Thibaut Pinot tout près de la gagne à Thyon 2000
L’ascension interminable de Thyon 2000 ne pouvait que déclencher une grande bataille entre grimpeurs dans le cadre de l’étape reine du Tour de Romandie. Thibaut Pinot, dont la gestion de l’effort a été remarquable, est passé à l’attaque à deux kilomètres du sommet pour tenter de revenir sur l’homme de tête, Adam Yates. Finalement devancé pour sept secondes par le Britannique sur la ligne, le Franc-Comtois, désormais cinquième du général, a prouvé sa condition physique ascendante à quelques jours du Tour d’Italie. Et son état d’esprit offensif intact.
Seule journée de haute-montagne de l’édition 2023 du Tour de Romandie, la quatrième étape entre Sion et la station de Thyon 2000 proposait un menu des plus sélectifs, avec une ascension finale longue de plus de vingt kilomètres, sur une pente moyenne supérieure à 7%. Cette montée décisive était précédée de quatre autres escalades dont Anzère (km 45) et Suen (km 119), enregistrées en première catégorie. “Une très belle étape de montagne que l’on attendait, avec nos deux grimpeurs Thibaut Pinot et Lenny Martinez, depuis le début de ce Tour de Romandie, expliquait Jussi Veikkanen. En début d’étape, un gros groupe de 24 hommes est sorti avec des coureurs bien placés au classement général. Bahrain-Victorious a roulé, puis c’est une autre échappée qui est sortie, sans coureur dangereux.”
Ce groupe de dix a abordé en tête les premières difficultés, avec pour représentant le mieux classé au général Ewen Costiou (Arkéa-Samsic), situé à 2’15 du leader de l’épreuve au matin de l’étape, Juan Ayuso (UAE Team Emirates). Au sein du peloton, c’est l’Équipe cycliste Groupama-FDJ qui a pris le tempo à son compte à partir de la montée de Suen, d’abord par l’intermédiaire de Matthieu Ladagnous et Lewis Askey, puis successivement Enzo Paleni et Reuben Thompson ont entretenu l’allure, avec dans la roue Lenny Martinez et Thibaut Pinot. “On a voulu durcir la course, dévoilait Jussi Veikkanen. Les gars l’ont très bien fait. Reuben a basculé au sommet avec Thibaut et Lenny. Ils étaient alors placés pour la descente et l’approche de la montée finale.” “C’était important d’impliquer nos jeunes, enchérissait Thibaut Pinot. Ils avaient envie de se sentir utiles.”
« Je suis là où je voulais être », Thibaut Pinot
La descente en direction de Sion, capitale du Valais autour de laquelle toute l’étape aura tourné, a mené un premier wagon de coureurs encore consistant au pied de l’ascension finale. Celle-ci, très longue, n’a pas vu le peloton nettement s’amincir avant le passage à huit kilomètres du sommet. L’échappée a alors été reprise et la sélection s’est opérée. Si Lenny Martinez n’a alors pas pu suivre les meilleurs grimpeurs, Thibaut Pinot a en revanche réussi à prendre le rythme des premiers attaquants. Dans la gestion de son effort, il ne s’est jamais affolé : “Je savais que ça allait se courir dessus au début de l’ascension, comme toujours. Il fallait courir juste, ne pas faire le show pour pas grand chose. J’ai laissé faire, j’ai fait un peu le mort. Adam Yates a alors attaqué et peut-être que j’aurais dû essayer de le suivre…” Le Britannique a pris alors une dizaine de secondes d’avance. Mais à un peu plus de deux kilomètres du but, le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ place une première accélération, et quelques hectomètres plus tard, une seconde.
Thibaut Pinot a pris ses distances avec ses adversaires et s’est rapproché à quelques secondes de l’homme de tête, dans une action engagée, le visage habité par la perspective d’une possible victoire à la pédale sur une grande étape de montagne au niveau WorldTour. Finalement, Adam Yates a conservé sept secondes d’avance sur la ligne et Thibaut Pinot a dû se contenter de la deuxième place, sa troisième en quinze jours après celles du Tour du Jura et du Tour du Doubs. “Mais je suis content de cette deuxième place, réagissait-il. Je suis là où je voulais être, sur, enfin, une vraie étape de montagne. Ça fait beaucoup de bien. Il ne me manque pas grand chose, et si je reviens dans sa roue ce n’est plus la même course, mais le plus fort a gagné.” “Bien sûr, quand on ne gagne pas, on est déçus, mais c’est une très belle performance qui le fait remonter au général, enchaînait Jussi Veikkanen. Et c’est de très bon augure pour la suite.”
Thibaut Pinot est désormais cinquième du classement général, à 41 secondes d’Adam Yates, qui a dépossédé son coéquipier Juan Ayuso du maillot de leader, et à 14 secondes du podium. La cinquième et dernière étape, ce dimanche, proposera comme difficulté principale avant l’arrivée à Genève le Grand Fuey, une montée de 5,8 kilomètres à 7,5% de pente moyenne. “Je pense que nos jeunes seront motivés pour se lancer dans la bataille, prédit Thibaut Pinot. L’échappée peut aller au bout. Et moi, j’ai un top 5 final à aller chercher, sans me mettre de pression car je dois surtout continuer à me préparer tranquillement pour le Giro. Je vais pouvoir aller en Italie avec le sentiment que tout le travail effectué est validé.”
Source: Groupama-FDJ