The Flash : pourquoi la scène post-générique annonce le pire

June 16, 2023
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Comme le veut la tradition, The Flash s'achève sur un caméo et une scène post-générique... qui en disent long sur l'état du blockbuster américain.

Attention, spoilers (évidemment) !

Il va sans dire que le catastrophique The Flash, qui dégrade encore des rétines innocentes à l'heure où sont écrites ces lignes, vient avec ses obligatoires cliffhangers et autres scènes post-génériques – enfin mi-générique, puisque les majors ont semble-t-il décrété que leur public était trop abruti pour tenir plus de 30 secondes devant du texte. D'ordinaire, le dieu Google nous aurait ordonné de détailler ce qu'ils annoncent pour la suite des franchises concernées, comics à l'appui. Mais ici, ils ne racontent rien, sinon le cynisme d'une industrie à court d'idées. Au point que ça en devient fascinant.

Batman returns again

Ça y est, The Flash a sauvé sa dimension de l'écroulement du Multivers ou quelque chose comme ça. Cela fait déjà 30 minutes que le pauvre spectateur est assommé de caméos numériques hideux et de doublures numériques qui vivront pour toujours dans ses cauchemars les plus vicieux. Pourtant, le film a un dernier supplice à lui infliger : l'arrivée d'un George Clooney apparemment persuadé qu'il tourne une pub Nespresso (il a bien fallu ça pour le convaincre), remplaçant par on ne sait quelle théorie fumeuse à base de spaghettis Batfleck dans cette dimension.

En réalité, l'explication n'est pas difficile à deviner : le pauvre Ben Affleck a saisi l'occasion d'enfin se débarrasser de son rôle, comme le démontre son air abattu sur les quelques scènes qu'il partage avec Ezra Miller. The Flash, en reprenant des éléments de Flashpoint, devait faire renaître de ses cendres un univers étendu moribond. Il n'avait qu'à en profiter pour faire le remplacement dans cette séquence... qui n'est finalement qu'un prétexte pour caser une énième apparition de vedette.

Vers un nouveau Batman & Robin ?

Clooney va-t-il vraiment renfiler le costume du Chevalier noir dans le DCU en cours d'élaboration par les nouveaux responsables Peter Safran et James Gunn ? Rien n'est moins sûr. Par contre, la scène annonce bien le futur du film de super-héros de studio : une succession de reshoots improvisés qui tentent tant bien que mal de compenser l'absence d'ambition narrative (ou artistique) par la valeur des chèques qu'elle distribuera aux acteurs hollywoodiens ayant fait le succès du genre. Quand il n'en restera plus, il faudra bien trouver autre chose...

Réserve de Batmen épuisée

Jason le mort-vivant

La séquence post-générique a le mérite d'énoncer plus clairement encore l'état du divertissement US contemporain, ou tout du moins du blockbuster de super-héros en live action. Le dernier surhomme (pardon, méta-humain) à ne pas avoir eu l'honneur de parader dans un coin de scène, à savoir Aquaman, agonise sur un trottoir, barbotant dans un mélange de Maximator et de pisse new-yorkaise pour se rappeler ses grandes heures de roi de l'océan.

Les scènes post-génériques, autrefois des cliffhangers contractuels faisant office de bande-annonce pour la prochaine grosse production, parfois plus attendues que les films qu'elles précèdent malgré leur facture esthétique, au mieux oubliable au pire douteuse, ont donc laissé place à ça. Une pitoyable excuse pour rameuter un énième comédien de plus, histoire de saturer chaque centimètre de pellicule d'un fan-service qui ne sert même plus à donner envie de continuer à suivre. Certains y voient la confirmation qu'Arthur Curry sera dans l'univers étendu orchestré par Gunn. Super.

Momo a trop bu

Les scénaristes, qui se comptent par dizaines, probablement pris de court par le 34e changement de plan de Warner, auraient pu quand même donner un aperçu de Aquaman 2, le seul film DC à peu près certain de faire parler de lui les années suivantes. Il faudra se contenter d'un gag presque plus affligeant que le reste, d'un doigt d'honneur supplémentaire adressé au spectateur et surtout d'un triste commentaire sur la place des super-héros.

Un temps à la tête d'un cinéma hollywoodien en pleine effervescence (le souffle épique de Man of Steel et Avengers premier du nom reste réjouissant), ils sont désormais très littéralement éclatés. Au sol. Pas certains qu'ils puissent encore creuser.

Source: EcranLarge