Renault Rafale : une montée en altitude indispensable pour le Losange ?

July 02, 2023
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Avec son SUV coupé reprenant le nom d’un avion, Renault prend de la hauteur sur son haut de gamme. Après moulte tentatives alternant audace et classicisme, cette fois c’est enfin la bonne ?

Depuis la Frégate, son vaisseau amiral durant les années 1950, une grande berline certes élégante mais sous motorisée – 60 ch pour 1 230 kg - le haut de gamme de la régie Renault connaît justement des hauts et surtout des bas. Plusieurs décennies plus tard, les choix font toujours débat.

L'audace de la R16 !

En 1965, la Renault 16 détonne avec son hayon et sa ligne que l'on qualifierait aujourd'hui de fastback. © DR

En 1965, après quelques années sans représentante de standing dans la gamme, c’est la R16 qui reprend le flambeau et révolutionne le genre avec sa célèbre cinquième porte et sa modularité hors pair digne d'un véhicule utilitaire. Le mélange des genres était né et cela n'a pas manqué d'alimenter les polémiques et faire grossir le nombre de ses détracteurs malgré un beau succès commercial, avec plus 1 850 000 unités écoulées en 15 ans de carrière. Pourtant la relève n’attend pas la fin de vie de la Renault 16, dès 1975, la R30 (voir notre galerie photos) entre en scène toujours confiante en les bienfaits du hayon. Sa calandre à quatre phares ronds en impose mais pas autant que son moteur à six cylindres. L'autoroutière parfaite est née ?

Dès l’année suivante, les hommes de la régie ont l’idée saugrenue de lui adjoindre les services d’une fausse jumelle, la R20. Cette dernière ne se distingue que par sa calandre plus sobre et par ses moteurs à quatre cylindres, sans oublier sa raison d’être biensûr, son prix plus abordable. Mais avec cette paire plus ou moins bien assortie Renault ne serait-il pas tiré une balle dans le pied ? Le message est forcément brouillé pour le client. De 1975 à 1983 seulement 136 400 R30 trouvent preneur quand de 1976 à 1984, la R20 séduit un peu plus de 600 000 acheteurs. image Star des années 1980, la Renault 25 fut le reflet de son époque. Plus de 800 000 clients ont été séduits.© DR

Un impair que l’on ne retrouvera plus avec la R25 dont les ventes entre 1984 et 1992 frôlent les 800 000 unités. Limousine présidentielle, versions V6 Turbo et Baccara, la marque ne ménage pas ses efforts. La recette est à peine peaufiné avec la Safrane qui en une décennie (1992-2002) ravi seulement 300 000 amateurs. Elle fut la dernière à oser s’en prendre frontalement aux allemandes avec la version Biturbo préparée outre-Rhin dont la puissance grimpa à 268 ch.

Le contrepied du 21e siècle

En 2001, la Renault Vel Satis (pour vélocité et satisfaction) incarne le contrepied au premium allemand. © DR

Prenant le taureau par les cornes, la Vel Satis – acronyme de vélocité et satisfaction- et son acolyte Avantime jettent un pavé dans la mare, mais après quelques remous, les deux cailloux que Renault avait visiblement dans sa chaussure sombrent. La première au catalogue de 2001 à 2009 se vend cinq fois moins que la Safrane, avec à peine plus de 60 000 ventes, c’est même dix fois moins que la R20. Tandis que le monospace coupé, en concession uniquement de 2001 à 2003 n’a à peine dépassé les 8 500 exemplaires vendus.

De 2010 à 2015, Renault mise sur l’exotisme en confiant le rôle du haut de gamme à la coréenne Latitude assemblée localement et connues sous certains marchés sous les patronymes de Samsung SM5 Mk3 et Renault Safrane Mk3. La carrière de l’auto est confidentielle. En 2015, la marque tricolore inverse cette stratégie avec la Renault Talisman produite en France dans l’usine de Douai, puis adaptée par les équipes de Samsung Motors pour devenir, en Corée, la SM6. Sa robe qui ne manque pas d’allure a été dessinée par un designer français transfuge de Volkswagen. Malgré tout, elle ne parvient pas à sauver les meubles. L’ "amulette", n’a pas suffisamment porté bonheur, elle est retirée en tout discrétion du catalogue en 2020 tirant définitivement un trait sur le chapitre des berlines de standing, en Corée la Samsung SM6 poursuit quant à elle son chemin.

Rafale et la relève et le succès assurés ?

Le SUV coupé Renault Rafale, c'est désormais le nouveau vaisseau amiral de la marque. © Renault

Chez Renault on souhaite désormais prendre du recul et surtout de la hauteur. Conforté pour ne pas dire galvanisé par l’insolent succès de l'Arkana auquel initialement nous ne devions pas avoir droit, les équipes style désormais sous la houlette de Gilles Vidal ont peaufiné la recette, en plus grand, plus chic et plus écologique !

Dans cette perspective, le Renault Rafale limite la prise de risque et recycle à bon escient la base du nouvel Espace son alter ego plus familial. Les deux sont d’ailleurs complémentaires et pour limiter les coûts reprennent bon nombre d’éléments du Renault Austral. Serait-ce enfin le duo gagnant tant attendu par Renault ? En tout cas c'est ce qu'on lui souhaite.

Et si le Rafale volait plutôt en rase-motte ?

Nous avons cogité une version berlinisée, plus basse du Renault Rafale. Qu'en pensez-vous ? © Didier RIC

Mais nous n'avons pu nous empêcher d'imaginer un Rafale génétiquement modifié. Une version plus basse, façon coupé à 5 portes qui irait alors à la rencontre d’une Peugeot 408 qui est quant à elle une berline surélevée. Une sorte de cross over à mi chemin entre une Audi A5 Sportback et une A4 Allroad pour le look de baroudeur chic.

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Source: L'Automobile Magazine