A Marseille, Marcel Pagnol embarqué dans une polémique politique

June 17, 2023
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Le château de la Buzine, acheté en 1941 par l’écrivain Marcel Pagnol, dans le 11e arrondissement de Marseille, le 17 juin 2011. BERTRAND LANGLOIS / AFP

Le Printemps marseillais veut-il la peau de Marcel Pagnol ? L’accusation, telle une étincelle dans la garrigue provençale, a enflammé les réseaux sociaux et le débat politique jeudi 15 juin. A l’origine de l’incendie, la révélation par Le Figaro d’une délibération qui doit être votée au conseil municipal du 30 juin 2023 par la coalition de gauche qui dirige Marseille. Le texte entérine le changement de gestionnaire du château de la Buzine, un centre culturel municipal basé dans le 11e arrondissement, sur un site ayant appartenu à Marcel Pagnol, jusqu’à sa vente à la ville en 1971.

Après un appel d’offres et le passage devant une commission de sélection, l’association du château de la Buzine, présidée depuis 2017 par Nicolas Pagnol, petit-fils de l’écrivain, est écartée. Le nouveau délégataire de service public sera le centre de culture ouvrière (CCO), une structure qui pilote une dizaine de centres sociaux à Marseille, associée à La Prod du Sud, un loueur de matériel audiovisuel.

« La mairie nous vire »

Le cri d’alerte de Nicolas Pagnol au Figaro – « La mairie nous vire » –, et son initiative de lancer une pétition contre la décision, ont immédiatement déclenché un torrent de réactions des élus de droite et d’extrême droite, accusant la municipalité marseillaise de vouloir « tuer la culture provençale ». En oubliant que les dernières expositions de la Buzine étaient consacrées… à James Bond, Steven Spielberg ou encore Brigitte Bardot.

En voulant confier la délégation de service public du "Château de la Buzine" à #Marseille aux communistes, @BenoitPayan relance les purges communistes. Faire ce choix, c'est faire sortir Pagnol du Château de ma Mère. C'est inacceptable ! Les Marseillais doivent le savoir ! pic.twitter.com/V6fqSzd2aD — Valérie Boyer (@valerieboyer13) June 15, 2023

Sur son compte Twitter, la sénatrice Les Républicains Valérie Boyer évoque « les purges communistes ». Son collègue au Sénat Stéphane Le Rudulier dénonce « le wokisme […] des ayatollahs vert et rouge ». Le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier (Renaissance, ex-LR), se dit « scandalisé », alors que la présidente de la métropole Aix-Marseille, Martine Vassal (LR), assure Nicolas Pagnol de « son soutien ». A un moment où les tensions politiques entre majorité et opposition sont à nouveau exacerbées à Marseille, l’occasion d’attaquer le maire Benoît Payan (DVG) est belle.

Lire aussi (2011) : Le château de Pagnol devient cité du cinéma Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections

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L’unanimité des élus de droite est d’autant plus forte que la directrice générale du château, Valérie Fedele, fut l’une des leurs. Conseillère d’arrondissement de la majorité de l’ancien maire Jean-Claude Gaudin et proche de Valérie Boyer, sa nomination en 2013 à la tête de la Buzine avait été lue comme un passe-droit politique. A l’origine de la venue de Nicolas Pagnol, Mme Fedele faisait partie des experts sollicités par Martine Vassal pour préparer son programme électoral en 2020. Sous sa direction, la Buzine a retrouvé un équilibre financier mais s’est vue critiquée pour une programmation artistique sans élan.

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Source: Le Monde