"Tu me disais “tu me manques”, je te répondais “je t'aime”" : Gaëlle Piétri raconte son histoire d'amour avec Gaspard Ulliel
Le mannequin d'origine corse publie un livre en forme de lettre posthume à l'adresse de son ex-compagnon, décédé dans un accident de ski le 19 janvier 2022. Elle revient sur leur rencontre, la naissance de leur fils Orso, leur rupture, et le deuil. Morceaux choisis.
«“- C'est elle ? Oui, son ex-femme. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Et où est leur fils ? Elle pleure ? Elle est moins belle qu'en photo. Qu'est-ce qu'il lui trouvait ?” Parmi tous ces chuchotements, je me surprends à me poser véritablement la question. Qu'est-ce que tu me trouvais ? Qu'est-ce qui te plaisait en moi ? Qu'est-ce qui faisait de nous un couple ? Pourquoi avons-nous décidé de faire un enfant ? Qu'est-ce qui faisait de nous des parents, d'abord ensemble, puis séparés ?»
Pendant six ans, Gaëlle Pietri a partagé la vie de Gaspard Ulliel. Ensemble, ils ont donné naissance à un petit garçon en janvier 2016, Orso. Avant de se séparer quelques années plus tard. Dans Le temps de te dire adieu, paru chez Grasset le 18 avril, le mannequin corse revient sur son histoire d'amour avec l'acteur français, tragiquement disparu dans un accident de ski le 19 janvier 2022.
En vidéo, Orso, le fils de Gaspard Ulliel et Gaëlle Pietri
La rencontre
Dans ces pages, Gaëlle Pietri révèle les coulisses de sa rencontre avec le héros de Jacquou le Croquant (2007). Elle a 30 ans, elle est mannequin et vit à New York. Lui, brillant comédien de 27 ans, a déjà obtenu le César du meilleur espoir pour Embrassez qui vous voudrez en 2003, mais ne tourne pas beaucoup depuis deux ans. «Tout commence un soir où je suis de passage à Paris et où un ami me propose de venir te voir au théâtre des Champs-Élysées, dans une pièce mise en scène par Michel Fau, se souvient-elle. De toi, je ne sais pas grand-chose, j'ai vu Un long dimanche de fiançailles, une publicité Chanel, je connais ton nom, mal ton visage. Tu n'es pas un objet de fascination. Je me méfie des acteurs et des hommes trop beaux.»
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Après la pièce, Gaëlle Pietri et son ami se retrouvent dans un bistrot où les rejoint Gaspard Ulliel, comme par hasard. S'ensuit une soirée parisienne : «J'ai envie de légèreté et de m'amuser. Je ne suis à Paris que pour quelques jours et je compte bien en profiter» raconte la jeune femme. Une pause cigarette dans le fumoir, une conversation sur les fantômes, des regards... Rien d'autre. Gaëlle Pietri se décide à rentrer chez elle et commande un taxi. Assise sur la banquette arrière, elle espère avoir des nouvelles du comédien rapidement. Elle ne croit pas si bien dire. «Arrivée devant chez moi, je claque la portière de la voiture et en relevant la tête, j'entends ta voix. Tu es là, assis sur ta moto. Tu m'as suivie.» Mais si Gaspard Ulliel est là, c'est pour - dit-il - récupérer le trousseau de clefs, celui avec lequel Gaëlle Pietri a joué pendant toute la soirée. Elle ne l'a pas. «Est-ce que tu peux m'héberger pour la nuit ?» lui demande l'acteur. Le duo rejoint l'appartement, mais rien ne se passe : lui dort sur le canapé du salon, elle dans sa chambre. Le lendemain, après un échange de numéros, Gaspard Ulliel rentre chez lui. La suite ? Pas de nouvelles pendant deux jours. La Corse lance une bouteille à la mer : «Tu as retrouvé tes clefs ?» Réponse du destinataire : «Je ne les avais jamais perdues.»
