" La croissance de l’investissement extérieur en France est synonyme de consommation du capital domestique détenu par la France "

June 19, 2023
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A la suite de la journée « Choose France » du 15 mai à Versailles, le gouvernement et la presse se sont largement étendus sur les 1 725 projets d’investissement direct étranger (+ 7 %) déposés en 2022. La France représenterait de ce fait la zone d’attractivité la plus forte en Europe, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni.

On ne reviendra pas ici sur la pertinence de cet indicateur, les commentateurs ayant déjà noté que la hiérarchie entre les trois pays s’inverse si l’on classe ces projets en termes de valeur, de nombre d’emplois générés par projet, ou de soldes entre arrivées et départs d’opérateurs extérieurs déjà installés.

On s’interrogera donc plutôt sur les mécanismes à l’œuvre pour expliquer ces flux de ressources, et sur leur bilan final, peut-être moins enthousiasmant qu’on ne pourrait le penser. Comme partout ailleurs dans l’Union européenne (UE), on ne peut évidemment investir en France que si l’on dispose d’euros.

Une option particulière

Si des opérateurs extérieurs nous « achètent » ces euros en échange de leur propre monnaie nationale, la France dispose alors d’une créance sur les économies d’où proviennent ces devises étrangères. Par exemple, si des investisseurs japonais nous donnent des yens en contrepartie des euros dont ils ont besoin pour ce faire, la France pourrait acheter une firme au Japon grâce à ces yens. D’une manière plus générale, la France disposerait d’un droit d’achat sur le capital, les biens ou les services produits par l’économie japonaise.

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Si ces investisseurs doivent emprunter à la France les euros nécessaires, ils devront lui rembourser le principal, c’est-à-dire la valeur initiale de l’actif acheté ou créé, augmenté de l’intérêt sur l’emprunt, lequel est censé correspondre au taux de rentabilité de l’investissement.

En bref, ils rendront à la France une quantité d’euros suffisamment importante pour lui permettre, si elle le désire, de racheter à terme le capital crée ou acheté par les opérateurs. En revanche, si cet investissement est financé à l’aide d’euros déjà détenus par les opérateurs étrangers, l’équation est différente.

Dans le cas d’une France déficitaire vis-à-vis de l’UE

La France n’acquiert alors aucune créance sur les économies étrangères et aucun moyen de racheter le capital investi. Elle ne fait que céder son droit de propriété (et donc de contrôle) sur une partie de sa structure de production domestique. Mais comment des investisseurs étrangers pourraient-ils détenir des euros qu’ils n’auraient pas besoin d’emprunter (et donc de nous rendre) ou d’échanger contre leurs propres devises ?

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Source: Le Monde