Guerre en Ukraine : le cardinal Zuppi, émissaire du pape, en route pour Moscou
Le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne, devrait arriver à Moscou, la capitale russe, mardi 27 juin dans la soirée, a appris La Croix de source diplomatique. Un déplacement confirmé à la mi-journée par le Vatican, qui a précisé que la visite durera jusqu’au 29 juin.
« L’objectif principal de cette initiative est d’encourager les gestes d’humanité qui peuvent contribuer à promouvoir une solution à la situation tragique actuelle et trouver les moyens de parvenir à une paix juste », souligne le Vatican.
Membre de la communauté de Sant’Egidio, l’archevêque de Bologne a été chargé par le pape François de mener une mission afin « d’aider à avancer vers une solution pacifique », selon les mots du cardinal Pietro Parolin, le secrétaire d’État du Saint-Siège.
À lire aussi Russie : le patriarche Kirill ouvert à une rencontre avec les deux Églises orthodoxes d’Ukraine
L’agenda du cardinal devrait rester confidentiel, mais plusieurs sources au Vatican ont affirmé à La Croix ces jours derniers que le cardinal italien pourrait rencontrer le patriarche Kirill de Moscou, dont le « premier ministre » était d’ailleurs présent à Rome il y a dix jours. François et le métropolite Anthony se sont ainsi entretenus le 16 juin, jour de la sortie de l’hôpital du pape. Une rencontre perçue comme « très importante » par une source diplomatique occidentale interrogée par La Croix.
Une rencontre avec Sergeï Lavrov ?
Reste à savoir si le cardinal italien, souvent cité comme papabile et connu pour avoir mené une médiation historique au Mozambique dans les années 1990, dans le cadre de la communauté de Sant’Egidio, pourrait rencontrer également des autorités politiques comme le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
À lire aussi Guerre en Ukraine : que peut vraiment faire le cardinal Zuppi au nom du pape François ?
Au Vatican, depuis le début du conflit, les plus hauts responsables de la Secrétairerie d’État se sont abstenus jusqu’à aujourd’hui de tout contact avec les responsables politiques russes. Le pape François n’est jamais parvenu, malgré ses tentatives aux toutes premières heures de la guerre, à parler au président russe, Vladimir Poutine. Quant au ministre des affaires étrangères, il est tenu à distance par les diplomates du Palais apostolique, tant on y craint la manipulation du Vatican par Moscou.
Contexte tendu
Cette visite intervient dans un contexte particulièrement tendu et incertain, puisqu’elle a lieu quelques jours après la mutinerie de Wagner, au cours laquelle plusieurs milliers de combattants de ce groupe paramilitaire avaient commencé une « marche pour la justice » en Russie, arrivant avant de s’arrêter à 200 km de la capitale.
Lundi 5 juin, il avait entamé une visite de deux jours dans la capitale ukrainienne, au cours de laquelle il avait notamment rencontré le président du pays, Volodymyr Zelensky. Le cardinal s’était alors fixé comme objectif d’« écouter en profondeur les autorités ukrainiennes sur les moyens possibles de parvenir à une paix juste et de soutenir les gestes d’humanité qui contribuent à apaiser les tensions ».
À lire aussi Rébellion de Wagner : le jour où Poutine a tremblé
Mi-mai, en marge de sa visite au Vatican, où il avait rencontré le pape François, le président Volodymyr Zelensky avait clairement rejeté toute médiation vaticane. « Nous n’avons pas besoin de médiateur entre l’Ukraine et l’agresseur », avait-il affirmé. Les autorités ukrainiennes avaient en revanche demandé l’aide du Vatican pour faire libérer les milliers d’enfants ukrainiens pris en otages en Russie.
Source: La Croix