Les prix de l'électricité en France sont encore anormalement élevés

June 28, 2023
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Pour RTE, la prime de risque supportée par le pays ne correspond plus à la réalité du marché alors que la production continue de remonter.

Fini l'alarmisme de 2022, les craintes sur l'approvisionnement en électricité pour le pays, même si la vigilance reste de mise, notamment sur les prix. «Tous les paramètres évoluent de manière favorable par rapport à l'année dernière», résume Thomas Veyrenc, directeur exécutif stratégie, prospective et évolution du gestionnaire de réseau de transport d’électricité (RTE). Pour autant, toutes les inquiétudes ne sont pas levées et un nouvel EcoWatt sera mis en place pour l'hiver prochain, avec une analyse encore affinée.

Plusieurs facteurs expliquent le contraste entre les inquiétudes de l'été dernier et l'optimisme manifesté ce mercredi matin par RTE. Tout d'abord, la baisse de 9% de la consommation électricité, corrigée des variations saisonnières par rapport à la période 2014/2019 se confirme sur ces derniers mois. Ensuite, la production nucléaire est plus élevée, avec moins d'incertitudes que l'année dernière. Elle sévère conforme voire au-dessus de la prévision centrale d'EDF - le groupe prévoit une production d'électricité nucléaire comprise entre 300 et 330 térawattheures (TWh) cette année, contre 279 TWh en 2022. Les stocks de gaz et hydraulique (pour les centrales hydroélectriques) sont eux aussi «dans le haut de l'enveloppe». La France peut en outre compter sur le développement de ses énergies renouvelables, avec en particulier «l'entrée en production des parcs éoliens en mer de Fécamp et de Saint-Brieuc, qui va augmenter les capacités en 2023», ajoute Thomas Veyrenc.

Une prime de risque encore élevée

Le bilan est en revanche moins rose sur le front des prix. Avec, comme souvent dans ce marché complexe, plusieurs nuances. Le prix de l'électricité sur le marché spot est plus faible en France que chez nos voisins allemands, britanniques ou italiens, avec des écarts compris entre 12 et 30 euros, en faveur de l'hexagone. La situation est très différente sur le marché à terme, plus structurant pour les consommateurs, avec un prix substantiellement plus élevés en France à pour le premier trimestre 2024.

«Ce décroché entre la France et les pays voisins alors que la situation est normalisée et cela ne s'explique pas par l'évolution des prix du gaz», analyse Thomas Veyrenc qui voit «une prime de risque spécifique pour la France, liée à trop de pessimisme et à des inquiétudes sur la sécurité d'approvisionnement. Ces inquiétudes semblent disproportionnées par rapport au risque réel, alors que la situation est meilleure que l'année dernière». Pour RTE cette prime de risque devrait se dégonfler au fur et à mesure que l'échéance approche.

La France a retrouvé ses capacités exportatrices

Après avoir massivement importé l'année dernière pendant la période estivale, la France devrait aussi retrouver ces capacités d'exportation. «La situation est normalisée entre la France et les pays voisins», résume Thomas Veyrenc, même si «les actions de sobriété restent essentielles pour économiser les stocks hydrauliques et gaziers et améliorer la situation de l'hiver». Ainsi pas question de pousser les climatiseurs à fond. Le gouvernement recommande de ne pas les régler en dessus de 26 degrés. «Chaque degré au-dessus de 25 fait augmenter la consommation de 700 MWh, ce qui correspond à la consommation d'une ville comme Toulouse», ajoute Thomas Veyrenc. Paris ne recommande pas encore aux hommes de tomber la veste en réunion, ce que Tokyo a fait de longue date... Mais c'est sans doute aussi parce que les codes vestimentaires ne sont déjà plus les mêmes.

Source: Le Figaro