Concentré de technologies de rupture, la voiture "H1st Vision" préfigure le futur de la mobilité
Renault Group, Orange, Dassault Système, Atos, STMicroelectronics et Thales ont combiné 20 technologies innovantes dans un véhicule futuriste opérationnel présenté à Vivatech.
Six présidents et directeurs généraux du CAC 40 côte à côte pour présenter ce qui préfigure les avancées technologiques de la mobilité de demain. Renault Group, Orange, Dassault Systèmes, Atos, STMicroelectronics et Thales dévoilent mercredi un «concept car» baptisé «H1st Vision», qui embarque plus de vingt innovations technologiques de rupture, issues de la mise en commun de leur savoir-faire dans différents domaines.
Les six grands groupes français se sont alliés il y a deux ans pour créer la «Software République», un écosystème ouvert d'innovations, avec l'objectif de «créer un écosystème européen de mobilité durable, souveraine et sûre». Le projet «H1st Vision» se veut une première démonstration technologique. Avec l'idée de transférer et d'adapter des innovations venues d'autres secteurs (sécurité, militaire, aéronautique, etc.) à la mobilité.
Véritable «ordinateur sur roue» avec quelque 100 millions de lignes de codes embarquées, «H1st Vision» permet de montrer au grand public, aux acteurs industriels et aux collectivités territoriales une partie de l'univers du possible en matière de mobilité. Développé par une équipe de cent personnes en un temps record de six mois, ce concept car a aussi inclus d'autres acteurs dont sept start-up (Arkamys, Compredict, Epicnpoc, Eyelights, Kardome, Stern Tech) et JCDecaux.
«L'expérience utilisateur a été érigée comme priorité dans la démarche d'innovation» explique-t-on au sein des équipes projets. Depuis l'entrée dans le véhicule, qui se fait par reconnaissance de la démarche et du visage, à la communication avec les systèmes connectés de la ville, en passant par la recharge du véhicule qui peut se transformer en fournisseur d'énergie, le H1st vision dialogue en permanence avec d'autres écosystèmes numériques et physiques.
Jumeau numérique et interactions
Le véhicule physique se double en effet d'un jumeau numérique, c'est-à-dire une réplique exacte dans un monde virtuel. L'intérêt ? Le véhicule évolue dans un univers où des systèmes aujourd'hui indépendants (infrastructures routières, énergie, services publics, etc.) communiquent et interagissent entre eux. Un vélo arrive dans une rue perpendiculaire et n'est pas dans le champ de vision du conducteur ? Le véhicule et son conducteur seront alertés en temps réel par une détection, grâce à un signal émis par tous les autres usagers de la route (via le signal émis par un portable, un capteur sur une trottinette, etc...). Le but est d'améliorer la sécurité à bord et autour du véhicule, notamment grâce à des systèmes prédictifs.
Le véhicule dispose aussi d'une interface de paiement embarquée et d'une fonction d'aide intelligente au stationnement ou à la recharge. Autrement dit : la voiture vous indique où il est possible de se garer ou de trouver une borne de recharge, pour quel coût, si d'autres moyens de locomotion sont à disposition pour finir un trajet, et de réserver ou payer le tout en un clic. Des capteurs physiques et virtuels veillent à la santé du conducteur (variabilité du rythme cardiaque, électrocardiogramme, rythme respiratoire...) et, en cas d'incident, H1st Vision peut émettre un appel cellulaire ou satellite afin de prévenir les secours. L'état d'usure des éléments clés du véhicule comme la batterie ou les pneus est également suivi, et le véhicule peut générer un «certificat de santé sécurisé dans un jeton non fongible (NFT) via la blockchain.
Réduire le coût de la recharge
L'innovation est aussi forte du côté de la gestion de l'énergie électrique. H1st vision est équipé de la technologie V2G (Vehicle-to-Grid) permettant la recharge via une borne dite «bidirectionnelle» (développée par la start-up Mobilize PowerBox) : du réseau électrique vers la voiture ou de la voiture vers la maison, voire vers le réseau lors des pics de consommation électrique. «La voiture se recharge lorsque l'énergie est la moins chère, et peut décharger - moyennant rétribution - de l'énergie au réseau en cas de besoin. Nous estimons à 50% le coût de la recharge qui peut être ainsi économisé» explique Ziad Dagher, manager solutions énergie chez Mobilize.
Avec ses 100 millions de lignes de code et son interconnexion permanente, H1st vision est un système hypercomplexe à sécuriser. Absolument critique, la cybersécurité du véhicule - et la protection des données au sens large - concentre elle aussi plusieurs innovations. Basée sur l'intelligence artificielle et le « machine learning », la solution développée par Orange Cyberdéfense, Thales et Renault Group permet de détecter et analyser les tentatives de cyberattaques, afin d'y répondre rapidement.
Toutes ces innovations n'apparaîtront pas dans les voitures dès demain. Derrière le challenge technologique et la démonstration de force, l'espoir est aussi de développer de nouveaux modèles économiques. «L'objectif est de développer une offre de services durables et sûrs qui pourront profiter à tout le mode» insiste Aliette Mousnier Lompré, directrice générale d'Orange Business. «Le concept car H1st vision démontre à la fois une méthode de collaboration robuste entre les partenaires et une complémentarité de technologies pour construire la mobilité de demain. » conclut Éric Feunteun, le directeur des Opérations de Software République.
Source: Le Figaro