La mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne depuis 2015, selon l’Insee

June 14, 2023
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Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu’elle était l’une des plus basses d’Europe à la fin du XXe siècle, rapporte l’Insee ce mercredi 14 juin 2023. Pourtant, la mortalité infantile en Europe continue de diminuer en moyenne, bien que cette baisse reste modérée ces dernières années.

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La France, mauvaise élève

En 2021, 2 700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, soit 3,7 décès pour 1 000 naissances vivantes.

« Bien qu’historiquement bas, ce taux ne baisse plus depuis 2005 et a même légèrement augmenté entre 2014 et 2017, en particulier en ce qui concerne la mortalité dans les premiers jours de la vie », indique l’Insee.

Contrairement à la France, le taux de mortalité infantile en Europe continue de diminuer en moyenne, bien qu’à un rythme très faible depuis 2012. Il atteint 3,3 ‰ en 2020.

La France se trouvait en 3e position des pays à la mortalité infantile la plus faible en moyenne entre 1996 et 2000, mais se trouve désormais en 20e position, avec une baisse de seulement 20 % de la mortalité infantile en deux décennies. Il s’agit de l’une des baisses les plus faibles d’Europe sur la période, détaille l’Insee. En Allemagne, la mortalité infantile était assez proche du niveau français entre 1996 et 2011, mais elle lui est inférieure depuis.

Parmi les bons élèves, la Finlande s’illustre en affichant un taux de mortalité infantile aux alentours de 2 ‰ depuis 2016. En Suède, le taux était en moyenne de 3,6 ‰ à la fin des années 1990, et il a baissé de 36 % pour atteindre 2,3 ‰ en moyenne entre 2016 et 2020.

La moitié des décès durant les premiers jours

La moitié des décès d’enfants de moins d’un an surviennent durant la première semaine de vie, précise l’institut (un quart des décès ont lieu entre 7 et 27 jours et l’autre quart après 27 jours). « Cette concentration des décès de nouveau-nés dans les premiers jours de la vie s’accentue : 74 % de la mortalité infantile est néonatale [avant 7 jours de vie] en 2021, contre 65 % en 2005 », pointe l’Insee.

Selon l’institut, cette hausse de mortalité dans les premiers jours du nouveau-né pourrait s’expliquer par les progrès de la médecine néonatale. Les grands prématurés, qui seraient autrefois mort-nés, et donc non comptabilisés dans les naissances vivantes, sont désormais capables de survivre pendant quelques heures ou quelques jours après la naissance, explique-t-il.

Par ailleurs, l’Insee pointe le fait que les femmes arrivent plus âgées à la maternité, augmentant ainsi la part des naissances à risque. Enfin, l’institut pointe également le nombre de naissances multiples, également à risque, demeuraient importantes jusqu’en 2018, avant de décroître.

Citant une étude de la Drees, l’Insee rapporte que davantage de femmes ont choisi entre 2014 et 2018 de poursuivre leur grossesse, sachant pourtant que le fœtus avait une pathologie grave, et qui leur aurait été possible de recourir à une interruption médicale de grossesse.

Une mortalité plus élevée dans les DOM et en Seine-Saint-Denis

Le taux de mortalité infantile est de 3,7 ‰ en France, mais il varie selon les territoires entre 2019 et 2021. Déjà constaté par le passé, il est plus élevé dans les départements d’outre-mer (DOM) : 8,9 ‰ à Mayotte, 8,2 ‰ en Guyane, 8,1 ‰ en Guadeloupe, 7,2 ‰ en Martinique et 6,7 ‰ à La Réunion.

En France métropolitaine, le taux de mortalité infantile moyen au cours de la même période est le plus élevé en Seine-Saint-Denis (5,4 ‰), tandis qu’il est supérieur à 5,0 ‰ dans le Jura, l’Indre-et-Loire et le Lot. À l’échelle régionale, l’Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand Est affichent des taux supérieurs à la moyenne nationale, tandis qu’il est en revanche inférieur ou égal à 3,0 ‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les Pays de la Loire.

Taux de mortalité infantile pour 1 000 naissances vivantes par département de domicile de la mère sur la période 2019-2021. | INSEE, STATISTIQUES DE L’ÉTAT CIVIL. Voir en plein écran Taux de mortalité infantile pour 1 000 naissances vivantes par département de domicile de la mère sur la période 2019-2021. | INSEE, STATISTIQUES DE L’ÉTAT CIVIL.

Plus grande précarité sociale

L’Insee constate une plus grande précarité sociale, du fait du recul de la part des accouchements couverts par l’assurance maladie, contrairement à ceux pris en charge par l’aide médicale de l’État. « La proportion de sans-abri parmi les femmes qui accouchent s’accroît, particulièrement en Île-de-France », note l’institut. « La part des femmes enceintes en surpoids augmente également. Et si les femmes enceintes fument moins qu’il y a vingt ans, la France reste un pays où la prévalence de tabagisme maternel est forte. »

Autant de raisons qui ont pu contribuer au faible taux de survie des grands prématurés par rapport aux autres pays européens, selon l’Insee.

Source: Ouest-France