Les banques centrales toujours engluées dans l'inflation

June 23, 2023
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Les marchés américains ont beau avoir rebondi hier, tirés par les valeurs technologiques, il y a comme un petit vent de doute qui souffle sur les marchés actions depuis que la modération de la hausse des prix a l'air de s'évaporer, créant de nouveaux nœuds au cerveau des investisseurs, pendant que les banquiers centraux leur répondent "vous voyez, on vous l'avait dit". J'ajoute ce matin quelques réflexions sur les vendeurs à découvert en attendant la reprise des échanges sur la société française SES-Imagotag.

On le sait, le Royaume-Uni est dans une belle mouise avec une inflation qui reste galopante et des pans entiers de l'économie qui sont en situation précaire. Mais la décision de la Banque d'Angleterre de relever ses taux d'un demi-point hier, pour les porter à 5%, a surpris le marché et rappelé à tout le monde que la lutte contre la hausse des prix est âpre et complexe. Du coup, tout le monde est un peu plus crispé et les tenants du retour à des politiques monétaires plus accommodantes ont perdu des points. Comme en même temps le patron de la banque centrale américaine, Jerome Powell, claironne qu'il faut continuer à relever les taux aux Etats-Unis, le climat est un peu dégradé à la fin d'un premier semestre 2023 plutôt faste pour les marchés financiers. L'Europe en est à quatre séances de rang dans le rouge et rien ne dit qu'elle pourrait sortir aujourd'hui de cette spirale. Les événements macroéconomiques susceptibles de donner un peu de relief aux indices sont les indicateurs d'activité PMI, qui seront égrenés tout au long de la journée pour les grandes économies, dont la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la zone euro ce matin et les Etats-Unis cet après-midi.

Histoire d'échapper un peu à l'actualité monétaire, je vais plutôt vous parler ce matin de quelques considérations sur la vente à découvert après l'attaque du fonds spéculatif baissier Gotham City Research sur SES-imagotag hier. Si vous ne connaissez pas l'entreprise, c'est une success-story à la française, leader mondiale des étiquettes électroniques et de la gestion des stocks, très populaire chez les gérants et les petits porteurs. Elle fait partie de l'indice SBF120 de la Bourse de Paris depuis décembre dernier.

Bref, pour en revenir aux attaques de fonds baissiers, ce type de raid intervient à intervalle régulier sur les marchés et le processus est toujours un peu identique. Je vais le résumer ici en simplifiant volontairement pour éviter d'en écrire des kilomètres sur le sujet (je vous raconterai une autre fois la façon dont je traite ce genre de document quand j'en ai connaissance en amont de la publication). Les short sellers travaillent généralement sur des informations qui leur sont remontées ou sur des rumeurs. Quand le sujet leur paraît suffisamment intéressant, ils creusent. Et si l'analyse est concluante, ils préparent leur dispositif à plus-values. Ils se positionnent à la vente discrètement, puis ils font éclater leur bombe, le plus souvent un rapport d'analyse à charge. En général, le cours de bourse de la cible s'effondre et le pyromane peut encaisser ses gains. L'affaire suit alors son cours : la société entre en communication de crise, essaie de se défendre et de dissiper les doutes et menace de répliquer. Mais la plupart du temps, le mal est fait. La confiance est écornée et le parcours vers la rédemption est souvent long. Parfois, les short sellers ont aussi tiré le gros lot en identifiant une mystification totale. Ce fut le cas avec l'entreprise espagnole Gowex il y a près de dix ans, déjà épinglée par Gotham City Research et qui fit faillite après les révélations.

Attention, je ne dis pas que SES-Imagotag est dans la même situation. D'ailleurs, le vendeur à découvert ne le dit pas non plus, il évoque des liens incestueux avec le principal actionnaire, une comptabilité complaisante, des zones d'ombre et une valorisation excessive. Comme souvent, le rapport publié par Gotham accumule des éléments chiffrés et des analyses factuelles d'importance inégale, parfois même un peu puériles, mais c'est le jeu. Il est toujours difficile de dépatouiller tout ça, surtout dans l'urgence. Mais comme c'est de plus en plus souvent le cas, la forme importe plus que le fond avant que la poussière ne retombe.

Hier, le titre SES-imagotag était incotable devant l'afflux d'ordres vendeurs. Si les échanges avaient pu avoir lieu, l'action aurait probablement commencé par chuter de 30, 40 ou 50%. Les paliers étaient si éloignés qu'aucun échange n'a eu lieu en matinée, si bien que la société a pu demander et obtenir la suspension de cotation à la mi-journée. En d'autres termes, il ne s'est rien passé et le titre, en sursis, cote toujours 166,80 EUR, pour une capitalisation de 2,6 Mds€ environ (avant l'ouverture du jour, bien sûr). Le management a publié un communiqué basique après la clôture, réfutant les allégations. La cotation, elle, reprendra ce matin après purge du carnet d'ordres. Il est probable que le titre chutera quand même, le temps que la société travaille une défense plus musclée. Eh oui, parce qu'on est encore dans la phase asymétrique de la crise : les révélations de Gotham ont bien plus de poids que la réponse de SES-imagotag, qui va devoir peser chaque mot et réfuter chaque attaque pour espérer restaurer une partie de la confiance. Et quand je dis une partie c'est à dessein : ces attaques laissent toujours des traces.