Gaspard Ulliel et Gaëlle Pietri dans les gradins de Roland-Garros. (Paris, le 7 juin 2017.) Getty Images
La passion
Ensuite, entre Gaëlle Pietri et Gaspard Ulliel, tout va très vite. «Après cette première nuit insolite, tu m'invites à boire un verre chez toi. Dix minutes suffisent pour que nous nous embrassions. C'est beau, tendre et fougueux. C'est un premier baiser.» Le mannequin doit pourtant retrouver sa vie new yorkaise. Un mois de conversations virtuelles se passe, avant le grand retour à Paris. «Dès que j'arrive, je viens chez toi. Et là, c'est l'alchimie des corps et des esprits. La douceur de la peau. La tendresse.»
Gaëlle Pietri tombe amoureuse. «C'est moi qui t'ai aimé la première, j'admirais tout ce que tu étais, ta discrétion, ce que tu aimais. (...) Toi tu te protégeais. Tu me disais “tu me manques”, je te répondais “je t'aime”.» La trentenaire finit par prendre un appartement à Montmartre. Pendant ce temps, Gaspard Ulliel se montre prudent. «Tu restes sur tes gardes. Comme un chat sauvage, tu n'as pas l'intention de te laisser emprisonner.» La passion finit par le rattraper. «Tu me disais peu "Je t'aime", mais tu me l'écrivais souvent. Je ne sais pas si tu avais aimé avant moi. (...) Dès qu'il s'agissait de sentiments, les mots restaient coincés dans ta gorge.»
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Après huit mois de relation, le couple emménage ensemble. Trois ans plus tard, décision est prise de devenir parents. «Un enfant, nous en avons voulu un au même moment», raconte Gaëlle Pietri dans sa lettre posthume. Un soir à Séoul, après un événement Chanel dont Gaspard est l'égérie, le couple fait la fête. Le lendemain, le mannequin a la nausée. Un test sanguin et le verdict tombe : Gaëlle Pietri est enceinte. La deuxième échographie annonce un garçon. Orso naît le 12 janvier 2016 à 19h14. «Tu as les larmes aux yeux. Tu es bouleversé. Tu coupes le cordon. Et tu dis : c'est le plus beau jour de ma vie. Je suis l'homme le plus heureux du monde.»
Gaspard Ulliel et Gaëlle Pietri à la 20e cérémonie des Lumières. (Paris, le 2 février 2015.) Getty Images
La rupture
Le conte de fée s'arrête pourtant. Brutalement. «En 24 heures, tu étais parti. En 24 heures, six années balayées.» Voilà alors quelque temps que Gaëlle Pietri sent son célèbre compagnon plus froid, plus distant, depuis un tournage avec une actrice dans une ville de province. Une dispute éclate. Les mots de l'acteur sont sans équivoque : «Je n'ai pas été indifférent.» Dans son livre, Gaëlle Pietri n'en dit pas plus. Finalement, c'est avec un message, «une longue lettre rédigée dans une belle langue», que Gaspard Ulliel mettra fin à son histoire d'amour. «Elle dit ta gratitude de m'avoir rencontrée, elle dit ta douleur à l'idée de briser notre famille, elle dit les choses qu'on dit et qu'on déroule comme un générique de film pour s'achever par l'irréfutable FIN.» Tout à coup, le monde de Gaëlle Pietri s'effondre : «J'ai cru mourir quand tu m'as quittée.»
Pourtant, elle tient bon. Elle est mère. Face au petit Orso, elle cache sa tristesse. Remonte la pente tant bien que mal. Développe un vitiligo. Et pour le bien de leur fils, l'ancien couple renouera dans la complicité. «Cette manière que nous avons eue de déployer notre intelligence en direction du bien-être d'Orso. Plus qu'une réconciliation, une pacification.»
Bien que séparé, le duo se retrouvera d'ailleurs pour passer le confinement en famille, à trois, à Fontainebleau. «Tu étais souvent absent. Et moi encore animée par la rancœur et la tristesse (...) S'est-il passé quelque chose entre nous pendant le confinement ? Rien, sinon la découverte qu'il n'y avait aucune amertume profonde et que nous étions capables de nous rassembler autour d'Orso.» Aujourd'hui, alors que Gaspard Ulliel a disparu, Gaëlle Pietri s'attache à protéger son fils. Sa priorité numéro un, la même que l'acteur défunt.
Source: Le Figaro
