Fin de la discrimination positive aux États-Unis: la bataille des juges afro-américains de la Cour suprême
Jeudi 29 juin, la Cour suprême des États-Unis a mis fin aux programmes de discrimination positive à l’université, après avoir, il y a un an, supprimé la protection fédérale de l’avortement. Ses six magistrats conservateurs ont jugé, contre l’avis des trois progressistes, contraires à la Constitution les procédures d’admission sur les campus prenant en compte l’origine ethnique des candidats. Et ce jugement historique a donné lieu à un affrontement entre les seuls deux juges noirs de la Cour.
Ils sont politiquement aux antipodes: photo de famille des juges de la Cour suprême américaine (octobre 2022) avec les deux juges afro-américains, Clarence Thomas assis au premier rang, et Ketanji Brown Jackson, debout à droite.
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C’est le juge John Roberts qui a lu ce jeudi le texte expliquant pourquoi la majorité des magistrats de la Cour s’opposait à la discrimination positive.
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Mais le juge Clarence Thomas a ensuite lu ses propres remarques. Ce conservateur afro-américain de 75 ans, considéré comme le juge le plus conservateur de la Cour à majorité conservatrice et au cœur de plusieurs affaires – opposé depuis des dizaines d’années à cette politique dont il a lui-même bénéficié –, s’est élevé avec force contre les positions de la seule autre afro-américaine de la Cour, Ketanji Brown Jackson, première femme noire à ce poste.
Cette libérale de 52 ans avait été nommée l’an dernier – consécration d'un parcours universitaire et professionnel exemplaire – par l’administration Biden pour, justement, apporter un autre regard que Clarence Thomas sur ces questions. Ce même Clarence Thomas qui a consacré à sa collègue pas moins de sept pages de son texte sur 58, l’accusant d’avoir « une vision raciale du monde qui tombe toujours à plat », et d’étiqueter « tous les noirs comme des victimes ».
Hier, pour se faire entendre, Ketanji Brown Jackson a choisi une autre tactique : ne répondant pas à haute voix, mais dans une note de bas de page reléguée à la fin de ses propres observations écrites. « C’est en fait Clarence Thomas qui semble obsédé par la race », y estime-t-elle, ajoutant que considérer la discrimination positive « injuste », c’est évacuer l’histoire et la réalité : « Notre pays n’a jamais été aveugle aux couleurs. »
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Source: RFI