Témoignage : il abandonne sa voiture pour passer au vélomobile électrique

July 01, 2023
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Résidant en Alsace, Luc Alexis exerce une activité professionnelle scientifique. Ce qui oriente ses choix pour une mobilité plus vertueuse et la recherche de l’efficience. Il se réjouit pour cela d’être passé depuis Noël au vélomobile WAW de Katanga.

« S’il y a des choses chouettes qui existent… »

Certains témoignages appellent plus que d’autres à bien présenter la personne qui répond à nos questions. Souvent parce que son histoire, sa personnalité ou ses activités donnent un sens particulier à ses propos.

C’est le cas de Luc Alexis qui ne souhaite pas se mettre en avant, mais n’hésite pas à partager son expérience dès lors qu’elle peut amener des automobilistes à adopter avec satisfaction d’autres moyens de se déplacer : « S’il y a des choses chouettes qui existent, et qu’on peut participer à les promouvoir, alors il faut le faire. Surtout si c’est l’occasion de s’interroger sur sa propre mobilité ».

Les étiquettes, ce n’est pas pour lui : « Je n’ai jamais eu la fibre d’un écolo militant brandissant une pancarte ‘Changeons le monde’. Mais je tiens dans mes choix à rester en mouvement. A la quarantaine, pour avancer dans la vie, quels choix je dois prendre ».

Le point de vue du chimiste

La décarbonation, c’est à travers son âme de scientifique qu’il y réfléchit : « Nous, les chimistes, nous nous occupons à transformer la matière. Concernant le non renouvelable, ce que je vois, c’est ce qu’on consomme là, qui part définitivement en fumée sans être remplacé. La pollution locale, je la ressens parfaitement dans un vélomobile où je suis plus à ras le sol, au niveau des pots d’échappement ».

Luc Alexis est souvent en mode réflexion, interrogation : « J’ai lu beaucoup de choses concernant l’impact du pétrole sur la géopolitique et sur l’humain ». Sa démarche globale le pousse dans une philosophie du « Si on peut mieux faire, alors faisons-le ! ». Et pour sa propre mobilité en particulier, ça donne : « Si je peux faire avec moins, alors allons-y ! ».

L’expérience du trike

Avec une telle sensibilité, notre interlocuteur a utilisé pendant une dizaine d’années un trike, c’est-à-dire un tricycle couché : « Je n’ai pas changé d’un coup mes habitudes de mobilité. J’y suis allé de façon graduelle. Certains sautent le pas directement. Je rejoignais déjà à vélo mon lieu de travail. Avec le trike, on est couché, c’est plus fun, et on est plus tranquille qu’avec un vélo droit. L’utiliser était un moyen de me maintenir en forme, sans perte de temps. Plutôt que d’écouter de la musique dans ma voiture, je prenais l’air et j’arrivais sur mon lieu de travail mieux réveillé ».

Avec tout de même des limites : « Je prenais le trike plusieurs fois par semaine. Mais pas tous les jours, car moralement c’est tout de même difficile mentalement. Il n’avait pas d’assistance électrique. Je travaillais alors à 80 %. Puis il y a eu la Covid, et plus que trois allers-retours à effectuer par semaine en télétravaillant en partie ».

Pourquoi un vélomobile électrique ?

Avec le trike, des besoins réguliers n’étaient pas couverts : « Prendre la voiture seul me devenait de plus en plus insupportable, surtout dans les zones où il est possible de faire autrement. J’ai recherché les moments où j’étais dans cette situation, délaissant le trike. Il y en avait principalement trois : lorsqu’il pleuvait ; le soir lorsque je me rendais à mes réunions associatives à une dizaines de kilomètres de chez moi ; et pour ramener un ou deux sacs de courses ».

