Neuf voitures brûlées et deux habitants blessés lors d'une nuit de violences à la Grande-Pâture et aux Montots, à Nevers

July 02, 2023
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Jusqu’où iront les violences urbaines à Nevers après la mort du jeune Nahel, en début de semaine, à Nanterre ? Après les quartiers des Courlis, du Banlay et des Bords-de-Loire, dans la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet, le phénomène s’est déplacé la nuit suivante à la Grande-Pâture et aux Montots où neuf véhicules ont été incendiés et deux habitants légèrement blessés. Au terme de cette nouvelle flambée de violences, aucun fauteur de troubles n’a été interpellé par les forces de l'ordre.

Une plaie près de la tempe droite

"On m’a jeté un gros caillou à la tête." Thierry, 49 ans, un habitant de la rue Achille-Vincent, est choqué après cette nuit de violences. Il montre sa plaie près de la tempe droite, quelques heures après avoir ouvert sa porte en entendant du vacarme dans le quartier. À peine sorti, un individu menaçant lui intime l’ordre de rentrer chez lui, donne des coups de pied dans sa porte. Un projectile l’atteint. Sa femme est bousculée. Elle présente des stigmates de cette violence à une jambe.

"Elle a une grosse boule", raconte Erwan, son fils de 13 ans. La maison de la famille est caillassée. "Tous les volets sont abîmés", soupire le quadragénaire. "Des vitres aussi". Les petites maisons voisines n’ont pas été épargnées. "Tout cela m’a traumatisé", confie Erwan.

Nuit de violences urbaines dans des quartiers de Nevers [Vidéos]

Thierry voit sa Dacia en flammes lui échapper à tout jamais. Malgré le stress et le traumatisme, il parvient à sauver sa Toyota Yaris. Il la déplace jusqu’à la propriété d’une voisine de la rue Albert-Camus. "Ils ont essayé de la brûler aussi. Une vitre est cassée."

Près de sa Dacia calcinée, deux autres véhicules ne sont plus que des carcasses noircies. Notamment le fourgon rempli de matériel d’Ahmed, un maçon de 40 ans, bouche bée devant cet utilitaire d’où s’échappent encore des fumées en milieu de matinée. "Nous sommes dégoûtés. Je pense que nous allons déménager de la Grande-Pâture", réagit son fils, Osman, 16 ans. Six autres automobiles ont connu un sort identique, dont deux à la Pagerie, dans le proche quartier des Montots.

"Une capuche et un masque noir"

"Il y avait un type qui commandait, hurlait et demandait à quatre ou cinq autres de le suivre", raconte Arlette, 75 ans, une habitante de la rue Albert-Camus, persuadée que plusieurs groupes ont semé le désordre. Son portail a été ouvert à grands coups de pied. Sortie de son sommeil par le bruit, elle monte à l’étage pour être en meilleure sécurité. Elle ouvre un volet. Un inconnu "avec une capuche et un masque noir" la repère, l’insulte copieusement, s’empare de sa grosse potée de fleurs du jardin et la jette au milieu de la chaussée où une boîte à colis de La Poste et une bouteille de gaz ont déjà été abandonnées.

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Le quartier s’est réveillé stupéfait. "Nous sommes écœurés", témoignent Jeannette et Claude, un couple d’octogénaires de la rue Achille-Vincent, installé ici depuis plus de quarante ans. "C’est l’horreur. J’ai eu peur. Je plains les Parisiens et les habitants des banlieues qui vivent cela régulièrement", explique une riveraine de la rue Albert-Camus. "Je n’ai pas dormi de la nuit", raconte encore un jeune de la rue de Lund. Il a toujours en tête le bruit des explosions provoquées par l’embrasement des voitures.

Ludovic Pillevesse

ludovic.pillevesse@centrefrance.com

Source: Le Journal du Centre