Championnats de France - Madouas sacré : Gaudu en "kryptonite", collectif béton… La masterclass de la Groupama-FDJ

June 25, 2023
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Il y a des victoires en solitaire qui portent le sceau du travail de tout un collectif. Celle de Valentin Madouas sur le championnat de France 2023, à Cassel, en fait bien évidemment partie. Est-ce que le 4e du Tour des Flandres 2022 aurait pu gagner sans le travail exceptionnel de ses équipiers de la Groupama-FDJ ? Personne ne le sait et on ne le saura jamais. Il était indiscutablement le plus fort mais on a déjà vu par le passé le meilleur coureur se faire enterrer par les autres formations.

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Mais quand le meilleur coureur est mis sur orbite comme la Groupama-FDJ a su le faire ce dimanche avec Valentin Madouas, impossible de lutter, évidemment. "Je remercie tous mes coéquipiers, le staff de l’équipe, les mécaniciens, explique le champion de France 2023. Le maillot, c’est moi qui vais le porter toute une saison – et je n’en reviens toujours pas - mais tout ça, c’est grâce à eux ! Ils ont fait un boulot magnifique".

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Le groupe de 22, un (premier) coup parfait

Le plus beau coup tactique de la journée de la Groupama-FDJ, il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour y assister. Même pas deux tours de circuit, en fait. Le temps de placer une accélération collective, pour faire exploser le peloton. "Le plan, c’était de durcir la course le plus tôt possible, explique d’ailleurs Valentin Madouas. Finalement, on est parti dans un gros groupe dès le départ". Car la Groupama-FDJ a réussi à faire exploser le peloton. Mais, surtout, elle est parvenue à y glisser huit coureurs dont ses quatre leaders (Thibaut Pinot, David Gaudu, Romain Grégoire et donc Valentin Madouas) dans le groupe de 22 qui a pris la poudre d’escampette. Un coup de maître.

Madouas : "J'ai pleuré avant d'arriver, ça fait des années que j'attendais d'être champion"

Les leaders n'ont évidemment pas roulé, n’ont eu aucun risque de se faire piéger sur une relance et n’ont pas eu non plus à frotter. Des petits détails qui ont rapidement fait la différence, sur une course aussi difficile. "On avait toujours un coup d’avance sur tout le monde donc, à partir de ce moment-là, j’étais à l’économie, raconte Madouas. Je regardais les autres, je voyais qu’ils étaient tous morts alors qu’ils restaient encore 3-4h de course… On a fait une course extraordinaire". Une course collective qui ne cesse d'émerveiller leurs advesaires. "La Groupama-FDJ a toujours la même tactique, à savoir envoyer beaucoup de monde à l’avant et derrière, être sur la défensive, explique Benoit Cosnefroy. Ils ont toujours un coup d’avance sur les championnats et ça leur réussit. Dès qu’on revient, on en ramène un et ainsi de suite donc c’est très difficile de courir contre eux. Il n’y a aucune équipe en France qui réussit à faire ce qu’ils font, alors même que c’est une tactique qui semble pourtant assez lisible. Mais c’est très difficile à mettre en place donc chapeau à eux".

Isoler Alaphilippe, objectif atteint, presque trop facilement

Grand favori annoncé de cette édition 2023 des championnats de France, Julian Alaphilippe était la plus grosse épine théorique dans le pied des Groupama-FDJ. Intrinsèquement, en un-contre-un, pas sûr que la formation de Marc Madiot avait le coureur capable de dominer le double champion du monde 2020-2021. Alors l’idée était simple et claire : l’isoler le plus tôt possible. Chose faite très rapidement puisque le puncheur de la Soudal-Quick Step a définitivement lâché prise du peloton à 95km de l’arrivée, après avoir été distancé une première fois et être revenu tout seul. "La Groupama-FDJ avait annoncé que leur stratégie était d’isoler Julian Alaphilippe et c’est ce qu’ils ont réussi à faire", résume parfaitement notre consultant Nicolas Fritsch. Même si voir Alaphilippe distancé si tôt témoigne aussi de sa mauvaise journée, sans doute victime d’un coup de chaud.