Pour résumer : dans les premiers jours ou les premières semaines de l'événement, le vendeur a l'ascendant parce que c'est lui l'assaillant et qu'il conduit la narration : il peut employer des formules péremptoires et suggérer des conclusions hâtives alors que la société est condamnée à répondre de façon rationnelle. Le combat est perdu d'avance. La tactique des short sellers est à la frontière de la manipulation de cours, ce qui suscite toujours beaucoup de frustration de la part des actionnaires. C'est visible dans vos commentaires. Le contre-argument est que leurs paris baissiers sont fondés sur une anomalie de marché, qu'ils ont eux-mêmes identifiée à la place des acteurs en poste défaillants (dirigeants, auditeurs, actionnaires…) et avant eux, sans avoir le statut d'initiés. Ils avaient donc toute légitimité pour miser sur une baisse du titre. C'est dur à encaisser, mais c'est la réalité du marché. La cotation de SES-Imagotag doit reprendre ce matin après purge du carnet d'ordres de la veille.

Pas grand-chose à dire d'autre ce matin sur les marchés. La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a souligné hier soir que le risque de récession diminue aux Etats-Unis mais que le consommateur américain doit freiner ses dépenses pour achever la campagne de maîtrise de l'inflation. Autant demander à la lune d'arrêter de tourner autour de la terre.

En Asie Pacifique, la semaine se termine en sortie de route. Le Nikkei 225 japonais perd 1,8% pendant que le Hang Seng lâche près de 2%. La bourse de Hong Kong était fermée hier pour le festival des bateaux-dragons. Shanghai bénéficie pour sa part de deux séances fériées pour cet événement, si bien que la Chine continentale a fini sa semaine depuis hier. L'Inde baisse aussi (-0,5%), comme la Corée du Sud où le Kospi chute de 1,3%, soit une quatrième séance dans le rouge sur la semaine. En Australie, l'ASX recule dans les mêmes proportions et signe une troisième journée consécutive de baisse. Les indicateurs avancés européens regardent vers le bas.

Les temps forts économiques du jour

Les indicateurs d'activité PMI initiaux du mois de juin seront publiés tout au long de la journée, notamment pour la zone euro (10h00) et les Etats-Unis (15h45). Tout l'agenda ici.

L'euro perd un peu d'altitude à 1,0939 USD. L'once d'or recule à 1911 USD. Le pétrole a rechuté, avec un Brent de Mer du Nord à 73,58 USD le baril et un brut léger américain WTI à 68,92 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est remonté à 3,78%. Le bitcoin reste au contact de 30 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

Adevinta : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 95,50 à 100 NOK.

Aker BP : SEB reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 330 à 300 NOK.

ALD : J.P. Morgan reprend le suivi neutre en visant 12,30 EUR.

Amadeus : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 72 à 80 EUR.

Covestro ; Stifel passe de vendre à acheter en visant 66 EUR.

Equinor : ABG reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 360 à 350 NOK.

Evotec : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 29 EUR.

Getinge : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 303 à 284 SEK.

Givaudan : UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 2820 à 2800 CHF.

Pandora : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 715 à 700 DKK.

Puma : Morningstar démarre le suivi à conserver en visant 49 EUR.

Rockwool : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif relevé de 1638 à 1694 DKK.

Société Générale : reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 32 à 36 EUR.

SoftwareOne : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 17,20 à 20 CHF.

Volvo Car : SEB reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 58 à 56 SEK.

Zalando : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 53 à 36 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Capgemini renforce son offre en cloud et digital au Japon avec l'acquisition de BTC.

TotalEnergies a validé la vente de ses stations allemandes et néerlandaises à Alimentation Couche-Tard pour 3,1 Mds€.

Thales fournit à l'Estonie un radar aérien GM400α.

Accor vend son siège parisien à Valesco pour 460 M€.

SES-imagotag considère que le rapport de Gotham City Research "comprend de nombreuses inexactitudes grossières et/ou incompréhensions". Reprise de cotation ce matin avec ordres à renouveler.

Hinda Gharbi nommée directrice générale de Bureau Veritas. Laurent mignon devient président du conseil d'administration.

Samse rachète Gemoise, spécialiste des TP eau.

Eagle Football Holdings a déposé son OPA simplifiée à 3 EUR l'action sur Olympique Lyonnais.

F-Secure rejoint le programme de partenariat HERO de Vantiva.

Energisme étale sur 30 mois le paiement de sa dette fiscale et sociale de 3,9 M€.

Acheter-Louer entre au capital de GetKey contre des espaces publicitaires.

Elles ont publié / Elles doivent publier : …

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Source: Zonebourse.com