Tour de France 2023 | Les débats du Tour: A qui le premier maillot jaune ? Quel podium final ? Du mouvement ce weekend ?

June 30, 2023
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Quel sera le podium final ?

Simon Farvacque

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Tadej Pogacar va reconquérir son royaume. J'en suis presque convaincu. Le "presque" tient dans le manque de compétition dont il risque de pâtir mais la fraîcheur dont il disposera, pour la même raison, pourrait aussi se montrer décisive. "Pogi" a fauté l'an dernier, brillamment bousculé par Jonas Vingegaard et la Jumbo-Visma, mais je pense qu'il reste le meilleur coureur de Grand Tour du monde.

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Sauf accident, au sens propre du terme, je vois mal Vingegaard manquer le podium. Derrière ce duo d'immenses favoris, Richard Carapaz et Jai Hindley font figure de choix de la raison. Mais j'imagine volontiers Carapaz tout tenter pour gagner, quitte à finir loin de la boîte, puis Hindley, moins téméraire, se faire chiper de peu la 3e place par Mattias Skjelmose (22 ans), récent vainqueur du Tour de Suisse.

Christophe Gaudot

Tadej Pogacar devant Jonas Vingegaard et Enric Mas. Intéressons-nous d'abord au premier duel, celui qui passionne le plus. Je pars du principe que Tadej Pogacar sera, contrairement à ce qu'il veut bien dire, à 100% de ses capacités. Ce n'est pas une petite condition je l'entends, mais le Slovène a repris le vélo un peu plus tôt que prévu et il a eu le temps de parfaire sa forme. Aussi, à son meilleur niveau, je le pense très, très légèrement supérieur à Jonas Vingegaard qui ne pourra, cette fois, pas bénéficier du jeu d'équipe avec un Primoz Roglic à ses côtés.

De plus, le parcours me semble mieux taillé pour le Slovène que pour son adversaire danois. Passons à la troisième place, celle qui ressemble pratiquement au Graal pour tout ceux qui ne s'appellent pas Pogacar ou Vingegaard. Enric Mas est le plus régulier sur les grands tours parmi les "autres", mon choix se porte donc sur l'Espagnol. Trois fois deuxième de la Vuelta, il a déjà terminé dans le Top 5 du Tour, a de l'expérience et figure sans doute parmi les meilleurs grimpeurs du monde.

Laurent Vergne

Il y a longtemps que la donne n'avait pas été aussi limpide sur le papier au départ d'un Tour de France. Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar, vainqueurs des trois dernières éditions, apparaissent sur le papier dix crans au-dessus d'une meute qui, elle, regorge de prétendants à la troisième marche du podium. Alors, Vingegaard ou Pogacar ? Contrairement à mes deux camarades, je vais miser sur le Danois.

Même s'il a été dominé par le Slovène sur Paris-Nice, cet accroc semble loin aujourd'hui. Mais comme il n'a pas le côté "flashy" de son rival dans l'approche de la course, on a tendance à le sous-estimer. Il subsiste chez "Pogi" un petit doute après sa blessure. Chez Vingegaard, je ne vois que des certitudes. Pour les accompagner sur la boîte finale, Enric Mas, pour peu qu'il soit au niveau de la Vuelta 2022, a un excellent coup à jouer.

Pogacar, poursuivi par Vingegaard sur Paris-Nice. Crédit: Eurosport

Qui sera le premier maillot jaune ?

Simon Farvacque

Mathieu van der Poel. La façon dont il a été surclassé par Wout van Aert lors du dernier Tour de France – qu'il a quitté par la petite porte à mi-parcours – m'a marqué. Alors je n'ose imaginer à quel point il fulmine. "MVDP" (28 ans) a bien préparé son coup, cette fois. Il a été raisonnable dans son programme pré-Tour, se montrant même impressionnant sur les routes d'un Tour de Belgique qu'il a remporté.

La côte de Pike (2 km à 10%, dont un à 13,8%), à dix bornes de l'arrivée samedi, est suffisamment courte pour qu'il ne soit pas débordé par les puncheurs/grimpeurs. Puis, s'il ne reste plus grand monde dans le final, son pouvoir d'accélération phénoménal sera un précieux atout. Je pense que l'on s'apprête à admirer la version la plus aboutie de Mathieu van der Poel. Dès la 1re étape.

Le profil de la 1re étape : Du punch, d'entrée de jeu

Christophe Gaudot

Je vais me répéter mais je mise sur… Tadej Pogacar. La côte de Pike est un Mur de Huy sauce basque dit-on ? "Pogi" l'a dompté avec facilité en avril dernier, aussi je l'imagine favori de la première étape tracée autour de Bilbao. Je vais donc renverser la question : qui pour empêcher Pogacar d'être maillot jaune du Tour de France dès samedi soir ?