Pourquoi un vélomobile ? « Ca me titillait déjà depuis pas mal de temps, depuis que je ressentais que le trike était trop ‘entre deux’. Il y a pas mal de collines où j’habite. Plus lourd qu’un vélo normal et sans assistance, les côtes étaient difficiles à monter avec le trike, et pas question de se mettre en danseuse. J’avais bien une protection contre la pluie – un veltop -, mais pas efficace en cas d’orage ».

Luc Alexis avait aussi envie de vérifier un point précis : « On me parlait de l’efficacité énergétique des vélomobiles. C’est mon côté scientifique, je voulais constater ce que l’aérodynamisme apporte. Avec, au choix, parcourir la même distance avec moins d’énergie, ou aller plus loin avec la même quantité ».

Katanga WAW à 9 000 euros

L’Alsacien d’adoption a pris un peu de temps pour trouver son engin idéal : « J’avais en tête l’expérience de quelqu’un de mon entourage qui pratiquait le vélomobile il y a une quinzaine d’années. Il m’a fallu un peu de temps pour passer le cap. Je regardais régulièrement les annonces ».

Il souhaitait un modèle d’occasion : « Neuf, et sans les options, il faut bien compter 8 000 à 10 000 euros pour le modèle que j’espérais. Les tarifs, c’est le gros point noir, du fait d’une fabrication en petite série à la main. On m’avait d’ailleurs conseillé de passer par l’occasion pour découvrir le vélomobile. Si à l’usage, j’identifiais qu’un autre modèle me conviendrait mieux, je savais pouvoir revendre le mien relativement facilement. Les prix se maintiennent bien en occasion ».

C’est un peu avant Noël que le mouvement s’est précipité : « J’ai trouvé sur le site recyclebent.com ce que je cherchais. Avec des options, comme la suspension arrière et l’assistance électrique. Construit en 2018, et peu kilométré, j’ai touché ce Katanga WAW à 9 000 euros. Neuf, avec toutes les options, il m’aurait certainement fallu sortir dans les 14 000 euros ».

La voiture reste au garage

Depuis Noël, Luc Alexis a pu se faire une idée précise de son vélomobile : « J’ai déjà parcouru environ 3 000 km, et n’ai repris que 2 fois la voiture en 6 mois. Ma femme l’utilise aussi à l’occasion, avec enthousiasme, ce qui est facilité par le fait que nous avons à peu près la même taille. Il n’est donc pas nécessaire de modifier les réglages ».

Parmi les anecdotes à partager : « Je prenais auparavant ma voiture pour me rendre à mes réunions associatives qui commencent vers 20 h 00. J’avais tendance à avaler alors un café. Avec le vélomobile, je n’en ai plus besoin. Grâce à l’assistance électrique, je pratique de l’exercice modéré, et j’arrive en forme, sans transpirer, sans devoir prendre une douche ».

Il a déjà compris pourquoi ceux qui roulent régulièrement avec un tel engin « ne pensent pas à passer à autre chose ».

Vélomobile et météo

Et s’il pleut ? « En temps normal, je suis tête dehors. Mais derrière moi, j’ai un toit qui se monte en quelques minutes avec 2 vis. Je peux rouler dans d’immenses flaques et rester au sec grâce à la coque. En cas de forte pluie, je suis un peu mouillé sur le torse, rien de bien méchant. C’est surtout dû au fait que pour éviter la buée, je dois entrouvrir la visière. C’était pire avec le trike où je me retrouvais dans ces conditions avec les pieds trempés au bout de quelques minutes ».

Sans essuie-glace, les phares des voitures qui arrivent en face de lui peuvent le gêner. Le vélomobile protège aussi son conducteur du froid : « La coque constitue un coupe-vent très efficace, mais protège aussi du soleil. En outre la chaleur humaine reste un peu à l’intérieur. C’est parfait pour l’hiver. Je ne sais pas en revanche comment ça se passera au cœur de l’été ».

