Andy Schleck : «Pogacar, un petit mystère cette année»
Le Tour de France 2023 s'est élancé ce samedi de Bilbao pour trois semaines de course intense, et avec lui le retour de la Chronique Andy Schleck ! À 38 ans, le Luxembourgeois est chroniqueur de Cyclism'Actu comme chaque année sur la Grande Boucle, mais aussi ambassadeur de luxe de Skoda sur le Tour, la marque automobile fêtant son 20e départ consécutif en tant que partenaire majeur de la plus grande course du monde. Retraité depuis 2014 et observateur privilégié du cyclisme depuis, l'ancien vainqueur du Tour de France 2010 s'est exprimé à notre micro sur cette 110e édition, mais aussi sur David Gaudu (Groupama-FDJ), le duel entre Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) et Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), la question de la sécurité des coureurs, la série Netflix... Et bien sûr son pronostic pour le podium final ! Un entretien à lire ou à regarder ci-dessous.
Vidéo - La Chronique Andy Schleck, ambassadeur de Skoda sur le Tour
"Un Tour 2023 très particulier, spécial"
C'est un Tour très particulier, avec le Grand départ au Pays-basque. Le cyclisme est grand ici. C'est un sport que tout le monde adore, suit et soutient, donc c'est déjà un honneur d'être ici ! Les deux premières étapes vont être très compliquées, en plus il va pleuvoir ce weekend. Est-ce que ce sera le temps, les coureurs ou le parcours qui décideront du scénario et du classement ces prochains jours ? A voir. On ne peux pas gagner le Tour sur ce weekend, mais on peut clairement déjà le perdre, surtout dimanche. Les coureurs devront être prêt dès le kilomètre 0, il ne faudra pas attendre les Alpes ou les Pyrénées. Et puis il y aura ce final très dur dans les Vosges... Si on compare avec les 10 ou 15 derniers Tours, celui-ci est vraiment spécial.
"Je mets 4 étoiles à David Gaudu, peut-être un podium"
Il ne faut jamais dire "Aucune chance". Si on prend David Gaudu par exemple, je lui donne quand même quatre étoiles ! Je pense qu'il peut faire dans les cinq premiers, peut-être même podium. C'est un coureur très complet, qui arrive dans la force de l'âge. Il a beaucoup pris en maturité. Je le vois comme la meilleure chance française. On est encore qu'au départ, il y a 3400 kilomètres devant nous, plus de 80 000 mètres de dénivelé à gravir... Même si on cite forcément Vingegaar et Pogacar comme les deux grands favoris, à chaque virage tout peut être fini. Ce n'est pas un match de foot avec l'une des deux équipes qui gagnent. Là, c'est le Tour de France, il y a beaucoup de coureurs en forme et motivés. Ce n'est pas du un contre un, c'est du vélo, donc tout peut se passer.
"Tadej Pogacar, un petit mystère cette année... Mais j'y crois"
Je donne 5 étoiles à Pogacar et Vingegaard. Mais Pogacar, c'est un petit mystère cette année, car on ne l'a pas trop vu ces derniers mois. Evidemment il a gagné de grandes courses au printemps, mais avec sa blessure ensuite... Est-ce qu'il est à 100%, à 99% ou à 80% ? C'est compliqué à dire. Si j'étais dans la peau de la Jumbo-Visma, je mettrais lui la pression samedi ou dimanche pour voir la vérité. Et si une opportunité s'offre à eux, il faut la saisir directement. Car si ils attendent, Pogacar ira chercher ces 10% qui lui manquent. Vingegaard est à 100%, on l'a déjà vu.
Mais j'y crois encore pour Pogacar. Pour moi c'est le meilleur coureur du peloton en ce moment, pour pas dire des 20 dernières années. Après, si on poursuit la comparaison entre les deux, la Jumbo-Visma arrive un peu comme une armée allemande qui marche en avant sans s'arrêter, avec un plan en tête. Et Pogacar est un peu un feu d'artifice, c'est un peu moins organisé. De ce point de vue là, je crois un peu plus dans la formation Jumbo.
"Pour moi, Gino Mäder a pris des risques inutiles, ce n'est pas la faute de l'organisateur"
C'est très tragique ce qu'il s'est passé avec Gino Mäder... Mais est-ce qu'il faut chercher un coupable dans cette situation ? C'est sûr qu'on peut parfois améliorer les choses et réduire le danger, mais là c'est un cas très particulier. Il ne jouait pas la gagne, il n'était pas devant. Pour moi, il a pris des risques inutiles. Donc je pense que dans la plupart des cas, on ne peut rien y faire, ça reste un sport très dangereux, les coureurs en ont conscience. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus ?
Je pense qu'on va quand même dans la bonne direction, car il y a des améliorations ces dernières années. En tant qu'organisateur du Tour du Luxembourg, je peux le voir, on met de la signalétique sonore et visuelle partout. Si on veut éviter tout risque, il faut organiser les courses sur des circuits de Formule 1, mais ce ne sera plus du cyclisme... S'il y a des voitures sur le parcours qui causent un accident, ou des endroits non sécurisés, oui, on peut dire que c'est la faute de l'organisation. Mais sur ce qu'on a vu au Tour de Suisse, je n'ai rien à reprocher aux organisateurs. Pourquoi a-t-il pris tant de risques ? Un pilote doit maîtriser sa vitesse et les risques qu'il encourt.
"La compétition ne me manque pas. Qaund je regarde la série Netflix, j'ai mal au coeur !"
C'est bizarre, mais la compétition ne me maqnue pas du tout ! Je suis entrain de regarder la nouvelle série Netflix, qui montre tous les insides du Tour. C'est vraiment une publicité fantastique pour le cyclisme. Mais quand je regarde ça, j'ai même mal au coeur ! Je ne veux plus être au milieu de tout ça. Je pense qu'il y a un temps dans la vie pour tout. J'ai fait ce que j'avais à faire sur le vélo, et là je suis fier d'être ici avec Skoda pour vivre le Tour, l'ambiance. J'essaye de faire vivre ce sport au plus près du public.
"Mon podium : Vingegaard - Pogacar - Gaudu"
Comme je l'ai dit, si je dois parier aujourd'hui, je mettrais Vingegaard en Jaune à Paris, car c'est quand même un Tour pour grimpeur. Je mets Pogacar derrière. Et allez, on est en France - pas encore ! - je crois en David Gaudu, j'aime ce mec. J'y crois et je pense que c'est l'année pour lui, donc je le mets sur le podium.
Source: Cyclism'Actu
