Grâce à l’IA, Paul McCartney produit un nouveau titre des Beatles

June 14, 2023
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Dans une interview à la radio anglaise, le musicien a annoncé la parution prochaine d’une maquette de John Lennon réarrangée par ses soins. Mais la technologie suffira-t-elle à transformer cette ébauche squelettique en grande chanson ?

La maquette retravaillée par McCartney provient d’un lot de cassette que lui avait remis Yoko Ono à la mort de John Lennon. fisher_photostudio / Getty Images/iStockphoto

Par François Gorin Partage

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Ce n’est plus un scoop pour personne : John Lennon et Paul McCartney formaient un couple. Artistique, musical, platonique mais néanmoins couple, au-delà de la camaraderie fondatrice liant deux gamins de Liverpool sous le nom de Beatles en 1958. Divorcés avec la dissolution du plus fabuleux des groupes pop en 1970, John et Paul furent définitivement séparés par la mort du premier, assassiné par un fan en décembre 1980. Après quoi Yoko Ono, la veuve de Lennon, qui entretenait avec McCartney le genre de rapport que l’on a avec l’ex de son mari, remit à celui-ci plusieurs cassettes marquées « pour Paul ». De ce lot, les trois Beatles survivants, réunis en 1995 pour les besoins d’une Anthology, sauvèrent et retravaillèrent deux morceaux, Free As a Bird et Real Love, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ajoutent rien de solide à la postérité du Fab Four. Un troisième « inédit » daté de 1978 était resté en rade, et le voici sur le point de resurgir grâce à l’action conjuguée de Paul McCartney et de l’intelligence artificielle.

Du moins suppose-t-on que c’est bien à Now and Then que Sir Paul a fait allusion mardi dans une interview pour Radio 4 (1), en parlant d’une vieille maquette à la restauration de laquelle George Harrison avait vertement rechigné. Aujourd’hui, George n’est plus là, mais surtout Paul a trouvé un renfort de taille dans son entreprise, pour ce qu’il assure être le dernier morceau estampillé Beatles à être exhumé : l’intelligence artificielle. L’élaboration complexe du documentaire au long cours Get Back, reconstitué par Peter Jackson à partir des séances en studio des Beatles en 1969, a ouvert les yeux (et les oreilles) d’un McCartney toujours curieux, sur les possibilités de l’IA. Le réalisateur l’utilisait en particulier pour identifier chacune des interventions vocales à l’arrière-plan de la bande-son.

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Pas question donc pour Sir Paul, toujours le parfait gentleman, de simuler via logiciel une voix “truquée” de Lennon. D’autant que Now and Then a fuité sur le Net depuis un moment déjà, on en trouve même plusieurs versions, dont une de 5 mn. C’est une ballade au piano, dont la mélancolie n’est pas sans rappeler le Long and Winding Road d’un certain McCartney. Les paroles en sont rudimentaires et sentimentales, qui pourraient s’adresser d’ailleurs au destinataire de la cassette (sur le mode : « tu me manques… si un jour on pouvait recommencer… »). Le morceau est inachevé, n’a pratiquement pas de couplets. McCartney avait entamé le travail avec Jeff Lynne (ex-Electric Light Orchestra et beatlemaniaque notoire), il l’annonce aujourd’hui terminé, grâce à l’outil magique permettant d’extirper la voix de John d’une bande de mauvaise qualité, et de la rhabiller pour aller dans le grand monde, au défi des vulgaires pirateurs, sans parler des bricoleurs qui s’amusent sur YouTube à faire rechanter Yesterday par le même John artificiel.

On attend maintenant le résultat, promis avant la fin de l’année. Pas sûr que même les efforts de l’IA puissent transformer une ébauche au mieux touchante en grande chanson. Il n’est en revanche pas totalement absurde d’y voir, de la part d’un McCartney à la sagesse octogénaire, l’occasion de boucler une fois pour toutes cette vieille histoire de couple dont la traduction musicale – et souvent les innovations sonores – a ébloui le monde entier.

Source: Télérama.fr