À Kiev, la médiation africaine écoute et appelle l'Ukraine et la Russie à la désescalade
La mission africaine de médiation sur l'Ukraine repart de Kiev ce soir. La prochaine étape, c’est St.-Petersbourg, ce samedi 16 juin. Les quatre chefs d’États africains et trois autres représentants ont voulu prendre contact avec le président Zelensky sans trop s’avancer pour la suite.
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Avec nos envoyés spéciaux à Kiev, Julien Chavanne et Jad El Khoury
La délégation africaine qui s'est rendue à Kiev ce vendredi 16 juin n'a pas obtenu des avancées pour la paix. On est encore loin, très loin du début d’un commencement d’un cessez-le-feu. Lors de la conférence de presse dans l’enceinte ultra-sécurisée du palais présidentiel, le président sénégalais Macky Sall a résumé simplement l’objectif de cette première visite. « Nous sommes venus surtout écouter et nous avons entendu le président Zelensky. Et demain, nous irons à Saint-Pétersbourg rencontrer le président Poutine, l’écouter également et discuter avec lui », a déclaré le président sénégalais. Il n'y a pas de plan de paix caché.
Il faut laisser un couloir au dialogue pour arriver à la paix [...] Nous ferons la même démarche auprès du président Poutine demain, nous lui dirons que la solution passera par les principes des Nations unies que nous avons en partage Macky Sall: «il n'y a pas de plan de paix pour le moment, il y a des réflexions africaines»
La délégation africaine avait quand même un message, délivré par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa. « Il doit y avoir une désescalade des deux côtés » pour régler les problèmes. « Aujourd’hui, on a eu une vraie et solide discussion, a assuré le président sud-africain. Si vous aviez pu jeter une oreille dans la pièce, vous auriez entendu tous les enjeux sur lesquels on a échangé, et à quel point on est allé dans le détail et en profondeur. On a parlé de beaucoup de sujets, honnêtement. Et on espère avoir la même conversation avec le président Poutine. On remercie le président Zelensky pour son ouverture d’esprit qui nous permettrait de poursuivre cette initiative. Nous, leaders africains, nous sommes prêts à le faire. »
Au-delà des mots, Cyril Ramaphosa aura tout fait pour garder ses distances avec le président ukrainien. Il a par exemple refusé de condamner les exactions russes commises dans la ville de Boutcha, où il s’est pourtant rendu le matin même. « On a vu ce qu’il s’est passé là-bas, a-t-il déclaré. On m’a dit qu’il y avait une enquête en cours. Je pense que cette procédure doit se poursuivre. »
La presse ukrainienne l’attendait de pied ferme avec une autre question : le président russe est-il invité au sommet des Brics de Johannesburg en août alors qu’il est visé par un mandat d’arrêt de la CPI ?Cyril Ramaphosa esquive : « Ce sujet est toujours en discussion. Mais à la fin, c’est moi et moi seul qui annoncerait de quelle manière ce sommet des Brics se tiendra. »
La délégation sud-africaine avait lancé une polémique au beau milieu de la visite. Le porte-parole du président a mis en doute les explosions de missiles russes au-dessus de Kiev. Cyril Ramaphosa a finalement admis ces tirs lors de la conférence de presse. Seule concession d’un président sud-africain, déterminé à soutenir coûte que coûte Vladimir Poutine.
La délégation entendue par le président ukrainien ?
Les présidents africains ont écouté, mais eux n’ont, semble-t-il, pas vraiment été entendus. Si le président ukrainien Volodomyr Zelensky salue leur démarche, il a refusé un cessez-le-feu maintenant ou même des pourparlers. « Aujourd'hui, j'ai clairement dit pendant notre rencontre que permettre toute négociation avec la Russie maintenant, quand l'occupant est sur notre terre, signifie geler la guerre, geler la douleur et la souffrance, a ajouté Volodymyr Zelensky. La Russie en profitera pour devenir plus puissante, s’armer encore plus et d’agresser encore plus l’Ukraine. »
Nous reviendrons, assure le président comorien et chef de l'Union africaine, Azali Assoumani, pas découragé par l’état d’esprit de son homologue ukrainien. Ni par les missiles lancés dans la matinée par la Russie sur Kiev, qui a forcé la délégation africaine à filer vers un bunker.
► À écouter aussi : Médiation africaine en Ukraine : «Elle n'a pas de chance de réussir, comme toutes les initiatives de cet ordre»
La feuille de route, Monsieur Zelensky, c'est pas nous qui allons en décider. Azali Assoumani, président des Comores Julien ChavanneJad El Khoury
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Source: RFI