Thibaut Pinot : "Gino Mäder, j'y pense presque à chaque descente"

June 22, 2023
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Thibaut Pinot, comment avez-vous appris la chute mortelle de Gino Mäder dans le Tour de Suisse ?

Thibaut Pinot. : Je l'ai appris pendant un entraînement à La Cluzaz. C'était très compliqué de terminer, j'étais abasourdi. Gino était un coureur qui, comme moi, aimait trainer à l'arrière du peloton et on se retrouvait souvent à parler. Je l'aimais beaucoup. Je m'étais échappé avec lui sur la dernière étape de la Vuelta. On était tous les deux ensemble. C'est dramatique.

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Les gens ne se rendent pas compte ce qu'on fait sur un vélo à 100 km/h

Est-ce que ça vous fait réfléchir sur votre métier ?

T.P. : Depuis l'accident, j'y pense presque à chaque descente à l'entraînement. Pourtant, je n'étais même pas sur le Tour de Suisse. Pour ceux qui y étaient, ça doit être encore plus difficile. Je suis un coureur qui prend un peu moins de risques que les autres parce que j'ai vraiment conscience du danger. On dit souvent qu'il faut débrancher le cerveau dans le vélo. J'ai vraiment du mal avec cette idée. On pratique un sport dangereux.

Connaissez-vous la descente dans laquelle il a chuté ?

T.P. : Cette descente, je l'avais faite il y a presque 10 ans, c'était la même étape. Et je m'en rappelle très bien : j'avais lâché parce que j'avais peur de la vitesse. C'était dans la période où on me critiquait beaucoup sur ma prudence dans les descentes. Mais les gens ne se rendent pas compte ce qu'on fait sur un vélo à 100 km/h. On oublie très vite les risques qu'on prend.

Pourquoi ne pas mettre plus de filets de protection comme on le fait dans le ski ?

Que faudrait-il changer ?

T.P. : Les arrivées en bas de descente, on l'a vu aussi sur le Tour du Pays basque, posent souvent problème. Mais les descentes font partie de la course. Après, pourquoi ne pas mettre plus de filets de protection comme on le fait dans le ski ? Nous, on n'a vraiment rien pour se protéger. Je pense que c'est là-dessus qu'on peut travailler.

Ne faudrait-il pas également moins glorifier les risques que prennent les coureurs ?

T.P. : "Oui, mais on sait bien que ça fait partie du spectacle. C'est toujours plus vendeur. Lorsqu'on voit à la télé le résumé d'une étape, presque un tiers des images sont consacrées aux chutes. Pour nous coureurs, c'est malheureux de voir ça parce qu'il y a autre chose à montrer dans notre sport."

Source: Eurosport FR