Kalle Rovanperä - L’importance d’être constant

June 28, 2023
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Le langage corporel en dit souvent plus que de longs discours. Dans l’aire d’arrivée où les équipages attendaient la fin de la Power Stage, Kalle Rovanperä a eu beaucoup de mal à cacher sa déception. Tout le reste de l’après-midi, le Finlandais a conservé un visage fermé, ruminant son mécontentement. Il faut reconnaître qu’échouer à 6 »7 d’une deuxième victoire consécutive au Safari après une telle bataille peut se révéler difficile à digérer. D’une certaine manière, c’est plutôt bon signe de voir le champion du monde en titre toujours agacé par la défaite.

Mano a mano avec Ogier

Au Kenya, Kalle n’avait pourtant pas grand-chose à se reprocher. Ouvrant la route durant la première étape, il a superbement su limiter les effets du balayage en début de rallye. Ce phénomène n’est pas présent partout sur le parcours du Safari qui offre une grande palette de surfaces différentes. Rovanperä est parvenu à exploiter chaque kilomètre propre. De la même manière, certains tronçons très sablonneux avaient tendance à se creuser au fur et à mesure du passage répété des voitures. Être premier sur la route était cette fois un avantage. Cela s’est vérifié dans la spéciale de Kedong (ES4) où il a repris d’un seul coup 9’’4 à Sébastien Ogier qui était, il est vrai, en panne d’hybride. Très rapidement, les deux derniers champions du monde se sont isolés en tête de la course. Malgré les déboires qui ont ralenti un à un les rivaux de Kalle au championnat, et lui ont permis d’envisager une opération comptable très intéressante, celui-ci est toujours resté focalisé sur la gagne.

La victoire à tout prix

N’ayant plus à se soucier de la menace du 3e, le pilote de Jyväskylä (Finlande) s’est entièrement focalisé sur la manière de battre Sébastien Ogier. Comme au Monte-Carlo (19-22 janvier), Kalle a pris de très gros risques pour combler son retard et maintenir la pression. Avec succès. Après l’ES 12, l’écart culminait à 32’’, mais alors que l’infernale ES Sleeping Warrior réclamait prudence et patience, Rovanperä y affichait une nouvelle fois sa maestria sous la pluie. En plus de bénéficier des deux crevaisons d’Ogier, le kid aux cheveux bouclés s’avérait impeccable sous l’orage. Réduisant de moitié son retard, il permettait de croire à un dimanche avec un enjeu. Il y déployait tout son culot dans le « chantier » de l’ES14. « Je savais que personne ne voudrait attaquer dans cette spéciale très sélective, souriait-il malicieux. C’était le bon moment pour tenter quelque chose. Nous avons poussé fort, mais sans prendre de risque. » Revenu d’un seul coup à 8 »6 d’Ogier, Kalle pouvait envisager de s’imposer.

Avance confortable au championnat

Maintenant son équipier sous pression, il était prêt à profiter de la moindre défaillance du Français, mais ce dernier se montrait très solide. Tandis que l’écart ne cessait de se réduire, Ogier ne commettait pas la faute qui aurait pu faire basculer la victoire dans le camp de la jeunesse. Ralenti par son moteur devenu asthmatique à cause du fech-fech avalé dans l’ES18, Rovanperä n’était pas en mesure de viser les 5 points dans la Power Stage, ce qui provoquait chez lui une frustration qu’il ne tentait même pas de dissimuler. « J’essaie toujours de gagner et quand cela ne fonctionne pas, je ne peux pas être satisfait, plaidait celui qui a vécu trois jours sans commettre une faute ni connaître de crevaison. Je n’avais pas assez de puissance dans le dernier tronçon. Il y a de la déception. Je reconnais que c’est une bonne opération pour le championnat, mais lorsque vous êtes aussi proche de la victoire c’est rageant de ne pas l’obtenir. » Quelques heures après l’arrivée, sa situation s’améliorait encore avec l’exclusion de Thierry Neuville. En plus de posséder une avance confortable (41 points sur Evans, 42 sur Ogier), Kalle aborde des manches qui lui sont favorables sur le papier (Estonie, Finlande). Et son encombrant équipier français ne sera pas là pour lui barrer le chemin vers des succès… et le titre.

Source: Autohebdo