Sbf 120 : Quelles sont les actions les plus shortées par les investisseurs en France?

July 02, 2023
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(BFM Bourse) - Comme nous l'avions fait en novembre dernier nous avons demandé à S&P Global Market Intelligence de compiler la liste des valeurs les plus "shortées" sur le deuxième indice le plus important de la place parisienne, à savoir le SBF 120. Le classement comporte encore son lot de surprises.

La vente à découvert reste une opération boursière à réserver aux professionnels. Nous avions expliqué en détail dans un précédent article pourquoi les particuliers ne doivent absolument pas s'y risquer.

Cette pratique consiste à parier à la baisse sur une action en empruntant l'action (moyennant un loyer) à un investisseur qui la détient. L'opérateur effectuant cette vente à découvert espère ainsi que le titre chute, rachetant ensuite l'action pour la restituer à son propriétaire et dégager ainsi la plus-value.

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Dernièrement, Gotham City Research a occupé la une de l'actualité boursière en pariant à la baisse sur SES-imagotag. Le célèbre vendeur à découvert avait alors publié une note de recherche au vitriol, accusant la société d'irrégularités comptables, ce que le groupe a fermement démenti.

Au-delà de ce cas précis, quelles grandes valeurs françaises sont les plus ciblées par ces shorts-sellers? Les données les plus fiables dans ce domaine sont compilées par S&P Global Market Intelligence, l’acteur de référence.

A la demande de BFM Bourse, ce spécialiste des données appartenant à S&P a établi un classement du SBF 120, comme en novembre dernier. La mesure de la vente à découvert se fait via le pourcentage du capital en circulation qui est prêté. Précisons que ces données, affichées par l'infographie ci-dessous, ont été arrêtées le 23 juin dernier.

Une baisse de l'intérêt des vendeurs à découvert

Un premier enseignement est que l'intérêt des vendeurs à découvert semble avoir diminué depuis notre dernier point,à l'automne dernier. Pour rentrer dans le "top 10" des valeurs les plus vendues à découvert, il fallait alors avoir plus de 8% de son capital prêté contre à peine 5,5% désormais (avec Saint-Gobain). La phase haussière qu'a connu l'ensemble du marché depuis le début de l'année – le SBF 120 gagnant plus de 13% depuis le 1er janvier – a peut-être compliqué la tâche des "shorts sellers" en les contraignant à déboucler leurs positions.

Au niveau du classement, c'est l'opérateur de satellites Eutelsat qui prend la première place avec 15,62% du capital. "Il ne nous appartient pas de commenter les intentions des investisseurs ou des estimations de positions de marché", a réagi la société, contactée par BFM Bourse. "Nous restons confiants dans notre capacité à mener à bien le projet de fusion (avec le britannique OneWeb, NDLR), qui représente un changement d'equity story (l'histoire que la société raconte pour plaire au marché, pour simplifier NDLR) et pour lequel nous voyons un vrai potentiel de création de valeur sur le long terme", a-t-elle ajouté.

De sources de marché concordantes c'est bien ce projet de fusion 50-50 entre Eutelsat et OneWeb, annoncé à l'été 2022, qui semble inquiéter les investisseurs et susciter l'intérêt des vendeurs à découvert. Jusqu'à cette annonce, l'opérateur français présentait au marché une "equity story" avec une activité certes en déclin mais couplée à une forte génération de cash. Même s'il devrait se révéler bénéfique sur le plan de la croissance à moyen terme, ce projet de fusion a quelque peu changé la donne. Eutelsat a d'ailleurs décidé de suspendre le dividende pour les exercices 2022-2023 (Eutelsat clôt ses comptes à fin juin), 2023-2024, et 2024-2025. Le cash du groupe servira ainsi en priorité à financer le déploiement de la deuxième génération de constellations de satellites de OneWeb, appelée Gen-2, dont le coût total est évalué à 4 milliards de dollars avec un début de développement en 2024. Son lancement commercial est prévu, lui, début 2028.

Dans une note publiée en novembre, Credit Suisse expliquait avoir "du mal à voir une quelconque création de valeur pour les actionnaires d'Eutelsat via la fusion", qu'il estimait dilutive pour le groupe. Il est vrai que OneWeb était en perte au niveau du résultat brut d'exploitation (Ebitda) de près de 200 millions de dollars sur les douze mois achevés fin septembre 2022, visant l'équilibre sur son exercice fiscal 2025. Au contraire d'Eutelsat qui affichait sur son dernier exercice écoulé une marge d'Ebitda impressionnante (74,8%). Le groupe s'attend à ce que la fusion dégage à moyen-long terme une croissance à deux chiffres sur les revenus et l'Ebitda.

Alstom a redressé la barre

Derrière Eutelsat, la seconde place est occupée par le distributeur Carrefour (11,45%), ce qui s'avère surprenant vu les dernières bonnes publications du groupe, mais peut expliquer pourquoi, comme le soulignait récemment Morgan Stanley, l'action évolue à un prix si bon marché. La banque américaine – qui a une opinion positive sur le titre - notait toutefois que le marché semblait "sceptique" sur l'exécution du plan stratégique du distributeur.

Le podium est complété par l'exploitant de centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield (11,12%). Le groupe cherche à réduire son endettement via des cessions d'actifs dans un environnement de marché pas forcément évident au vu de la hausse des taux d'intérêt. La foncière a toutefois annoncé en mai la vente de deux actifs en France et aux Etats-Unis (un centre commercial en Floride et un immeuble de bureaux à Versailles) pour un total d'un peu plus de 300 millions d'euros. Mi-juin, Goldman Sachs est passée à l'achat sur l'action, voyant un bon point d'entrée au vu des performances opérationnelles de la société, à condition d'avoir toutefois conscience que le désendettement prendra du temps.

Orpea, qui s'attelle à une vaste restructuration financière hyper-dilutive pour les actionnaires, arrive 4e (11,10%) devant Eurofins (9,34%) qui a présenté des résultats 2022 et des perspectives 2023 qui ont été décevants, en début d'année.

A noter que la part du capital "shortée" d'Alstom a fondu depuis le point que nous avions fait en novembre. Elle est ainsi passée de 15,36% à 9,26% selon les données de S&P Global Market Intelligence. L'équipementier ferroviaire a connu en mai une importante série de hausses consécutives de son action, montrant que la société commençait à renverser la vapeur auprès du marché. Il est ainsi possible que des débouclages de positions de vendeurs à découvert aient eu lieu durant cette période, expliquant au moins en partie la hausse.

Source: BFM Bourse