La cession annoncée de Jeumont Electric à Framatome et Naval Group inquiète
In fine, 70 % pour Framatome et 30 % pour Naval Group : la cession de Jeumont Electric à ces deux entités a été annoncée, mercredi 14 juin, par Philippe Garelli, son président et actionnaire, lors d’un comité social et économique extraordinaire. Elle devrait intervenir d’ici à la fin de 2023. Fondé en 1898 et employant 500 personnes à Jeumont (Nord), dans l’Avesnois, Jeumont Electric fabrique des moteurs électriques et des alternateurs pour les secteurs de l’énergie nucléaire, de la marine et de l’industrie.
Ancienne filiale de Framatome, puis d’Areva, la société appartient depuis 2007 au groupe français Altawest, présidé par Philippe Garelli, et compte également trois petites filiales à Carquefou (Loire-Atlantique), Etupes (Doubs) et Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne), ainsi que celle créée en Inde en 2009. Cela représente au total 720 salariés.
« Pourquoi Naval Group prendrait 30 % de Jeumont Electric, ce qui est insuffisant pour avoir un pouvoir de décision et alors qu’il est en capacité de fabriquer nos commandes ? Quel est son intérêt ? » s’interroge Florian Brasseur, délégué CGT de Jeumont Electric. « Nos carnets de commandes sont pleins », assure-t-il et, si le site a perdu le contrat des propulseurs avec l’annulation de la commande australienne de nouveaux sous-marins en septembre 2021, il restait le rétrofit, à savoir le remplacement des composants anciens de sa flotte actuelle. « Cela peut pérenniser notre activité pour les vingt ans à venir. Alors, évidemment, ça intéresse Naval Group… »
« Nous avons perdu la confiance de nos fournisseurs »
« Quand il y a rachat ou cession, il est bien rare que ça se passe tranquillement et sans casse », s’inquiète Ludovic Bouvier, secrétaire général de la CGT Métallurgie dans les Hauts-de-France, qui dit s’attendre « au pire ». Naval Group, de son côté, se refuse à tout commentaire sur cette opération.
A l’étroit sur son site de Jeumont – simplement « séparé par un mur de parpaings de celui de Jeumont Electric », observe M. Bouvier –, Framatome, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, a besoin d’y créer rapidement une nouvelle ligne de production et multiplie depuis deux ans les job datings pour recruter par vague de cent personnes. Les perspectives ouvertes par les annonces d’Emmanuel Macron sur la construction de futurs EPR et la réhabilitation du parc nucléaire existant font que Framatome est trop enserré dans ses murs. Cet acteur majeur de l’atome en France (700 salariés à Jeumont et Maubeuge) se redéploie dans l’Avesnois, où il rachète des friches industrielles comme à Boussières-sur-Sambre, un village de 600 âmes sis à une vingtaine de kilomètres de Jeumont.
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Source: Le Monde