Reprise partielle de Courtepaille par La Boucherie : "On ne va pas boucheriser Courtepaille", assure le repreneur
( AFP / STRINGER )
"Notre objectif : faire rêver avec Courtepaille, ça va demander du temps, il va falloir qu'on s'appuie sur un réseau de franchisés, il va falloir aussi qu'on écoute les clients", a fait savoir Alexandre Baudaire, directeur général délégué du groupe La Boucherie, sur BFM Business ce lundi 26 juin.
C'est fait. Courtepaille, enseigne "steak house" à l'iconique toit de chaume et à la clientèle familiale mais en grande difficulté depuis la crise sanitaire, va subsister grâce à sa reprise partielle par le groupe La Boucherie. La moitié des salariés sont toutefois laissés sur le carreau.
Sur BFM Business ce lundi 26 juin, Alexandre Baudaire, directeur général délégué du groupe La Boucherie, a détaillé sa vision. "On ne va pas boucheriser Courtepaille, car on a déjà une belle enseigne qui s'appelle Restaurant La Boucherie. Les deux marques existent depuis un certain nombre d'années et l'idée c'est qu'elles continuent d'exister l'une à côté de l'autre", a-t-il expliqué.
"L'objectif avec Courtepaille est clair : il va falloir qu'on lui redonne une belle image. Un peu comme une vieille voiture, qu'on a laissé à l'abandon et que personne ne veut. Une fois qu'on a récupéré cette belle voiture, qu'on la restaure, elle fait rêver. C'est notre objectif, faire rêver avec Courtepaille. Ca va demander du temps, il va falloir qu'on s'appuie sur un réseau de franchisés, il va falloir aussi qu'on écoute les clients, c'est eux qui font la richesse de l'enseigne Courtepaille", a poursuivi Alexandre Baudaire.
"A Courtepaille, la différence est essentielle : la cuisson à la cheminée, peu de restaurants en France peuvent offrir cette cuisson-là, donc on va forcément s'appuyer sur ça. A La Boucherie, on est clairement sur le grill, le boeuf, à Courtepaille il y a du boeuf aussi mais il y a aussi de l'andouillette, de la volaille, du porc, une gamme beaucoup plus variée", a continué directeur général délégué du groupe La Boucherie, ajoutant "aller sur une cuisine flexitarienne, comme ça se dit beaucoup."
Elle ne s'est jamais relevée de la pandémie
Née en 1961 et florissante dans les années 70-80, l'enseigne de restaurants souvent implantés au bord des autoroutes réalisait encore avant la crise sanitaire un chiffre d'affaires annuel de 190 millions d'euros dans 278 restaurants. Mais elle ne s'est jamais relevée de la pandémie. Dans un jugement publié mercredi et consulté par l'AFP, le tribunal de commerce de Nanterre a octroyé à La Boucherie la reprise de la marque Courtepaille, en redressement judiciaire, ainsi que celle de 77 restaurants franchisés et de 10 établissements détenus en propre.
Mais sur les 2.039 salariés actuels de Courtepaille, en grande majorité employés des 144 restaurants en gestion directe par Napaqaro, son propriétaire (lui-même détenu par le fonds TDR), plus d'un millier ne seront pas repris à ce stade, a précisé à l'AFP une source interne à l'entreprise. En revanche "près d'un millier d'emplois" devraient être sauvegardés grâce à cette reprise partielle. Dans le détail, cinq des 87 restaurants repris le seront par un salarié et par des franchisés actuels -à Gonesse, Saint-Brice-sous-Forêt, Rennes-Pacé, Brie-Comte-Robert et Ormesson-, qui deviendront franchisés de La Boucherie, a indiqué une porte-parole de cette société à l'AFP.
Fondé en 1987 par la famille Baudaire, le dynamique groupe La Boucherie compte les enseignes Restaurant La Boucherie, Poivre Rouge, Bistrot du Boucher, Le Kiosque du Boucher, Mister Döner et Constant, qui font un chiffre d’affaires sous enseignes de 160 millions d'euros. Avec la reprise de Courtepaille, il comptera 253 restaurants et près de 3.000 collaborateurs. De son côté Napaqaro a formulé une offre de reclassement au sein de son autre enseigne, Buffalo Grill et de Popeyes, une jeune marque qu'elle prévoit de développer, portant sur 512 postes, a rappelé une porte-parole de l'entreprise.
Courtepaille a également souffert de la flambée de l'inflation
Près de trois ans plus tôt, en septembre 2020, Courtepaille, enseigne de restaurants de grillades à l'image un peu surannée - décor rustique, feu de bois et casseroles en cuivre... - déjà en redressement judiciaire, avait été reprise au fonds britannique ICG par la société Napaqaro qui voulait investir pour moderniser son réseau et renouveler son concept afin de relancer la fréquentation. Mais cette relance n'a pu se faire : confrontée à de "graves difficultés économiques et financières provoquées par la crise Covid", qui se sont ensuite "aggravées", a expliqué Napaqaro, Courtepaille a été placée en redressement judiciaire.
Mise en difficulté par les longues périodes de fermeture du service en salle pendant la crise sanitaire, puis par le boom des livraisons à domicile et la généralisation du télétravail, l'enseigne familiale n'a jamais retrouvé son niveau de fréquentation d'avant-Covid : il était encore en repli de 25% en 2022, comparé à 2019. En outre "beaucoup de salariés ont quitté l'entreprise" pendant la pandémie, laissant Courtepaille "en manque de main-d'oeuvre : les prestations n'étaient pas effectuées correctement, ce qui a accéléré notre chute", disait à l'AFP Pascal Zoublir, délégué CGT de l'entreprise.
"Nous avons alerté sur la gestion, l'embauche, les salaires qui étaient trop bas, les conditions de travail", a-t-il affirmé. "Et la clientèle n'adhérait pas aux tests que faisait la direction : ils ont enlevé les légumes, le poisson pour faire du poulet rôti... ça a été une catastrophe". Puis Courtepaille a souffert de la flambée de l'inflation qui a renchéri les coûts d'approvisionnement et des matières premières et a contraint sa clientèle, des familles au budget serré, à faire des arbitrages dans sa consommation.
Source: Boursorama