Inquiète de l’inflation, la Banque centrale européenne va continuer sa hausse des taux d’intérêt

June 15, 2023
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Christine Lagarde, lors d’une conférence de presse, à Francfort (Allemagne), le 15 juin 2023. KAI PFAFFENBACH / REUTERS

Contrairement à la Fed américaine, la Banque centrale européenne (BCE) ne marque de pause dans la hausse de ses taux d’intérêt. « Nous n’avons pas commencé à en parler et pas commencé à y penser », assène Christine Lagarde, sa présidente, pour que ce soit bien clair. Inquiète de la persistance de l’inflation, l’institution monétaire a annoncé, jeudi 15 juin, une nouvelle hausse de ses taux d’intérêt de 0,25 point, à 3,50 % pour le taux de dépôt, ainsi qu’une hausse « très probable » lors de sa prochaine réunion en juillet.

« Est-ce qu’on en a terminé ? Non. Nous ne sommes pas arrivés à notre destination finale. Est-ce qu’il reste du chemin à parcourir ? Oui », explique Mme Lagarde.

Les marchés financiers avaient anticipé un tel message et n’ont presque pas réagi. « Je suis convaincu que la hausse de juillet ne sera pas la dernière », prédit Mabrouk Chetouane, stratégiste à Natixis. Il parie sur un taux d’intérêt qui montera encore au moins deux fois, et peut-être quatre fois, soit un taux de dépôt qui atteindra finalement entre 4 % et 4,5 %. Marchel Alexandrovich, de Saltmarsh Economics Research, va dans le même sens : « Il faudrait un recul surprise très significatif de l’inflation pendant les trois prochains mois pour éviter une hausse [à la réunion de septembre]. » La BCE n’en a donc pas fini avec le plus rapide durcissement monétaire depuis sa création en 1998.

Plus tenace que prévu

Derrière cette action se trouve une inflation qui s’avère sans cesse plus tenace que prévu. Certes, la hausse des prix a nettement reflué ces derniers mois, passant d’un pic de 10,1 % en novembre à 6,1 % en mai. Mais il s’agit pour l’instant essentiellement d’un effet mécanique, qui reflète la baisse des prix du gaz et de l’électricité par rapport à leur sommet de 2022. D’autres signaux inquiètent la BCE, à commencer par la hausse des salaires.

« Pour faire simple, c’est d’abord l’énergie [qui a provoqué l’inflation], puis c’est passé aux prix alimentaires, et maintenant, le marché du travail et les salaires jouent un rôle important », explique Mme Lagarde. En moyenne, les rémunérations en zone euro augmentent de 5,3 %, environ le double de la moyenne habituelle. Si c’est une bonne nouvelle pour les salariés, il s’agit d’un problème pour la BCE, puisque cela entretient la hausse des prix.

Dans ce contexte, la BCE prévoit que l’inflation devrait être en moyenne de 5,4 % cette année, 3 % en 2024 et 2,2 % en 2025. Soit plus que son objectif officiel de 2 % pour les trois prochaines années. « Nous ne sommes pas satisfaits de cette prévision », reconnaît Mme Lagarde.

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Source: Le Monde