Usine Bridor à Liffré : " Bien sûr qu’il aurait fallu la faire ", estime Roland Beaumanoir [Vidéo]

July 03, 2023
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Plans sociaux, dépôts de bilan, valse des enseignes… Le secteur de l’habillement vit en France une véritable révolution. Mais pas plus qu’à l’habitude, explique l’un des papes du secteur, Roland Beaumanoir, dans l’émission éco du Télégramme et du Mensuel de Rennes 600 secondes cash. « Il y a cinquante ans que je pratique ce métier. Je l’ai toujours connu en mutation, pour ne pas dire en crise. Ce qui arrive aujourd’hui était largement prévisible », souligne le Malouin. Et de citer plusieurs raisons : multiplication des surfaces commerciales, hausse des coûts de loyers , concurrence exacerbée, centres-villes interdits à la voiture, web qui prend des parts de marché…

Un contexte qui a permis au groupe breton Beaumanoir (Cache-Cache, Bréal, Bonobo…) de faire quelques emplettes ces deux dernières années en rachetant notamment La Halle, Caroll ou encore Sarenza.com . Pourquoi une telle réussite alors que d’autres vont dans le mur ? « Le groupe Beaumanoir n’a jamais distribué de dividendes, si bien que les fonds propres sont solides. Quand il y a eu de l’argent gagné, ça a été consacré aux salariés et au développement », répond le patron breton qui emploie 13 000 salariés et s’appuie sur 2 000 magasins dans 40 pays.

Face au mouvement de réindustrialisation engagé par le gouvernement, Roland Beaumanoir estime par ailleurs que l’industrie textile ne pourra pas renaître de ses cendres en France. « L’Asie est pour nous incontournable et elle est incontournable pour nos clients. Elle a un très grand savoir-faire. » Avec une évolution - dans le bon sens - des conditions sociales et environnementales. « Sur le plan écologique, ne croyez pas que ces gens-là soient des crétins et ne se sentent pas vraiment concernés. »

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage

Toujours sur les questions industrielles, Roland Beaumanoir regrette que son ami Louis Le Duff (Brioche Dorée) ait été contraint de stopper son projet d’usine Bridor à Liffré, près de Rennes. « Bien sûr qu’il aurait fallu la faire cette usine. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Et bien voilà, on a tué le chien », indique le dirigeant. Tout en s’interrogeant plus globalement sur l’évolution de la société dans le monde occidental. « Toutes les civilisations ont tendance à croître, à embellir puis à mourir. La civilisation occidentale est quand même en grand danger. On se plaint de tout, rien ne va, on est en train de scier tranquillement la branche sur laquelle on est assis », alerte Roland Beaumanoir.

Après presque trois saisons, l’émission 600 secondes cash s’achève avec cette dernière diffusion. Mais Le Télégramme et Le Mensuel de Rennes vous préparent d’autres surprises à l’automne. Bon été !

Source: Le Télégramme