Pour le lancement de ses états généraux, LR roule à droite et tape sur la majorité
Le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, lors des états généraux de la droite au Cirque d’hiver, à Paris, le 17 juin 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP) LUDOVIC MARIN / AFP
« Et n’oubliez pas, la droite est de retour ! » Au milieu de la piste du Cirque d’hiver, Eric Ciotti prend congé des 1 600 personnes présentes (selon l’organisation) pour le lancement des états généraux du parti Les Républicains (LR), ce samedi 17 juin. Le président de LR est passé entre les gouttes. Dehors, l’orage vient d’éclater et certains militants bravent le déluge parisien pour courir en direction de la bouche de métro la plus proche. Les autres s’agglutinent à l’entrée. Au milieu d’eux, Olivier Marleix regarde le ciel, dubitatif.
Quelques minutes plus tôt, le patron du groupe LR à l’Assemblée nationale a assisté à une table ronde sur la « menace wokiste » avec le très médiatique sociologue québécois Mathieu Bock-Côté et Eric Naulleau. L’éditeur, ami d’Eric Zemmour, a dénoncé le « wokisme comme un totalitarisme » et qualifié la députée écologiste Sandrine Rousseau de « peine à jouir ». Le public est conquis, Eric Ciotti sourit au premier rang mais un élu trouve que le casting de la journée manque un peu de progressistes, quand un autre plus ironique demande le nom « de cette nouvelle émission de CNews ».
Avec cette thématique et leurs offensives sur l’immigration avec deux propositions de loi, Les Républicains assument de rouler à droite. « En acceptant de nous refonder, en retrouvant la voix d’une droite d’ordre et de liberté, de progrès et d’identité, nous continuerons de nous battre pour notre pays », a affirmé M. Ciotti lors de son discours. Le député des Alpes-Maritimes a déroulé ses thèmes de prédilection – la sécurité, l’immigration – mais a aussi attaqué une gauche « convertie au mélenchonisme intégral ».
Experts, sketches et doléances
Pas un mot sur l’environnement. Le matin même, Antoine Vermorel-Marques assure pourtant au Parisien qu’il est possible « d’avoir un discours écologique de droite ». Le député de la Loire a d’ailleurs envoyé un fascicule de dix pages sur la question (écrit avec trois autres élus du parti) à son président. Mais dans ce temple de la boxe qu’est le Cirque d’hiver, Eric Ciotti a d’autres priorités. Il n’hésite pas à lâcher ses coups contre la majorité alors que l’idée d’un accord de gouvernement flotte toujours dans l’air. « La droite est là, debout, indépendante, supplétive de personne, forte, elle veut gagner », dit-il.
Avant lui, Gérard Larcher a donné le ton. Parfois cité pour Matignon, le président du Sénat joue les procureurs de la Macronie. « En tentant de désagréger artificiellement les fondements de notre système politique, Emmanuel Macron a nourri les extrêmes, de droite comme de gauche, attaque-t-il. Il a appauvri le débat jusqu’à la caricature. » A entendre le sénateur des Yvelines, l’heure n’est plus à attendre que le président de la République se décide à tendre la main à la droite. « Je reste convaincu que la bonne stratégie doit être l’indépendance et la responsabilité, poursuit-il. L’indépendance est la garantie de notre légitimité. »
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Source: Le Monde