La Dame à l'éventail devient le tableau le plus cher de Klimt

June 28, 2023
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Mardi 27 juin, La Dame à l'éventail a battu des records aux enchères à Londres. La dernière toile de Klimt a été adjugée 85,3 millions de livres sterling frais compris (98,9 millions d'euros) devenant ainsi le tableau le plus cher de Klimt et le plus haut montant pour une œuvre d'art vendue en Europe.

La couleur avait été annoncée lors de la réapparition sur le marché pour la première fois depuis 30 ans de La Dame à l’éventail (1917-1918) de Gustav Klimt (1862-1918). Hier, mardi 27 juin, Sotheby’s a mis aux enchères à Londres le dernier tableau du peintre viennois. Après une bataille de 10 minutes entre plusieurs acheteurs au téléphone et dans la salle, le portrait estimé 65 millions de livres sterling a finalement été adjugé 85,3 millions de livres sterling, frais compris, soit environ 98,9 millions d’euros. Battant deux records, il devient ainsi le tableau le plus cher de l’artiste et la plus belle enchère obtenue par pour une œuvre d’art en Europe.

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Une valeur multipliée par huit

Jusqu’à présent, la plus chère œuvre d’art vendue aux enchères en Europe était L’Homme qui marche d’Alberto Giacometti, adjugé 65 millions de livres sterling en 2010, chez Sotheby’s à Londres. L’enchère record pour un tableau de Klimt était quant à elle détenue par La Forêt de bouleaux (1903), provenant de la prestigieuse collection Paul Allen (cofondateur de Microsoft) dispersée chez Christie’s à New York en novembre dernier, et adjugé 104,6 millions de dollars, soit 95,4 millions d’euros. La Dame à l’éventail et ses quelques millions en plus surpassent donc le paysage de Klimt. Acquis en 1994 chez Sotheby’s à New York pour 11,6 millions de dollars lors de sa dernière mise en vente, le portrait a ainsi multiplié par huit sa valeur.

Une représentation de la femme du temps de Klimt

Outre la côte élevée de Klimt sur le marché de l’art actuel, La Dame à l’éventail s’est certainement envolée en raison de sa qualité plastique. « Cette œuvre [représente] un tour de force technique, plein d’expérimentations qui repoussent les limites, ainsi qu’une ode sincère à la beauté absolue », explique Helena Newman, la présidente de Sotheby’s Europe. Ce tableau est un témoignage de l’approche de la couleur et de la forme chez Klimt à la fin de sa vie.

Dans ce portrait, créé à l’apogée de sa carrière artistique en 1918, Klimt célèbre la beauté dans sa forme la plus pure avec une approche novatrice : il reprend le format carré qu’il a déjà utilisé pour ses paysages avant-gardistes au début du siècle. Il peint une femme sensuelle à la coiffure relevée et à l’épaule dénudée, devant un décor foisonnant. « Klimt peint la femme de son temps. Il a traqué la structure de son corps, les contours de sa silhouette, le moule de sa chair, la machinerie de ses mouvements, jusque dans les fibres les plus secrètes de son être, et les a gravés à jamais dans sa mémoire. […] il varie le sujet de la femme dans tous ses rapports à la création, à la nature. Un instant, d’une volupté terrifiante ; le suivant, sereinement sensuelle ; il peint des femmes pleines de désirabilité énigmatique. La coloration chatoyante de la chair de leurs corps élancés, l’éclat phosphorescent de leur peau […] produisent un ensemble d’un effet psychologique et artistique des plus profonds », décrit la journaliste et critique d’art autrichienne Bertha Zuckerkandl, contemporaine de l’artiste, citée par Sotheby’s.

Les formes ornementales de l’arrière-plan sont empruntées à l’art asiatique. Outre le vêtement, qui fait écho aux kimonos de soie et aux robes chinoises qu’il collectionnait abondamment, l’artiste reprend principalement dans l’iconographie chinoise des éléments tels que le phénix, les fleurs de lotus ou encore la grue et le faisan doré. Enfin, l’aplat du fond et la juxtaposition de motifs évoquent les estampes japonaises.

Exposée dernièrement au Musée du Belvédère à Vienne aux côtés d’autres chefs-d’œuvre tardifs de Klimt, La Dame à l’éventail rejoint maintenant une collection privée anonyme. Il ne reste plus qu’à espérer que le tableau soit à l’avenir prêté aux institutions, pour pouvoir espérer la contempler à nouveau lors de futures expositions.

Source: Connaissance des Arts