Hausses des taux et croissance en Chine, le mauvais " combo " qui a fait plier le Cac 40 de plus de 1% ce lundi

June 19, 2023
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Par Denis Lantoine

Publié le 19 juin 2023 à 17:54 Mis à jour le 19 juin 2023 à 18:11

A l’instar des places financières européennes et asiatiques, la Bourse de Paris a fait machine arrière ce lundi après avoir inscrit sa meilleure performance hebdomadaire depuis la mi-avril. Certains observateurs se demandent si le récent rebond n’est pas excessif au vu des incertitudes concernant la politique monétaire de la Fed et la solidité de la reprise chinoise. En clôture, le Cac 40 a lâché 1,11%, à 7.311,21 points, mais dans un faible volume d’échanges de 2,6 milliards d’euros en raison de l’absence des investisseurs américains en ce jour de fermeture de Wall Street pour « Juneteenth », qui commémore l’abolition de l’esclavage. Le Dax 40 a perdu 0,95% en Allemagne, Tokyo avait fini en baisse de 1%.

Vendredi, le S&P 500 a clôturé en repli tout en signant sa cinquième progression hebdomadaire consécutive. Le Nasdaq Composite s’est quant à lui apprécié de 3,3% sur la semaine. « Les deux indices sont désormais à leur plus haut depuis le printemps dernier, et se trouvent tous deux en zone de surachat. La volatilité continue de diminuer, tandis que les investisseurs se demandent si c’est le calme avant la tempête », prévient Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote.

Les responsables de la Fed sortent du silence

La Réserve fédérale a marqué une pause dans son cycle de resserrement monétaire mercredi dernier, mais son graphique en points symbolisant les anticipations de ses membres laisse entrevoir deux hausses de taux supplémentaires cette année. Vendredi, le gouverneur Christopher Waller a déclaré que l'inflation core « ne diminue pas comme je le pensais ». Thomas Barkin, le président de la Fed de Richmond, a quant à lui estimé que le scénario d‘un ralentissement de l’inflation est plausible tout en se disant « à l'aise » avec l'idée de nouvelles hausses de taux d'ici la fin de l'année. Onze responsables de la Fed doivent prendre la parole cette semaine, dont son président.

Jerome Powell prononcera son discours semestriel de politique monétaire devant la Chambre des représentants et le Sénat, respectivement mercredi et jeudi. Ce rendez-vous « devrait être l’événement clé de la semaine, mais comme il intervient juste après la réunion du comité de politique monétaire, il est difficile de savoir ce qu’il pourrait dire de particulièrement nouveau », s’interroge Jim Reid de Deutsche Bank.

La banque centrale chinoise devrait, elle, réduire le taux de ses prêts préférentiels à moyen terme afin de redynamiser certains secteurs. Mais, pour l’heure, les autorités n’ont pas encore dévoilé d’autres mesures précises de soutien à l’économie, se contentant d’indiquer à l’issue d’une réunion vendredi qu’elles seront présentées « le moment venu ». Goldman Sachs, qui s’attend à des mesures de moindre ampleur qu’anticipé, a révisé en baisse ses prévisions pour la croissance de l’économie chinoise à 5,4% cette année, contre 6% auparavant et de 4,6% à 4,5% pour 2024. Sensibles à l’économie chinoise, les valeurs du luxe et les grandes cycliques reculent.LVMH, Kering et Air Liquide ont perdu de 1,6% à 3,8%.

Dissensions au sein de la BCE

Plus près de nous, certains membres du conseil de la BCE estiment que de futures hausses de taux pourraient être nécessaires après celle de juillet suggérée par Christine Lagarde. « Nous avons encore du chemin à parcourir », a déclaré Joachim Nagel, le président de la Bundesbank, et d’ajouter que « nous pourrions être amenés à poursuivre les hausses de taux après les vacances d’été ». Isabel Schnabel juge quant à elle que le moment n’est pas à la complaisance et qu’il va falloir continuer à relever les taux « quitte à pécher par excès ».

Le belge Pierre Wunsch estime pour sa part qu’il faudrait une « baisse substantielle » de l’inflation sous-jacente pour que la BCE ne relève pas ses taux en septembre. « Si l’inflation core se maintient autour de 5% sur une base annualisée au cours des prochains mois, il nous faudra resserrer au-delà de septembre », a-t-il déclaré. Philip Lane, chef économiste de la BCE, s’est montré plus nuancé en rappelant que « septembre sera décidé en septembre, juillet sera décidé en juillet ».

Sartorius Stedim chute en Bourse

Sartorius Stedim Biotech a chuté de 12,8%. Le groupe spécialisé dans la production d'équipements pharmaceutiques et de matériel de laboratoire a abaissé ses prévisions financières pour 2023, anticipant une demande plus faible que prévu au second semestre. Le groupe a notamment indiqué qu'il s'attendait désormais pour l'exercice 2023 à ce que « le chiffre d'affaires diminue d'un pourcentage compris entre le bas et le milieu de la fourchette des dizaines ». L’objectif de marge a, lui aussi, été a baissé.

Vinci a perdu 4% et Eiffage 5,4%. Le gouvernement a obtenu l’aval du Conseil d’Etat pour taxer davantage les sociétés d’autoroutes, rapportent Les Echos.

A l’inverse, Airbus a grignoté 0,3%. L’avionneur est sur la bonne trajectoire pour atteindre son objectif de 720 livraisons cette année, a indiqué le président exécutif du groupe, Guillaume Faury, dans un entretien à La Tribune, alors que s’ouvre le salon aéronautique du Bourget. L'avionneur a par ailleurs signé une grosse commande aurpès d'IndiGo.

Getlink a progressé de 2,2%. Morgan Stanley a relevé sa recommandation sur l’opérateur du tunnel sous la Manche de « pondération en ligne » à « surpondérer ».

Source: Investir