Nucléaire. L’EPR chinois arrêté, quid du parc français ?
Les silences consécutifs à la livraison du Canard Enchaîné de cette semaine ne manquent pas d’interroger. L’hebdomadaire annonce que l’EPR (réacteur nucléaire de nouvelle génération) de Taïshan (Chine) est à nouveau à l’arrêt depuis le 31 janvier et que ce n’est pas normal. Car si cette suspension de la production d’électricité était bien prévue pour changer le combustible du réacteur, elle n’aurait dû durer qu’un gros mois…
Fin juin, toujours pas de redémarrage. La faute, semble-t-il, à la détection d’un nouveau pépin technique. Déjà, en 2021, des ruptures de ressorts dans les cages d’assemblages de combustible avaient mis Taïshan en rideau. L’EPR de Flamanville (Manche), bâti sur le même modèle, subissait alors un énième retard pour apporter les correctifs nécessaires avec Framatome. Cette fois, ce sont les gaines qui isolent les crayons de combustibles qui seraient oxydées, étanchéité en berne.
« Pas de précisions sur Taïshan »
L’électricien français se borne à transmettre le communiqué de CGN Power, actionnaire majoritaire (51 %, EDF l’est à 39 %) du consortium TNP JVC, le propriétaire du site. Aucune allusion à quelque panne que ce soit : « Pendant l’arrêt, Taïshan Nuclear a ajouté quelques inspections et des tests à l’ajustement de l’unité Taïshan 1, afin d’accumuler des données et de l’expérience pour le fonctionnement stable à long terme », est-il écrit.
À Flamanville, on dit « travailler sur la question ». L’Autorité de sûreté du nucléaire français (ASN), qui avait engagé en juin 2021 un dialogue avec son homologue chinois pour partager les retours d’expérience, n’a « pas de précisions sur Taïshan ». Son bras armé, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) « n’a pas accès au dossier d’expertise de Taïshan » et n’a pas été sollicité pour les centrales françaises. « Pour ce qui est du parc nucléaire en France, nous ne faisons pas de commentaires », prévient EDF. Le problème pourrait pourtant ne pas concerner que l’EPR. Ce type de corrosion avait déjà été détecté en 2021 à la centrale de Chooz (Ardennes), et provoqué un arrêt de cinq mois…
Source: Ouest-France