porte une étiquette “Chine” est considéré comme une “menace” par les Etats-Unis. »

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Source: Le Monde