Handball : moins clinquant, le Paris SG rêve (quand même) de la Ligue des Champions

June 17, 2023
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Face à Kielce ce samedi (18h00) en demi-finales, le club champion de France veut croire que sa 6e participation au Final Four sera la bonne pour décrocher le titre européen qu'il ambitionne.

Moins de stars, moins de paillettes, moins de glamour, mais enfin un titre en Ligue des Champions ? C'est ce qu'espèrent les Parisiens ce week-end, eux qui s'apprêtent à disputer leur sixième Final Four européen lors des huit dernières saisons, pour un bilan jusqu'à présent de quatre 3es places et une finale perdue, en 2017, douloureusement, d'un but à la dernière seconde face au Vardar Skopje (23-24). À l’époque, cet échec ne paraissait devoir n'être qu'un contretemps pour le Paris SG, au budget gonflé par les capitaux qataris et au recrutement 4 étoiles chaque été. Au point d'avoir compté dans ses rangs pendant trois saisons le trio Nikola Karabatic-Mikkel Hansen-Sander Sagosen, alors considéré comme les trois meilleurs joueurs du monde.

Aujourd'hui, de ce formidable trio, il ne reste que le premier nommé, le Danois étant retourné dans ses pénates à Aalborg tandis que le Norvégien a rejoint Kiel, éliminé justement par le PSG en quarts de finale. Et encore, pas tout à fait puisque Karabatic souffre depuis un trimestre d'une phlébite à la jambe droite, ce qui ne lui permettra pas d'être présent sur le parquet à Cologne pour défier Kielce en demi-finales samedi (18h00), avant une éventuelle finale dimanche contre Barcelone ou Magdebourg. Au sein de ce quatuor, auparavant, le Paris SG aurait fait figure de favori aux côtés de l'ogre catalan. Mais plus maintenant, avec un effectif moins clinquant et des blessures préjudiciables – Nikola Krabatic et Elohim Prandi, même si ce dernier pourrait jouer quelques minutes en demies. À tel point que d'avoir réussi à s'inviter à la table des grands sonnerait presque déjà comme une victoire pour ce PSG plus terre à terre.

Personne ne voyait le Paris Saint-Germain dans cette situation, vraiment, et je les comprends. Elohim Prandi

«Personne ne voyait le Paris Saint-Germain dans cette situation, vraiment, et je les comprends», avouait, avant sa fracture à la main gauche, Elohim Prandi. «On a perdu de sacrés gros éléments. Mais quand je parle avec ma mère (Mézuela Servier, ex-internationale dans les années 1990), depuis le départ, elle me dit que ça va prendre, que c'est peut-être cette année, où on est le moins attendu qu'on va le faire. On verra, chaque chose en son temps.» En effet, en perdant l'été dernier des cadres tels que Mikkel Hansen, Nedim Remili, Benoit Kounkoud, Vincent Gérard ou encore Yann Genty, il semblait délicat de voir le PSG se maintenir aussi haut, au sortir d'une saison historique en Championnat de France avec 30 victoires en autant de matches joués. «On a eu beaucoup de gens qui sont partis à l'intersaison, rappelle Luka Karabatic. Il a fallu retravailler, remettre des bases. Ça a été difficile. Évidemment, aujourd'hui, maintenant qu'on en est là, on a envie de plus. On va essayer d'aller chercher plus.»

En Starligue, malgré trois défaites, le Paris SG est parvenu à conserver sa couronne, avec un 10e titre national depuis l'arrivée de Qatar Sports Investment (QSI) – le 9e d'affilée. Mais en Coupe de France, la chute a été vertigineuse en demi-finale face à Montpellier (20-33). Une immense claque qui, paradoxalement, a fait du bien aux Parisiens selon Prandi : «Elle a fait mal. Je ne me souviens pas du Paris Saint-Germain ayant pris une tôle pareille. Le sursaut d'orgueil a été important. Psychologiquement, il a créé quelque chose. Depuis, on s'axe énormément sur la défense. On sait qu'en attaque, on est très très fort mais défensivement, on n'allait pas assez à la bagarre, on manquait d'impact physique. Depuis, on réussit un sans-faute, on voit un changement d'attitude, un autre visage de l'équipe.» Et l'arrière de l'équipe de France d'ajouter : «Le Paris Saint-Germain n'est pas mort. L'équipe montre qu'elle a un gros caractère, du coeur et qu'elle sait où elle veut aller.»

Avec un budget réduit de 2,5 millions d'euros, ce qui explique ce recrutement moins étincelant et cette profondeur de banc raccourcie, le Paris SG figure encore parmi les nantis du Vieux Continent, sans en être l'un des plus fortunés. Ce qui n'est pas très grave selon Luc Steins, son formidable demi-centre de poche (1,73m) : «Ça n'empêche pas de bien jouer au handball. D'ailleurs, je pense que ça ne change rien sur le terrain pour nous. Bien sûr, on a perdu quelques joueurs importants, mais il y a aussi des joueurs qui sont venus pour nous renforcer. Ensuite, cela prend peut-être un peu plus de temps qu'avec un groupe qui est resté ensemble plus longtemps. Mais pour nous, ça ne change pas grand-chose. Simplement, le challenge est sans doute un peu plus grand que d'habitude.»

Sur le plan du jeu, le PSG peut toujours s'appuyer sur une attaque très performante autour de son maestro Steins, avec un Dainis Kristopans tournant à plein régime du haut de ses 2,13m et des ailiers (Solé, Balaguer, Grébille) performants, même si la probable absence de Prandi, qui avait pris une nouvelle dimension cette saison, devrait s'avérer être un sérieux handicap. Et défensivement, après une première moitié de saison tâtonnante sur ce plan, les troupes dirigées par Raul Gonzalez – qui a prolongé son contrat en tant qu'entraîneur jusqu'en 2025, lui qui était arrivé en 2018 – sont montées en puissance ces dernières semaines autour du tandem Luka Karabatic-Henrik Toft Hansen et des gardiens Jannick Green et Andreas Palicka, particulièrement complémentaires. Ce qui faisait dire à Thierry Omeyer, le manager général du PSG : «Franchement, l'équipe cette année est très équilibrée. Les forces sont réparties un peu partout. Plutôt que d'avoir un ou deux joueurs stars, on a des joueurs qui sont capables d'apporter à tous les postes une belle synergie collective. Et puis qu'est-ce qu'un joueur star, qui l'est ou ne l'est pas ?»

Alors cette équipe parisienne peut-elle décrocher le Graal après lequel elle court depuis tant de saisons, au moment même où, sur le papier, elle parait la moins bien armée ? Le paradoxe serait amusant, en tout cas. Début de réponse ce samedi face aux Polonais de Kielce, où évoluent notamment deux anciens pensionnaires de Coubertin : Benoit Kounkoud et Dylan Nahi. «Toutes les équipes évoluent, changent, mais le plus important c'est qu'en dépit des changements, l'équipe garde le même niveau», souligne Raul Gonzalez. «Le club cherche à continuer comme ça, en prenant des décisions, en sachant à peu près quels joueurs vont partir, et en ayant beaucoup de contacts avec des joueurs qui pourraient venir pour la saison prochaine».

Source: Le Figaro