Des mesures d'économies d'énergie qui amortissent le choc dans les communes de la Nièvre

July 01, 2023
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La crise énergétique née en 2022 a entraîné des mesures d’économie d’énergie, dans les communes, pour éviter la flambée des factures : éclairage public réduit, bâtiments énergivores fermés ou rationalisation de leur occupation… Si certains attendent encore de connaître la note, l’effet semble ne pas avoir été négligeable : plus de 200.000 € d’économie évoqués à Nevers, suite à l’extinction de l’éclairage public de 23 h à 5 h, par exemple.

Vers plus de rénovations

C’est principalement ce levier que les collectivités ont actionné : "Nous avons eu énormément de demandes" confirme Yannick Hoarau, chef du service électricité au Syndicat Intercommunal d’Énergies, d’Équipement et d’Environnement de la Nièvre (SIEEEN), qui gère le parc de la plupart des communes.

Cette solution d’urgence illustre pour lui "une année de transition" vers plus de rénovations. Là aussi, les collectivités ont fait énormément de demandes, pour renouveler leur parc en luminaires à LED basse consommation et "intelligents".

Des éclairages connectés à un serveur qui peuvent être modulés selon les désirs et les besoins. "Cela permet de programmer l’horaire en fonction des lieux et d’événements ponctuels, d’être plus souple. Il y a beaucoup de collectivités où on abaisse la puissance de 20 % le soir, voire 40 %, ce qui permet d’allonger la durée d’éclairage, pour que les piétons puissent se diriger" donne pour exemple Yannick Hoarau.

Face à la flambée des tarifs de l'énergie, des communes de la Nièvre vont réduire la voilure

Le SIEEEN déploie ainsi un programme de quelque 10.000 points lumineux à rénover depuis 2022, jusqu’en 2024, qui permettront "50 à 60 % d’économie sur l’éclairage" aux communes qui en ont fait le choix. Parmi les derniers en date, 1.200 points lumineux viennent d’être modernisés à Decize, ce qui devrait permettre "70.000 € d’économie annuelle" par rapport aux anciennes installations, selon Yannick Hoarau.

Toutes les communes ou presque devraient y venir, pour deux raisons : "Les travaux sont subventionnés à 80 % par le SIEEEN et l’État", d’une part, et "certaines sources lumineuses ne sont plus fabriquées", ce qui signifie que les communes qui ne transforment pas leur éclairage ne peuvent plus être dépannées.

Un autre service du SIEEEN est très sollicité depuis la fin d’année dernière, c’est le conseil en énergie partagé.

Pas mal de communes ont pris des mesures, comme fermer leur gymnase énergivore, mais l’important maintenant est de réfléchir à l’utilisation des bâtiments, rationaliser, partager…

"Car on ne pourra pas tout rénover" témoigne Raphaël Rouault, conseiller.

Au SIEEEN, les demandes affluent, notamment concernant les logements communaux : "D’ici quelques années, les logements énergivores ne pourront plus être loués", le diagnostic de performance énergétique devenant contraignant. D’où des travaux d’isolation et de systèmes de chauffage à prévoir. Le SIEEEN informe sur le label BBC rénovation, qui permet de bénéficier d’aides et engendre une forte économie d’énergie.

Un choc amorti pour 149 communes

Face à l’augmentation des prix, l’économie d’énergie n’engendre pas forcément d’économie financière, "mais si rien n’est fait, la facture serait double, voire triple". Cette inflation a été "incitative" constate Raphaël Rouault : "De plus en plus de collectivités prennent le sujet à cœur. Mais nous n’avons pas encore de données remontées sur les potentielles économies réalisées cet hiver."

Le SIEEEN, encore lui, a amorti le choc énergétique pour 149 communes nivernaises grâce à son groupement d’achat d’énergies, qui permet d’échapper à la volatilité du marché. "Si 2022 a été une année compliquée, le prix du gaz baissera en 2023 et 2024, car on l’a acheté en 2021 à 27 € le mégawatt-heure" explique Jérémie Fourage, responsable du service achat-vente d’énergie. Un tarif certes supérieur à l’avant-crise, mais raisonnable si on le compare au tarif pratiqué au plus fort de cette crise… autour de 300 € le mégawatt-heure.

Ces derniers jours, le marché de gros affichait 45 €. "On ne peut pas prédire la suite. On achète à différents moments..." Pour l’électricité, en revanche, la facture va rester salée. "On était à 40-45 € le mégawatt-heure avant la crise, aujourd’hui c’est 148 €. L’électricité va encore coûter cher en 2024 et 2025".

Reste que l’achat groupé apparaît comme la solution la plus sécurisante, et toutes les communes membres du groupement viennent d’ailleurs de renouveler leur adhésion.

À Nevers, plus de 300.000 euros de "moindres dépenses"

Les mesures prises par la ville de Nevers depuis l’automne dernier ont eu un effet qui commence à être mesurable. L’extinction nocturne de l’éclairage public a permis “entre 200.000 et 210.000 euros d’économie” par rapport à une situation inchangée, atteste Michel Suet, adjoint aux Finances.

S’y ajoutent la fermeture du musée pendant 4 mois qui, entre chauffage et gardiennage, a permis 22.000 euros d’économie mensuelle, ainsi que la baisse de la température dans les serres municipales qui a permis de gagner 50.000 euros. Pour autant, ces économies ne signifient pas que les dépenses de la ville sont en baisse, du fait de l’envolée des tarifs de l’énergie.

“Cela a diminué la hausse” explique Michel Suet, ajoutant que malgré ces moindres dépenses, la Ville prévoit une augmentation d’un million d’euros de la facture d’électricité en 2023...

À Fourchambault, une batterie de mesures qui limite les coûts

Parmi les exemples à suivre, le SIEEEN cite Fourchambault, où l’effort d’économies d’énergie ne date pas d’hier.

"On sait depuis 10 ans que le climat change et qu’il faut agir, et on a démarré une politique de prévention depuis 2016" confirme Alain Herteloup, maire de Fourchambault. D’abord par "une campagne d’isolation des salles de classe dans les écoles et une régulation des appareils de chauffage", en l’occurrence la pose de thermorégulateurs permettant que "chaque salle soit chauffée en fonction de son utilisation".

Déploiement du réseau de chaleur

Alain Herteloup poursuit avec le déploiement du réseau de chaleur de Nevers Agglomération : "Trois quarts de nos bâtiments publics y sont reliés, et bientôt le gymnase, la salle polyvalente et les bâtiments techniques", pour une économie de chauffage estimée à "20-25 %".

S’y ajoute une "campagne chauffe-eau" dans les structures d’accueil enfance et petite enfance, avec des programmateurs pour éviter que les appareils ne chauffent l’eau pour rien.

Au niveau de l’éclairage, 80 % des bâtiments sont équipés en LED et la conversion est en cours pour l’éclairage public. "Depuis la crise, on l’a éteint à 21 h 30 pour le rallumer à 6 h."

La température dans les bâtiments sportifs a été limitée à 14 degrés et les activités associatives regroupées dans la Maison du Peuple, récemment rénovée. "Les sportifs et les associations ont quasiment tous joué le jeu" tient à souligner Alain Herteloup.

Car le problème, au-delà de l’aspect technique, c’est l’acceptation des mesures de restriction par la population. Et à quelques exceptions près, il y a une prise de conscience.

Au final, "on a réduit de moitié l’augmentation des coûts envisagée au budget. C’est autant d’argent qui ne part pas en fumée."

Alain Gavriloff

Source: Le Journal du Centre