Missak Manouchian, héros de la Résistance, étranger et communiste, va entrer au Panthéon
Emmanuel Macron a annoncé, dimanche, l'entrée de Missak Manouchian, dans le temple des personnalités qui ont marqué l'histoire de la nation française. Figure de la Résistance fusillée par les Allemands, "Missak Manouchian porte une part de notre grandeur", a déclaré le président.
Réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoignit en 1943 la résistance communiste où il s'illustra à la tête d'un réseau très actif avant d'être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 févrer 1944.
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Un rescapé du génocide arménien, apatride et communiste s’apprête à faire son entrée au Panthéon. Emmanuel Macron a annoncé, dimanche 18 juin, l'entrée de Missak Manouchian, héros de la Résistance, dans le temple des personnalités qui ont marqué l'histoire de la nation française.
"Missak Manouchian porte une part de notre grandeur", il "incarne les valeurs universelles" de liberté, égalité, fraternité au nom desquelles il a "défendu la République", déclare la présidence dans un communiqué.
Le président, qui salue la "bravoure" et "l'héroïsme tranquille" de Missak Manouchian, rend aussi hommage, à travers lui, à tous ses compagnons d'armes étrangers, Espagnols, Italiens ou Juifs d'Europe centrale. "Le sang versé pour la France a la même couleur pour tous", souligne l'Elysée.
Missak Manouchian entrera au Panthéon "accompagné de Mélinée", son épouse d'origine arménienne, résistante comme lui, qui lui survécut 45 ans et repose à ses côtés au cimetière d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), a précisé l'Elysée.
C'était le souhait de la famille, comme pour Simone Veil et son époux Antoine, entrés au Panthéon en 2018. Le couple Manouchian reste ainsi unis dans la mort mais Mélinée n'est pas elle-même panthéonisée.
Cette annonce coïncide avec le 83e anniversaire de l'Appel du 18 Juin, que le président commémorera comme chaque année dans la matinée au Mont-Valérien, près de Paris, où un millier de résistants et otages, dont Missak Manouchian, furent exécutés par l'armée allemande pendant l'Occupation.
"Un étranger mort pour la France"
Rescapé du génocide arménien, apatride, réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoignit en 1943 la résistance communiste où il s'illustra à la tête d'un réseau très actif avant d'être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 févrer 1944.
Il devient le premier résistant étranger et communiste à entrer dans le temple des grandes figures de la République, au côté de Voltaire, Victor Hugo ou Marie Curie.
Avant lui, huit membres de la Résistance ont déjà ainsi été honorés depuis le transfert des cendres de Jean Moulin en 1964, dont quatre - Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay - sous François Hollande en 2015.
"Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement", écrivit Missak à Mélinée, juste avant de mourir, proclamant aussi n'avoir "aucune haine contre le peuple allemand".
Depuis 2017, Emmanuel Macron a déjà panthéonisé Simone Veil, Maurice Genevoix et Joséphine Baker. La panthéonisation de Missak Manouchian était ardemment souhaitée par la gauche française, notamment le parti communiste.
"Pour nous, l'essentiel c'est que ce soit un étranger mort pour la France qui entre au Panthéon", souligne le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, dont le grand-père, Albert, fut le chef de Missak Manouchian dans la Résistance.
"Ça dit beaucoup de ce qu'est la Nation française", c'est un "message fort d'intégration pour les jeunes d'aujourd'hui", a-t-il déclaré à l'AFP.
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Séquence mémorielle
Parallèlement, 91 résistants et otages étrangers fusillés comme lui au Mont-Valérien sont aussi reconnus "morts pour la France". Célébré par Aragon et Léo Ferré, Missak Manouchian est aussi entré dans la mémoire collective avec "l'Affiche rouge", placardée dans tout-Paris par la propagande nazie durant son procès pour désigner son groupe à la vindicte.
"L'Affiche rouge" est aussi le titre d'un film sorti en 1976, qui immortalisa l'histoire du groupe Manouchian à l'écran. Au Mont-Valérien, le chef de l'Etat se recueillera vers 10 h 40 dans la Clairière des fusillés, où résistants et otages furent exécutés.
Il décorera un ancien résistant, Robert Birenbaum, issu comme Missak Manouchian du groupe des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI).
Georges Duffau-Epstein, fils du résistant Joseph Epstein qui fut arrêté avec Missak Manouchian lors d'un rendez-vous clandestin, sera également présent.
Le président sera accompagné de la Première ministre Elisabeth Borne, du ministre des Armées Sébastien Lecornu et du chef d'état-major des Armées Thierry Burkhard.
Le chef de l'État entendra ensuite l'Appel du 18 Juin et le Chant des partisans avant un temps de recueillement dans la crypte du Mont-Valérien, où sont inhumés 16 résistants, officiers et soldats morts pour la France en 39-45, ainsi que Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération.
L'hommage rendu dimanche s'inscrit dans une longue séquence mémorielle autour du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui se poursuivra en 2024 avec le débarquement en Normandie et la Libération de Paris.
Avec AFP
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Source: FRANCE 24