Si la bosse avait été plus courte, j'aurais sans aucun doute rejoint Simon sur Mathieu van der Poel. Le Néerlandais est en effet dans une forme étincelante mais il a confié lui-même que la côte de Pike était "limite" pour lui. On a le droit de le croire ou pas mais je pencherais plutôt pour la première solution. Julian Alaphilippe ? Je ne le pense pas assez fort pour lutter dans cette catégorie. Wout van Aert ? Je crois qu'il va devoir travailler pour un Jonas Vingegaard qui ne sera pas vraiment sur son terrain de prédilection. Mattias Skjelmose, Michael Woods ? Trop justes à mes yeux.

Laurent Vergne

Van der Poel, Van Aert, Alaphilippe, Pogacar... Toutes ces réponses sont crédibles. Presque évidentes, même. Allez, soyons joueur et allons chercher un client un peu moins attendu. Pourquoi pas Neilson Powless ? L'Américain de l'équipe EF Education-EasyPost devra sans doute travailler pour son leader Richard Carapaz ces trois prochaines semaines mais lors de ce week-end inaugural, il devrait avoir les coudées franches.

Powless connaît et aime les routes basques. Vainqueur de la Clasica San Sebastian en 2021, son profil de puncheur convient parfaitement à cette première étape. A minima, il serait étonnant qu'il ne tente pas quelque chose. Même si je crois davantage en lui pour l'étape de dimanche, avec le Jaizkibel en juge de paix, pourquoi ne pas prendre 24 heures d'avance avec la gloire ?

Les favoris vont-ils "bouger" ce week-end ?

Simon Farvacque

Qui dit départ au Pays basque dit départ musclé. Répartir les difficultés sur trois semaines est un choix de l'organisation que j'apprécie. Le projet d'une course au sacre qui ne ronronne pas pendant une semaine (voire plus) est noble. Il a récemment fait ses preuves et, cette année encore, le Tour promet de débuter fort. Peut-être pas au point de voir Vingegaard et compagnie se découvrir, cependant.

Tadej Pogacar pointera sans doute le bout de son nez. Richard Carapaz est un prétendant au podium qui pourrait aussi se dégourdir les jambes. Mais je doute qu'il soit déjà l'heure de faire le moindre écart, pour les ténors du général. Samedi et dimanche sera pour eux le temps des escarmouches autant qu'il sera celui de la grande bataille pour Mathieu van der Poel, Wout van Aert et Julian Alaphilippe.

Le profil de la 2e étape : Sur un air de Clasica

Christophe Gaudot

Je ne peux pas répondre non à cette question au vu de ma réponse à la précédente. Déjà en 2022, Tadej Pogacar a montré que la tactique du harcèlement permanent ne le gênait pas, au contraire. Les pavés, Longwy, autant de fois où il avait accéléré pour faire des écarts, même minimes. Il a d'ailleurs prévenu que s'il y avait "une seconde" à glaner ce weekend, il tenterait le coup.

Je ne vois aucune raison pour que Tadej Pogacar ne mette pas deux ou trois attaques ce weekend, dès samedi mais aussi dimanche dans le Jaizkibel, plus long col de ces deux premières étapes. Le terrain de jeu est idéal et je doute que les Pyrénées fassent plus d'écarts que le Pays basque cette année. Ce serait aussi pour lui un moyen de se tester, sauf à savoir que sa forme est encore incertaine et qu'elle ne va faire que s'améliorer pendant les trois semaines à venir.

Laurent Vergne

Tout dépend ce que l'on entend par "bouger". Pour résumer, je pense qu'il y aura de l'animation, mais je serais tout de même surpris que les très grandes manoeuvres, notamment entre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar se mettent en route dès samedi ou dimanche. Pour cela, sans doute faudra-t-il attendre les deux étapes pyrénéennes, mercredi et jeudi prochain. Ce sera bien assez tôt pour s'expliquer.

En revanche, pourquoi pas quelques banderilles entre les principaux ténors ? Il s'agira avant tout de se tester et de tester ses adversaires. La question est de savoir quelle sera l'ampleur de ces attaques et leur véritable intention ? Pour les plus solides des prétendants, il ne devrait pas y avoir d'écarts significatifs et, quand nous serons dans les Alpes, pas sûr qu'il reste grand-chose des escarmouches basques en dépit du côté très alléchant du parcours.

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Source: Eurosport FR