Chantiers des JO : dix travailleurs sans-papiers attaquent des mastodontes du BTP aux prud’hommes

June 20, 2023
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En mars 2022, une inspection de l’Uracti (Unité de l’inspection du travail dédié à la lutte contre le travail illégal) avait permis, pour la première fois, d’identifier la présence de travailleurs sans papiers sur les chantiers des Jeux olympiques de Paris 2024.

Un an plus tard, dix d’entre eux ont assigné les entreprises les ayant fait travailler devant le conseil de prud’hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis), a appris Le Parisien auprès de la CGT et la juridiction du travail, confirmant une information de franceinfo ce mardi.

Les ex-sans-papiers, désormais tous régularisés, ont saisi les prud’hommes le 31 mars dernier, par le biais d’une « procédure accélérée » qui doit permettre la tenue plus rapide d’une audience. Celle-ci est prévue le 12 octobre prochain, indique le président du conseil des prud’hommes Cherif Maloum.

Les sans-papiers attaquent huit sous-traitants et quatre entreprises du BTP (Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC). Ces dernières étaient aux commandes des chantiers sur lesquels les ouvriers ont travaillé, notamment plusieurs sites olympiques : le futur village des athlètes en cours de construction à Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Ile-Saint-Denis, ou encore la piscine de Marville, futur site d’entraînement olympique, toujours à Saint-Denis. 6 requérants mettent en cause Spie Batignolles, 5 pointent GCC. Contactée en mars dernier par Le Parisien, l’entreprise Spie Batignolles avait indiqué que les contrôles menés par l’Inspection du travail sur ses chantiers de l’hôpital de Melun (Seine-et-Marne) et du village olympique n’avaient pas révélé la présence de sans-papiers.

Les travailleurs souhaitent dénoncer l’absence de contrat de travail, de fiches de paie, de congés payés ou de rémunération des heures supplémentaires. « Il s’agit de faire constater qu’il existe un contrat de travail non écrit, verbal, et qu’il ne peut donc s’agir que d’un CDI », indique Richard Bloch, défenseur syndical aux prud’hommes pour la CGT, qui accompagne les requérants. Ces derniers réclament le règlement de salaires dûs, et veulent faire reconnaître leur licenciement sans cause réelle et sérieuse ainsi que l’existence de travail dissimulé.

La CGT s’est publiquement inquiétée de n’avoir reçu encore aucune convocation pour une audience, dont elle ne connaissait d’ailleurs pas la date ce mardi matin. « Habituellement on reçoit les convocations huit à 15 jours maximum après le dépôt des requêtes », assure Richard Bloch, qui pointe un « dysfonctionnement majeur au greffe des prud’hommes ». Accusation que rejette Cherif Maloum, lequel assure que « les convocations sont envoyées deux mois avant la date d’audience ».

Une centaine de travailleurs sans papiers, selon la CGT

Après un contrôle de l’Uracti en juin 2022 sur le village des athlètes à Saint-Denis, la Solideo, en charge de la rénovation et de la construction des ouvrages pour les JO, avait porté plainte contre l’entreprise concernée et résilié le marché. Selon la CGT, il y aurait une centaine d’ouvriers en situation irrégulière sur les chantiers de Paris 2024. La Solideo parle quant à elle de « moins d’une centaine de cas » sur 850 contrôles.

Source: Le Parisien