La coque du Katanga WAW est un peu particulière : « Sur la plupart des vélomobiles, elle forme un tout. Sur le WAW, le nez et l’arrière sont démontables pour accéder à la mécanique. C’est pourquoi j’ai une cloison derrière le siège qui réduit l’espace disponible pour emmener des courses. Toutefois, des 2 côtés de la roue arrière, je peux glisser un gros sac à dos ou un sac de courses. Dans certains modèles de vélomobile, il y a même une petite place pour embarquer un enfant ».

Dynamisme du vélomobile

Il n’aura pas fallu longtemps à Luc Alexis pour être convaincu de l’efficience de son vélomobile à assistance électrique : « Le gain énergétique lié à l’aérodynamisme est bluffant et réel. Sans attendre d’arriver en fin de batterie, je mets en recharge au bout de 100 kilomètres en général. L’autonomie réelle, bien sûr variable selon les conditions, doit tourner autour de 130-150 km ».

Le dynamisme du vélomobile amène souvent ceux qui viennent le rencontrer lorsqu’il s’arrête sur un parking à lui demander : « Il doit être électrique pour rouler aussi vite. Je suis un peu embarrassé pour répondre. Oui, il est à assistance électrique, mais le moteur s’inhibe classiquement vers 25 km/h. Ensuite, c’est l’aérodynamisme qui prend le dessus et on sent que ça file. On monte facilement à 45 km/h et plus, mais là, le moteur électrique est au repos depuis longtemps ».

Le vélomobiliste adore le capital sympathie produit par son engin : « Des automobilistes klaxonnent derrière puis me gratifie d’un pouce levé une fois qu’ils m’ont dépassé. Comme je n’ai pas de bulle et que je suis en contact direct avec l’extérieur, des enfants me disent merci quand je m’arrête pour les laisser traverser. Avec ce véhicule, on redécouvre les liens humains ».

Visibilité par les autres usagers

Une deuxième question est souvent posée à notre interlocuteur : « C’est concernant la peur de ne pas être vu par les autres usagers de la route. C’est vrai que je ne vais pas m’amuser à remonter une file de voitures par la droite. Si la première tourne, elle risque je me renverser. Alors je reste la plus souvent dans la file, comme si j’étais en voiture. Les coques sont très colorées, en jaune, rouge, orange ou vert. Il y a un feu stop derrière et des clignotants. Franchement, celui qui ne nous voit pas, c’est qu’il est sur son smartphone ».

Pourquoi pas mettre un fanion ? « J’en avais un sur le trike. Le vélomobile n’en était pas équipé quand je l’ai acheté. De toute façon, dans bien des cas, il ne sert pas à grand chose. Il n’est par exemple pas dans le champ de vision des automobilistes qui sont à côté de moi. Ce que je crains le plus, comme d’autres usagers d’ailleurs, ce sont les gros SUV qui dépassent à une vitesse folle. Suivant l’utilisation, j’ai aussi accès aux pistes cyclables ».

Satisfaction

Luc Alexis est enchanté de son achat : « C’est un type de véhicules qui demande à être plus connu, plus développé. Le plus loin où je suis allé avec, en remplacement de la voiture, c’est à une trentaines de kilomètre de chez moi, un week-end ». Un bon choix : « Mentalement, le vélomobile me correspond. Je me sens bien de le prendre si je vais quelque part tout seul ».

Différents modèles existent : « Avec une coque en carbone, sans suspension ni autres équipements qui constitueraient un poids mort, les sportifs ne dépassent pas 30 kg. Avec l’assistance électrique et la suspension à l’arrière, le mien est forcément plus lourd. C’est un modèle que je qualifierais d’utilitaire ».

Pour mieux connaître le vélomobile, notre sympathique témoin conseille de surfer sur le site vélomobile-france.com.

Cleanrider et moi-même remercions beaucoup Luc Alexis pour sa réactivité, sa disponibilité, sa sympathie, et son très intéressant témoignage.

Source: Cleanrider