Ses imagotag : Après l'attaque de Gotham City Research, SES-imagotag s'effondre en Bourse

June 23, 2023
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(BFM Bourse) - Le spécialiste des étiquettes électroniques a répondu à la note de recherche au vitriol du vendeur à découvert, jugeant qu'elle comportait des inexactitudes grossières. A la Bourse de Paris, l'action, qui était suspendue jeudi lors de la parution de la note de Gotham City, chute de moitié.

Sans trop de surprise, l'action SES-imagotag encaisse mal le choc. Le titre du spécialiste des étiquettes électroniques pour la distribution plonge ce vendredi. Vers 9h50, l'action chutait de 51,4% à 81 euros.

Comme souvent, le marché prend peur après qu'un groupe a été attaqué par un vendeur à découvert. C'est le cas de SES-imagotag, victime de Gotham City Research, fonds d'investissement qui a publié jeudi une longue étude au vitriol sur le groupe français. Ce qui a amené l'action à être réservée à la baisse jeudi puis suspendue à la demande de la société.

"Les informations du rapport vont désormais susciter durablement la défiance, quand bien même la société va chercher à contre-attaquer", juge Invest Securities.

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Gotham Research City, qui parie financièrement sur la chute de l'action via la vente à découvert, affirme avoir identifié des "irrégularités comptables, qui nous amènent à penser que les états financiers de (SES Imagotag) devront être rectifiés". Il considère ainsi que le chiffre d'affaires sur la période 2020-2022 est surévalué d'au moins 7% à 13% et l'Ebitda de 2022 de 106%, précisant qu'une enquête "indépendante et exhaustive" devrait confirmer ses conclusions.

Des accusations de gonflement des comptes

Pour simplifier, Gotham Research City Research met en cause des transactions avec BOE Technology Group, une société chinoise alliée de SES-imagotag (également son plus important fournisseur et l'un de ses clients) et qui possède 32% du capital de l'entreprise française via une filiale, jugeant que ces transactions constituent des boucles et gonflent "artificiellement" le chiffre d'affaires de la société. En d'autres termes, Gotham City Research soupçonne ces ventes d'êtres fictives.

Le fonds considère par ailleurs que le récent contrat avec Walmart n'est pas profitable pour SES-imagotag. Il estime aussi que l'action devrait se traiter entre 15 et 30 euros si le titre de l'entreprise devait s'échanger sur la base de ses comparables (contre 166,8 euros actuellement).

La société a réagi dans un communiqué publié après la clôture du marché assurant que le rapport de Gotham City Research comporte "de nombreuses inexactitudes grossières et/ou incompréhensions, auxquelles la société répondra dans les prochains jours".

SES riposte

SES-imagotag a toutefois déjà commencé à répondre aux accusations portant sur ses transactions avec BOE Technology.

"L’ensemble des opérations entre SES-imagotag et BOE ont été correctement portées à la connaissance des investisseurs, conclues à des conditions de marché et, le cas échéant, soumises aux procédures prévues en droit français en matière d’opérations avec les parties liées", fait valoir le locataire du SBF 120.

"En outre, les opérations avec BOE enregistrées en chiffre d’affaires dans les comptes sociaux de SES-imagotag sont éliminées dans les comptes consolidés de SES-imagotag, conformément aux règles comptables applicables. Ces opérations n’ont pas d’impact sur le chiffre d’affaires ou l’Ebitda [résultat brut d'exploitation) du groupe", poursuit l'entreprise;

SES-imagotag souligne aussi que Gotham City Research détient des positions à découvert sur son titre et qu'il est donc dans son intérêt que le cours baisse. C'est le même principe de ses fonds de ventes à découvert: identifier des sociétés présentant selon eux d'importants soucis et parier sur une baisse de l'action en révélant ses problèmes.

SES-imagotag indique également se réserver la possibilité "d'exercer ses droits en vue d'actions en justice ultérieures, si nécessaire".

Des exemples d'attaques fondées

Il est évidemment difficile à stade de savoir jusqu'où l'attaque virulente de Gotham City Research City ira.

Dans une note publiée vendredi matin, Stifel estime que plusieurs arguments du fonds semblent "peu convaincants" à savoir ceux portant sur les boucles de revenus avec BOE Technology, la remise en cause du business model de la société, ainsi que sur le contrat avec Walmart.

"Nous pensons que la stratégie et le modèle d'entreprise de SESL (SES-imagotag) restent tout à fait pertinents.De même, même sans les détails du contrat Walmart, nous disposons de suffisamment d'éléments pour le considérer comme rentable", explique le bureau d'études.

Stifel ne se prononce pas en revanche sur les suspicions d'irrégularités comptables émises par Gotham City Research, expliquant être "incapable à ce stade" de les commenter.

Plusieurs exemples récents d'attaques de vendeurs à découvert montrent que leurs critiques ne doivent pas être négligées car elles ont parfois permis de mettre au jour des scandales financiers parfois retentissants. Dès 2016, Zatarra Research avait émis de sérieux doutes sur les pratiques de Wirecard, groupe allemand de paiements qui a fini par faire faillite en juin 2020 à la suite d'énormes irrégularités comptables. Ce dossier a constitué un cataclysme pour la finance d'outre-Rhin, car Wirecard était devenue une étoile montante de la Bourse de Francfort au point d'intégrer le Dax.

Pour revenir à Gotham City Research, le fonds s'était fait connaître en démontrant en 2014 que le chiffre d'affaires flatteur du spécialiste espagnol du Wifi public Gowex était presque entièrement fictif. Ce qui a abouti à la faillite de la société et à la radiation de la cote en 2018.

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse

Source: BFM Bourse