Le Niger, un véritable “Jurassic Park”

July 02, 2023
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Chèvres, vaches et piétons passent sans y prêter attention devant les deux modestes conteneurs qui bordent une rue de la capitale nigérienne, sur la rive du fleuve. Pourtant, ceux-ci contiennent près de 50 tonnes d’os de dinosaures emballés dans du plâtre – peut-être une des découvertes paléontologiques les plus importantes effectuées dans ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, voire sur le continent.

Il s’agit de fossiles d’une centaine d’espèces différentes, dont certains appartiennent à des espèces anciennes jamais recensées auparavant. “Des petits animaux, des mammifères, des reptiles volants, des tortues”, ainsi qu’un crocodile de 15 mètres et “une dizaine de nouveaux grands dinosaures, dont certains énormes, de presque 20 mètres”, s’enthousiasme le paléontologue américain Paul Sereno.

Leur transfert vers Niamey a demandé des années de travail – et leur voyage ne va pas s’arrêter là. Les premières découvertes remontent à 2018 et 2019, dans les vastes étendues du désert du Sahara. Sachant qu’il leur faudrait du temps et des financements pour mener à bien des travaux d’excavation convenables, les paléontologues les avaient donc recouvertes et enterrées, en espérant que les vents ne les exposeraient pas à des nomades curieux ou à de dangereux contrebandiers.

Puis le Covid-19 a frappé, mettant tout sur pause jusqu’à ce qu’enfin, à l’automne dernier, le professeur Sereno soit en mesure de revenir pour déterrer les fossiles.

Naissance d’un département de paléontologie

“Le Niger va nous raconter l’histoire de l’Afrique du temps des dinosaures”, dit-il. Au lieu des instantanés fossilisés que l’on trouve en bien d’autres endroits, ces découvertes brossent le tableau en continu de “l’histoire du jurassique et du crétacé en Afrique”.

Les fossiles doivent bientôt être expédiés au laboratoire de Paul Sereno à l’université de Chicago afin d’y être étudiés. Ils représentent la dernière victoire en date remportée par la paléontologie contre l’impitoyable désert du Niger, qui abrite certes des fossiles, mais aussi divers groupes armés, le tout dans un décor de dunes mouvantes et sous des températures élevées.

Chicago ne sera pas l’ultime étape pour les fossiles. Ils seront ensuite renvoyés au Niger, où un département officiel de paléontologie effectue ses premiers pas, dans un pays qui recèle quelques-uns des gisements les plus riches d’Afrique, mais qui ne compte aucun paléontologue ni même aucun programme universitaire consacré à cette discipline.

“Chaque fois, nous trouvons de nouveaux dinosaures, de nouveaux fossiles qui nous permettent de dire que le sol est riche – contrairement à d’autres pays et à d’autres continents”, affirme Boubé Adamou, archéologue à l’Institut de recherche en sciences

Source: Courrier international