Edenred : Edenred, Worldline, UMG…Ces groupes qui ont surclassé leur ex-maison-mère en Bourse

June 17, 2023
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(BFM Bourse) - Edenred débarque sur le CAC 40 plusieurs années après que son ex-maison-mère Accor a, elle, quitté l'indice parisien. Il n'est pas rare que d'anciennes divisions de grands groupes finissent par obtenir une valorisation supérieure à leur ancien propriétaire.

Edenred se retrouve désormais dans un club très sélect dont son ancienne maison-mère a été expulsée, il y a un peu moins de trois ans. Le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail a rejoint vendredi à la clôture du marché le CAC 40, quelques années donc après qu'Accor l'a quitté.

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Le groupe connu pour sa marque Ticket Restaurant est, rappelons-le, issu d'une scission du groupe hôtelier qui a abouti à son introduction en Bourse en 2010. Depuis, les parcours boursiers des deux groupes ont connu des destins bien différents. Le cours d'Edenred a été multiplié par plus de 5,5 quand celui d'Accor a progressé d'un peu moins de 40%.

Edenred a connu une croissance de haut vol, tirant pleinement partie de marchés sous-pénétrés et d'une diversification réussie. De son côté, Accor a été pénalisé par la pandémie dont le groupe hôtelier n'a commencé à se remettre que depuis un peu moins d'un an. Tant et si bien qu'aujourd'hui Edenred vaut presque deux fois plus en Bourse que son ex-maison-mère (15,4 milliards d'euros contre 8,8 milliards pour Accor).

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Créer de la valeur en scindant les activités

Le cas d'Edenred n'est pas isolé car il existe plusieurs exemples de grands groupes qui décident de scinder une partie de leur activité pour créer de la valeur au point que la société créée finit par dépasser la capitalisation boursière de son ex-propriétaire.

Rappelons qu'une scission est généralement appréciée du marché, car les investisseurs valorisent très souvent mieux des activités séparées qu'un ensemble de métiers auxquels ils appliquent une décote de holding. Ces opérations permettent parfois de révéler la valeur d'un actif caché au sein d'une société.

"Même si la somme des parties, d’un point de vue mathématique, n’est pas toujours de mise en Bourse, la valorisation d’un pure-player [une entreprise évoluant dans un secteur d'activité unique, NDLR] est souvent supérieure à celle d’un groupe aux modèles d’affaires souvent différents", nous expliquait Nisa Benaddi associée chez EuroLand Corporate dans un article consacré à ce sujet.

Worldline qui a supplanté Atos

Outre Edenred, un autre exemple récent existe avec Worldline, société spécialisée dans les paiements qui a été introduite en Bourse en 2014 par Atos et dont le groupe de services numériques est totalement sorti du capital en 2022. Atos a quitté le CAC 40 en 2021, alors que son ex-filiale y est entrée en 2020, la cohabitation n'ayant donc duré que quelques mois.

Worldline pèse actuellement 10 milliards d'euros en Bourse et Atos… 1,5 milliard. Les difficultés se sont accumulées pour le groupe autrefois dirigé par Thierry Breton, avec plusieurs avertissements sur résultats, des réserves émise par les commissaires sur les comptes 2020 (et levées, certes, quelques mois plus tard), trois directeurs généraux qui se sont succédé depuis 2019, ou encore un plan stratégique qui a inquiété le marché avec des questions sur son exécution et son financement, l'an passé.

Cela dit, si Worldline est loin d'avoir connu les mêmes soucis que son ancienne maison-mère, le groupe pâtit depuis la fin 2021 d'un problème de perception de la part du marché, qui redoute que les acteurs traditionnels du paiement (comme Worldline mais aussi l'italien Nexi) subissent d'importantes pertes de parts de marché avec l'arrivée de nouveaux acteurs comme le néerlandais Adyen. Bien que ces craintes ne se soient pas réellement matérialisées, cette perception de marché a du mal à disparaître.

La belle histoire de Dassault Systèmes

Vivendi est un cas un peu particulier. Le groupe a fait le choix de se séparer d'Universal Music Group (UMG), son bijou, pour cristalliser de la valeur, en cotant la maison de disques à la Bourse d'Amsterdam à l'automne 2021 et en distribuant son capital à ses actionnaires. Ce qui a bénéficié à ses porteurs, mais a eu pour conséquence de diviser par trois sa capitalisation boursière. Il s'agit d'une des raisons qui ont expliqué l'éviction de Vivendi du CAC 40, lundi dernier. A l'heure actuelle, la valorisation d'UMG représente 35 milliards d'euros contre 8,8 milliards pour Vivendi qui possède toujours environ 10% d'UMG.

On peut citer également Dassault Systèmes et Dassault Aviation même s'il convient de nuancer quelque peu le tableau. A proprement parler, Dassault Systèmes n'a pas été vraiment une filiale de Dassault Aviation. Mais c'est bien grâce aux travaux d'une équipe d'ingénieurs de l'avionneur spécialisée dans la conception des produits en 3D que la société est née, en 1981.

Situé sur le créneau porteur de la conception et fabrication assistée par ordinateurs, Dassault Systèmes a connu une belle histoire boursière depuis son introduction sur la cote parisienne en 1996 (et à la Bourse de New York aussi à l'époque) avec un cours multiplié par pas loin de 40 depuis.

Son parcours lui a ouvert les portes du CAC 40 en 2018, alors que Dassault Aviation, qui pâtit d'un flottant limité en Bourse (27%), évolue à l'étage inférieur, sur le SBF 120. Si Dassault Systèmes affiche une capitalisation boursière de 54 milliards d'euros, près de quatre fois supérieur à celle de l'avionneur, la capitalisation de Dassault Aviation est loin d'être ridicule (14,14 milliards) et constitue même sur le papier la 33e de la Bourse de Paris. Mais comme dit précédemment, son absence de flottant représente un important frein pour faire entrer la valeur dans le CAC 40.

La "cannibalisation" Porsche- Volkswagen

L'absence d'un flottant important n'a toutefois pas empêché le succès du dernier exemple que nous avons retenu, à l'étranger. En Allemagne, Volkswagen a choisi d'introduire en Bourse sa filiale Porsche AG à l'automne dernier, suscitant alors l'engouement du marché et réalisant la plus grosse introduction en Bourse depuis dix ans.

A tel point que Porsche a rejoint le DAX 40 dans la foulée, en décembre, et que sa capitalisation boursière a rapidement pris de vitesse celle de Volkswagen. Porsche pèse ainsi pour 107 milliards d'euros à la Bourse de Francfort tandis que le constructeur "mass-market" ne vaut "que" 78 milliards d'euros. Pourtant Volkswagen détient toujours 75% du capital de son ex-filiale…

Un analyste spécialiste du secteur automobile souligne qu'un phénomène "de cannibalisation" s'est observé, à savoir que les investisseurs ont arbitré les deux valeurs en vendant des actions Volkswagen pour acheter celles de Porsche AG. Souhaitons à Renault de ne pas connaître le même destin avec l'introduction en Bourse prévue au second semestre cette année de sa filiale dédiée à l'électrique, Ampère.

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse

Source: BFM Bourse