Euro numérique : le portefeuille aura une limite de détention pour éviter la thésaurisation, assure le gouverneur de la Banque de France
L'euro numérique, ou "Cash+", permettra notamment des règlements en ligne ou entre particuliers, en plus des cas d'usage classiques du paiement.
François Villeroy de Galhau à Wahsington, aux États-Unis, le 12 avril 2023. ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / KEVIN DIETSCH )
Face aux réticences de certaines banques européennes, le gouverneur de la Banque de France a assuré jeudi 22 juin que les comptes en euros numériques auront une limite de détention pour garantir qu'ils serviront de moyens de paiement et pas de réserve. Ce projet porté par la Banque centrale européenne (BCE) est prévu pour 2027 ou 2028.
"Le e-euro sera un billet de banque numérique qui présentera naturellement les mêmes caractéristiques que les espèces actuelles", a déclaré François Villeroy de Galhau lors d'un événement organisé par la banque de financement et d'investissement de BNP Paribas.
Le "Cash+" comme l'appelle désormais le gouverneur apportera des "avantages significatifs" aux espèces actuelles en permettant notamment des règlements en ligne ou entre particuliers, en plus des cas d'usage classiques du paiement , chez des commerçants par exemple.
Une "limite de détention s'appliquera aux comptes en euro numérique , et garantira que l'euro numérique serve de moyen de paiement, plus que de réserve de valeur", a également souligné François Villeroy de Galhau.
Le sujet est sensible entre les banques centrales de la zone euro, qui poussent cette solution, et un consortium de 16 banques commerciales européennes qui développent une solution de paiement aux cas d'usages très proches baptisée European Payments Initiative (EPI).
Distribué par les banques commerciales
Le directeur général délégué de BNP Paribas Thierry Laborde avait par exemple questionné le 1er juin l'intérêt même d'un euro numérique: "Posez-vous la question 'à quoi ça sert un euro numérique ?' ", avait-il déclaré, "si on a un EPI qui fonctionne".
"Je pense qu'il est de notre devoir de développer cette capacité pour nos concitoyens", a répondu François Villeroy de Galhau, mettant notamment en avant l'importance du respect de la vie privée dans les transactions. Un euro numérique "n'entraînera pas de désintermédiation", a-t-il souligné, puisqu' il sera distribué par l'intermédiaire des banques commerciales. Ces dernières "peuvent et devraient prendre part au projet en toute confiance (...), notre volonté est de l'émettre avec vous, les banques commerciales, et non contre vous", a-t-il repris.
La phase dite de préparation de l'euro numérique devrait débuter en fin d'année, "avant un lancement potentiel et progressif à partir de 2027 ou 2028", selon François Villeroy de Galhau.
Dans une déclaration transmise à l' AFP , la Fédération bancaire française (FBF) a rappelé ses "réserves sur l'opportunité d'un tel projet". "Il n'existe pas à date de besoin qui ne serait pas déjà couvert par une des solutions existantes ou en cours de développement", estime la FBF.
Source: Boursorama