Alaphilippe, le jour sans : "La stratégie de vouloir l'isoler a fonctionné"

Madouas, le deuxième coup d’avance

Lorsqu’AG2R Citroën a fini par réagir pour ramener Benoît Cosnefroy sur la tête de la course, on a cru un temps que la stratégie initiale de la Groupama-FDJ allait tomber à l’eau, seul Romain Grégoire étant encore devant le groupe des favoris, en compagnie de Ewen Costiou (Arkéa-Samsic). Pas vraiment la carte la plus sûre. Alors Rudy Molard et Valentin Madouas sont ressortis du groupe qui s’était reformé pour revenir à l’avant. Et qu’importe qu’il y avait avec eux deux Arkéa-Samsic (Elie Gesbert et Mathis Le Berre) et un AG2R Citroën (Aurélien Paret-Peintre) : une nouvelle fois, Madouas avait un coup d’avance sur les autres favoris. "Honnêtement, on a fait une course parfaite, on ne pouvait pas faire beaucoup mieux, se félicite Molard. La tactique était parfaite, on a toujours eu un coup d’avance, on a toujours beaucoup de sérénité en surnombre et ça a payé"

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Gaudu, la "kryptonite" de Cosnefroy

En force dans le "peloton", AG2R Citroën a bien tenté de jouer avec Cofidis en les laissant rouler. Mais, quand l’écart est monté à plus de 2 minutes à 60km de l’arrivée, l’équipe de Vincent Lavenu a placé un gros coup de vis et Benoît Cosnefroy a bien failli revenir sur la tête de course. Malheureusement pour lui, David Gaudu était là pour empêcher le dernier gros adversaire sur le papier de la Groupama-FDJ de peser sur la course. "J’étais dans une super journée mais je me suis fait enterrer plusieurs fois, avouait Gaudu. Mais ça a aussi permis d’enterrer les autres tellement j’étais fort… "

Gaudu : "Je me suis fait enterrer plusieurs fois, ça a permis d'enterrer les autres"

D’abord en faisant intelligemment une cassure dans une descente, laissant filer Nans Peters, le dernier équipier de Cosnefroy, obligeant ainsi le leader d’AG2R Citroën à rouler et à s’épuiser pour maintenir l’écart. Ensuite, en plaçant une énorme accélération dans la côte de la porte d’Aire, pour boucher les 44’’ le séparant du groupe de tête. Mais, surtout, pour asphyxier Cosnefroy. Sur un circuit aussi difficile, encore plus sous cette chaleur, le moindre effort violent se payait cash. "J’ai fait un effort assez long et je n’avais jamais pu récupérer derrière", avouait après l’arrivée le leader d’AG2R qui a fini par exploser, un tour plus tard, après avoir pris une nouvelle cassure de … Gaudu.

Le chef d’œuvre de la côte de l’Aire

Mais la perfection stratégique de la Groupama-FDJ a atteint son paroxysme dans l’antépénultième ascension de la côte d’Aire. C'est dans cette montée de 1km à 8%, avec un passage à 17% que Gaudu a définitivement décroché Cosnefroy. Il est ensuite revenu sur le groupe de tête avec Gallopin et placé tout de suite une grosse accélération. Peters a tenté de le suivre avant d'exploser, pareil pour les Arkéa-Samsic et les Trek-Segafredo. Finalement, c’est entre Groupama-FDJ que s’en vont Gaudu, Madouas et Molard, pour ce qui semblait alors être un triplé invraisemblable, à deux tours de l’arrivée. Mais Gaudu n’avait plus de jus, et Molard pas assez pour accompagner Valentin Madouas, parti en solitaire vers le titre de champion de France. La Groupama-FDJ, elle, se contentera du doublé avec la 2e place de Molard. Mais, comme le dit si bien Gaudu : "On s’en fout, on est champion !" Et avec la manière s’il vous plaît.

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Source: Eurosport FR